Salut les Damiers 💙🤍 !
Cœur à Damiers (saga des internationaux du CAB) : Alban MOGA (22 sélections)
J’aurais pu vous parler, pour ce poste de deuxième ligne, de David GÉRARD avec son unique sélection lors d’un test-match chez les Tongiens en préparation de la Coupe du Monde 1999, mais, clairement, il ne faisait pas le poids face à « Bambi » MOGA ! La famille MOGA, c’est toute une institution à BÈGLES !
Quand on dit MOGA, on pense aux trois frères dont la voie sur berge de la Garonne porte leur nom : Alphonse, André et Alban. Mais, comme les « Trois Mousquetaires », ils étaient quatre ! Alfred l’ainé n’a jamais joué au rugby, Alphonse (dit « Fonfon »), André (alias « Le Grand ») et Alban (notoirement connu sous le surnom de « Bambi »). Les trois plus jeunes (Alphonse, André et Alban) jouèrent ensemble sous les couleurs du Club Athlétique Béglais et, dans ce carré d’as (les prénoms commencent tous par A), c’est le cadet de la fratrie qui connut la renommée internationale.
Alban – Marcel – Abel MOGA, dit « Bambi » est un colosse de 1m87 pour 109 kilos… « Bambi » avait d’excellentes qualités et il s’exerça avec réussite à l’athlétisme puisqu’il fut champion régional de lancer du poids, titre qu’il remporta aussi à la lutte et en aviron. C’est au rugby qu’il trouva son bonheur. Il fit ses débuts au club comme trois-quarts aile, puis devint rapidement pilier avant-guerre en 1939. Il était un excellent sauteur en touche, c’est ainsi qu’il se fixa en deuxième ligne. Outre la finale victorieuse de 1949 contre le Stade Toulousain, à BORDEAUX, il avait disputé 10 ans plus tôt une finale en Juniors « Reichel » perdue contre TARBES (0-3) à… TOULOUSE !
Après-guerre, il participe aux trois premiers « Tournois des Cinq Nations » de l’après-guerre, de 1947 à 1949 (carte d’international n°349). Il forma cinq ans durant, avec Robert SORO, joueur de ROMANS (connu aussi pour son maillot à damiers), un des attelages de la deuxième ligne des plus célèbres du XV de FRANCE. Jean PRAT (« Monsieur Rugby », himself) doit beaucoup à ces deux travailleurs de l’ombre : il était souvent dispensé de la corvée de pousser en mêlée pour mieux exploiter ses qualités de coureur et de plaqueur ! Robert SORO était quasiment le frère jumeau de « Bambi » : 1m85 pour 110 kilos ! Ils portaient tous les deux un maillot à damiers dans leur club respectif. Massifs et rapides, l’un comme l’autre, ils étaient impossibles à arrêter une fois lancés… C’est ainsi que SORO récolta le surnom du « Lion de SWANSEA ». Piétiné sauvagement par le talonneur gallois, SORO sonné, revient à la charge, après un coup d’éponge magique, plus déterminé qu’auparavant… comme un lion ! SORO, pour avoir tracté dans la boue gelée plusieurs gallois qui tentaient de le faire tomber, devient pour l’éternité, le « Lion de SWANSEA » … À l’occasion de la première victoire en terre galloise, le XV de FRANCE récolta ses premières lettres de noblesse, vraisemblablement extraites du maillot des Gallois qu’ils portaient dans le dos, à la place des numéros… Bambi MOGA aurait bien mérité d’avoir également quelques lauriers !
Autre point commun, le nombre de sélections : 21 pour SORO, 22 pour MOGA. Un débat tourne autour du nombre exact de sélections que « Bambi » aura honoré : 22 ou 23 sélections ? Selon les articles, on rencontre indifféremment les deux chiffres… J’ai recompté et j’en ai décompté 22 ! Cependant, le cadet des MOGA fut honoré par le célèbre major STANLEY qui le sélectionna dans son équipe pour le match annuel qu’elle livre à OXFORD contre l’Université de CAMBRIDGE à Twickenham… Elle serait là, la 23ème sélection !
Au retour de la tournée en ARGENTINE, en 1949, Robert SORO apprend que les sélectionneurs veulent se passer du Béglais, son alter ego chez les « Bleus » (21 sélections côte à côte). On l’accuse d’une prise de poids excessive et de certaines évocations de professionnalisme mal perçues par les dirigeants de l’époque. « Bambi » quitta immédiatement le groupe national… Robert SORO le suit aussitôt et claque la porte du XV tricolore en expliquant avec son franc-parler : « une deuxième ligne, c’est comme les bœufs attelés, ça marche par deux ! »
Il continua sur le pré jusqu’à la finale victorieuse de 1949 à BORDEAUX avec ses deux frères… Il joua encore quelques années, jusqu’en 1954 pour devenir un dirigeant généreux. « Bambi », beaucoup plus rond au fil des années, était un bon vivant, massif et doté d’une large carcasse d’un quintal et demi… Né un 1er mai, il porta bonheur à tous ceux qui l’ont fréquenté… Il est resté un homme de poids (jusqu’à 140 kg) ! « Bambi », c’était la générosité faite homme : c’était la troisième mi-temps à lui tout seul ! Au resto, « Bambi » régalait : il invitait tout le monde ! Avec son frère André, il a aidé beaucoup de joueurs pour trouver du boulot ou pour faire leur temps d’armée au camp de SOUGE ou au CFM d’HOURTIN.
Pour ma part, je me souviens de lui à la célèbre charcuterie de « Veuve MOGA, fils & frères » au marché des « Capucins », dans ce quartier de la ville où le petit commerce de bouche se mariait avec la politique et le rugby. Calé dans son box, devant sa caisse enregistreuse, le béret vissé sur la tête, il avait toujours un mot gentil pour les clients, adultes et enfants. Trois petits cochons, en maillots à damiers bleus et blancs, illustraient les papiers d’emballage des rillettes, grenier médocain et autres tricandilles… À BÈGLES, on l’a souvent vu accompagné de son fidèle berger allemand : « Musard » !
Ces dames le disaient toujours aimable en toutes circonstances. Elles disaient aussi qu’il dansait fort bien ! Il était connu comme un amateur d’opéras… Le terrain municipal de rugby de MARTIGNAS-sur-JALLE porte le nom de « Stade Alban MOGA ». Il fut un temps, la salle sous la tribune d’honneur de MUSARD portait le nom des « Amis de Bambi » ; l’affiche était signée par ITURRIA. Avec « Bambi », que de bons souvenirs !
JYB /K’nar 💙🤍 (le 22 juillet 2022)