Salut les Damiers 💙🤍 !
Saga des internationaux du CAB : Joseph SOURGENS (1 sélection)
Au poste de demi d’ouverture du C.A. Béglais, il n’y a pas beaucoup de candidats internationaux… Je vous ai déjà parlé de Pierre PÉDEUTOUR (1 sélection), le camarade d’Oloron de « Milo » CLÉMENTE ; « Coco » DELAGE a connu ses heures de gloire (2 sélections) au sein du XV de France, bien avant son arrivée à Bègles ; « Pierrot » MARRENS ne jouera jamais contre les Gallois, en 1945, faute à une cheville récalcitrante. Aussi, je vous parlerai de Joseph SOURGENS car il a été le premier international du C.A.B (carte d’international n°210)…
Comme beaucoup de gens de sa génération son prénom usuel n’est pas celui de son état civil (Pierre, Dominique). Personnellement, mon grand-père qu’on appelait tous les jours « Roger » était recensé en mairie sous le prénom de « Jean »… Joseph SOURGENS était originaire d’Ychoux dans les Landes… Comme beaucoup d’autres à cette époque, il se fait remarquer grâce à l’athlétisme : champion régional du 400 m., en 1923.
Il joua au C.A. Béglais de 1922 à 1937. Talentueux demi d’ouverture, il possédait un drop et des crochets redoutables… Il fut considéré comme le « Monsieur Drop » du C.A.B. qui devait souvent son salut à sa botte. À tel point que cela crée une petite polémique dans la presse sportive ou locale : « on ne trouve pas un bon demi ? », titre le journal avec une caricature du joueur avec son béret vissé sur la tête. Le journaliste poursuit son article en vers et en alexandrin : « On cherche paraît-il un rare et bel oiseau / Or, puisque de l’avoir, le C.A.B. a cette chance / Qu’on le mette une fois dans l’Équipe de France / Et après, nous verrons s’il n’y a pas de nouveau ! »
C’est ainsi que SOURGENS connût son unique sélection, le 26 décembre 1926… On ne parlait pourtant pas encore de « Boxing Day » ! Ce jour-là, la France joue, à Colombes, le seul test de la tournée des « Maoris de Nouvelle-Zélande », joué dans l’Hexagone. Ceux-ci font une tournée mondiale de sept mois en 1926–27 en Australie, à Ceylan, au Pays de Galles, au Canada et en France, disputant 38 rencontres, au total. Les « Maoris » remportent vingt-neuf matches, en perdent sept et ne concèdent que deux matches nuls. En tout, ils marquent 712 points et n’en encaissent que 215. C’est la dernière rencontre entre les joueurs de Nouvelle-Zélande et la France pour près de trois décennies. La France perd (03-12) !
Joseph SOURGENS, longtemps espéré sous le maillot tricolore, fut entouré notamment d’Adolphe JAURÉGUY, ailier de grand talent du Stade Français et de l’Équipe de France, entre les deux guerres. Comme Joseph SOURGENS, son style délié, son élégance naturelle et ses crochets déroutants en firent certainement un génie du rugby, un improvisateur du « French Flair » avant l’heure. Comme Joseph SOURGENS, JAURÉGUY jouait avec son béret de joueur, en adéquation avec leurs origines gasconnes. Comme Joseph SOURGENS, Adolphe JAURÉGUY n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû mériter… Peut-être, à cause de son prénom !
À la suite de sa carrière de joueur, Joseph SOURGENS devint arbitre fédéral. Alors que les Béglais s’apprêtaient à gagner leur premier « Coupe de France » (11 juin 1949), Joseph SOURGENS arbitra préalablement (15 mai) la finale du Championnat de France de 1949, entre Castres et Mont-de-Marsan, à Toulouse. Il avait endossé son blazer d’arbitre et saisi son sifflet en bois. À 15 heures tapantes, il est tombé un terrible abat d’eau sur la « Ville Rose », à tel point que le stade se vida de près de la moitié de ses spectateurs. Chacune des deux équipes marquèrent un essai dans les vingt premières minutes, tant que le terrain fut praticable… Très vite, le terrain fut parsemé d’immenses flaques d’eau supprimant au ballon tout rebond. Ensuite, ce ne fut que pluie diluvienne et terrain rizière aboutissant à un mélange de rugby et de water-polo : glissades et autres dribblings dans les flaques d’eau ou à défaut dans une infâme bouillasse… Le score final, après prolongations, resta de 3 à 3. Le match fut rejoué huit jours plus tard, toujours à Toulouse, sous un beau soleil, mais sans Joseph SOURGENS… Castres remporta alors son premier « Bouclier de Brennus » !
Au niveau professionnel, il devient torréfacteur : tout un art ! L’histoire ne dit pas s’il aurait pu, mon vieux Joseph, faire des petits avec Marie et leur apprendre son métier… ou leur apprendre le rugby.
Clin d’œil du destin, sa descendance Olivier SOURGENS (alors pilier de Bourgoin-Jallieu, après avoir été formé à Bègles de 1993 à 2000) joua, également lors de son unique sélection, lui aussi contre les Néo-Zélandais… C’était le 9 juin 2007, alors que les internationaux du Stade Toulousain, de l’A.S.M., du B.O. et du Stade Français disputaient les demi-finales du « Top 14 » avec leurs clubs respectifs.
Parfois je pense à toi, mon vieux Joseph !
JYB /K’nar 💙🤍 (le 27 août 2022)