Salut les Damiers !
14 juillet 2020 : jour de Fête Nationale ! Jour idéal pour évoquer nos soldats inconnus à damiers. Pour vous dire vrai, avec la page dédiée aux « Damiers d’avant-guerres », j’ai eu la sensation de rendre hommage à des hommes à la fois rugbymen et combattants : des guerriers sur le pré comme sur le champ de bataille. Un ravivage de la flamme de ces soldats inconnus !
Donc, une page en forme d’Arc de Triomphe. Coquelicots et boutons d’or… Poppy et bleuet, fleurs symboles en hommage aux combattants de 14-18. Commémoration solennelle : « In Flanders Fields, poppies blows… Between the crosses, row on row… ». Traduisez : « Dans les champs de Flandres, Les coquelicots fleurissent… Entre les croix, rang après rang… Sur le pré de Musard, avec ses tribunes en bois, les Damiers ont du certainement rêver que fleurissent des boutons d’or à leur boutonnière… Que le rugby de ces soldats inconnus devait être beau à regarder, en ces temps-là !
Vous avez sûrement observé que sur les premières photos, il n’y a pas de damiers ! Ni sur le maillot, ni sur le blason… Bègles, ville d’ouvriers et de cheminots, jouait avec des maillots rouges et bleus, prêtés par le club SNCF de la ville, l’ASPOM (merci Amédée !). En 1908, grâce à l’originalité de la tenue d’un club anglais, les dirigeants de l’époque, sensibles à la fantaisie vestimentaire, décidèrent d’adopter ce damier serré de petits carrés bleus et blancs. Aujourd’hui encore, il ne manque pas de marquer les esprits. C’est bien connu : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ». Inventeurs de ce jeu et s’estimant dépositaires de ses règles et de son esprit, les Britanniques l’ont été aussi pour notre maillot. Clin d’œil à l’original originel : Webb ELLIS.
Qui se souvient de leur nom ? Dans l’entre-deux-guerres, les photos traduisent la construction du club. Les frères LOCHE, dirigeants-bâtisseurs de club C.A.B., sont reconnaissables avec leur costume trois-pièces, leurs montres à gousset et leur haut de forme. Sur le terrain, les avants avaient des casques-sparadrap sur la tête et certaient trois-quarts jouaient avec un béret, notamment le fameux « Tatave ». Ont-ils croisé le champion olympique Frantz REICHEL ? Ont-ils affronté Yves du MANOIR dont les prouesses d’aviateur étaient aussi fameuses que ses exploits de demi d’ouverture international ? Ont-ils admiré René CRABOS, visionnaire du jeu d’attaque ? Ont-ils contemplé l’élégance naturelle et les crochets déroutants d’Adolphe JAUREGUY, marqueur d’essais devant l’Éternel ? Ont-ils entendu parler de Pierre GAUDERMAN. Tous ces noms qui aujourd’hui sonnent dans vos oreilles car ils appartiennent à l’histoire du rugby français. De même, GUICHARD-Tatave, DEDIEU, SALDOU, DETCHART SOURGENS ou Gérard VIDAL appartiennent à l’histoire du rugby béglais. J’ai même retrouvé trace d’un de mes homonymes… Sûrement un de mes aïeux ? Pas à ma connaissance !
Puis, Jacques CHABAN-DELMAS a rendu illustre ce coin de Bordeaux… Voilà un Général de 36 ans qui joue au rugby le dimanche dans une ville communiste et ouvrière, alors qu’il est maire de la très aristocratique métropole voisine. CHABAN se lie d’amitié avec les frères MOGA, sur le marché des Capucins, plus en gouaille autrefois que de nos jours. Qui se souvient de leur nom ? LAJUS-Biju, LAFFORGUE, HÉRICÉ, SIOT, MARRENS, BERTEAUX, PASINO ou GENESTE ont donné corps à cette bande de copains dans laquelle le « Duc d’Aquitaine » n’était qu’un simple ailier. Mieux encore, cette équipe de banlieue a été chercher son premier titre national, en 1949, déjà contre Toulous, sur le terrain de… Bordeaux ; CHABAN était dans la tribune d’honneur pour remettre le trophée à son copain, Pierrot MARRENS.
J’espère que vous vous souviendrez désormais de leur nom ! En guise d’hommage à ces rugbymen-combattants, je viens de déposer une gerbe en forme de cœur à damiers bleus et blancs… afin de rendre vivants ces « Cœurs à Damiers » originels.
@+ JYB/knar – le 14.07.2020