Coeur à Damiers : Jean-Michel CAPENDEGUY

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Jean-Michel CAPENDÉGUY (2 sélections)

Pour le trois-quarts ailier droit, j’avais l’embarras du choix entre trois très rapides ailiers… Le plus notoire fut sans doute Philippe BERNAT-SALLES, l’isard des Pyrénées, avec ses 41 sélections. Le Palois est rentré dans l’histoire pour avoir signé le premier grand chelem… des essais dans le « Tournoi des VI Nations ». Véritable finisseur, il filait comme le vent et fêtait chacun de ses essais avec les doigts écartés en forme du V de la victoire…  Autre ailier rapide, Roger LACAUSSADE (2 sélections en 1948) fut beaucoup moins connu, mais certainement le plus rapide (10’’9 aux 100 m)… C’était le temps où les ailiers n’étaient pas plus gros que les piliers !

Cependant, le destin tragique de Jean-Michel CAPENDÉGUY en a fait une légende à la fois triste et belle (2 sélections – carte d’international n° 342). « Jean-Michel CAPENDÉGUY se tue tout près de Laboueyre » ! Ainsi, titrait le journal « Sud-Ouest », le vendredi 5 janvier 1968, à la veille de l’épiphanie. En ce dernier jour des vacances scolaires, la circulation automobile était dense sur la route nationale 10. Jean-Michel CAPENDÉGUY remontait vers Bègles, pour participer à l’entrainement du jeudi soir. L’autre victime de l’accident, un médecin pessacais, parti au Pays Basque pour un séminaire et roulant en sens inverse, est décédé sur le coup… Pourtant, la route était droite à cet endroit. Le choc aurait été d’une rare violence : les deux voitures se seraient heurtées de plein fouet. Jean-Michel CAPENDÉGUY, grièvement atteint, a été désincarcéré de sa BMW. Il fut orienté vers l’antenne hospitalière de Belin-Beliet. Sans connaissance et les deux jambes fracturées, il fut transféré vers Bordeaux, mais il est décédé dans l’ambulance qui le transportait à l’hôpital Pellegrin. Les gendarmes, découvrant un maillot à damiers et une paire de crampons dans les débris de la voiture accidentée, ainsi qu’une convocation en Équipe de France pour jouer en Écosse, et ne sachant pas si le véhicule avait été dérobé, demandèrent aux entraineurs du C.A. Béglais (Pierrot MARRENS et Jacky JAMEAU) de reconnaitre le corps à la morgue…

Le monde du rugby venait, de nouveau, d’être en deuil. En effet, la veille, on rendait un ultime hommage à Guy BONIFACE dans le petit village de Montfort-en-Chalosse… Le sort semblait s’acharnait sur les attaquants du XV de France. Jean-Michel CAPENDÉGUY, tout comme le montois, esthètes du rugby, sont morts au volant de leur bolide sur les routes des Landes… des James DEAN du rugby ! À l’ombre des géants de la pinède, la série noire continuait dans ces landes si cruelles.

Le début de l’année 1968 venait d’être dramatique pour le rugby français avec la mort de Guy BONIFACE, suivie par celle de l’ailier béglais. « Cela nous a un peu traumatisé, confia Walter SPANGHÉRO, parce qu’on ne perd pas comme ça des joueurs avec qui on pratique le rugby depuis des années et qui sont plus que de simples joueurs, c’étaient des amis, des garçons extrêmement chaleureux ». Ce fut donc en deuil que l’Équipe de France se rendit à Édimbourg, en ouverture du Tournoi 1968. Le 13 janvier 1968, les Tricolores portent un crêpe noir sur le bras gauche, tout près du cœur, en hommage à leurs copains disparus notamment Jean-Michel CAPENDÉGUY qui aurait dû être du voyage à Murrayfield. Le XV de France emportait, sans convaincre, ce qui sera la première levée du Grand Chelem… Cela les a-t-il galvanisés à faire le Grand Chelem ? Nul ne le saura !

Natif de Ciboure, Jean-Michel CAPENDÉGUY fut formé au S.J.J.O, le grand club voisin. Il sentait le jeu. Il appelait toujours le ballon et cherchait sans cesse l’occasion de se lancer à l’assaut. Il avait le rugby dans le sang et, très vite, il devint international junior. Parti faire son service militaire à Toulon, dans la marine, il signa une licence au R.C. Toulon. Les sélectionneurs n’ont pas tardé à repérer cet élégant ailier, souple et rapide, et l’avaient déjà aligné avec « France B » contre l’Allemagne à Hambourg, puis au sein d’une sélection régionale lors de la tournée des Néo-Zélandais, à l’automne 1967. L’essai fut concluant et il connut sa première sélection, lors du test match du 25 novembre, à Colombes. Le XV de France reçu une terrible leçon des « All Blacks » (15-21). Quinze jours plus tard, il connut la dure bataille contre des Roumains, le 10 décembre 1967, qui furent coriaces à vaincre (12-03) dans la boue de Nantes : son superbe plongeon contribua à la victoire française ! Pour ces deux matches, son ami Jean TRILLO était du voyage…

Jean-Michel CAPENDÉGUY débarqua de Toulon où il se morfondait à l’aile des « rouge et noir » qui jouaient plus au rugby à dix qu’à quinze. Profitant d’une mutation de professeur d’éducation physique et sportive au lycée agricole de Blanquefort pour arriver à Bègles dans l’espoir de bénéficier du jeu à la main que proposaient les jeunes béglais… Le sourire revenait chez cet attachant puncheur que ce soit à l’aile ou au centre de la ligne d’attaque béglaise. Le groupe l’avait adopté naturellement et lui s’y était fondu tout aussi facilement. Il venait d’offrir à sa mère ses maillots de l’Équipe de France, en guise de cadeau de Noël et un prochain mariage était envisagé aux beaux jours… … La vie promettait tant !

En route vers l’entrainement dans les projecteurs de Musard, il a suivi le mauvais rebond du rugby… La dame à la faux l’a emporté : il avait à peine 24 ans !

JYB /K’nar 💙🤍 (le 18 septembre 2022)