Cœur à Damiers / bars & restos du cab

Cœur à Damiers / La saga de l’été : bars et restos du cab !

Salut les Damiers 🔵⚪ !

Nous y voilà et voilà, on respire ! Rendez-vous au café, rendez-vous au restaurant, rendez-vous au « peu importe »… À l’occasion de la sortie du confinement avec pass-sanitaire, je vous propose d’évoquer, et cela pendant tout l’été, quelques établissements illustres, fréquentés par les Béglais à damiers… Voici les noms de la CHD béglaise : séquence 🤗 nostalgie !

1 – « Chez Marraine »

Le premier épisode commence avec le Bar BAUDORRE ou « chez Marraine » chez qui les équipiers premiers allaient manger tous les mardis et jeudis soir et ce depuis un dimanche de 1942… À l’époque, Madame BAUDORRE avait pris l’habitude de suivre son mari, tous les dimanches, sur tous les stades de France et de Navarre. Bien qu’on soit sous l’occupation, le panier était bien garni : fromages et cochonnailles, vins et liqueurs. Ravis de cet accompagnement sans faille, les petits damiers de l’époque lui demandèrent d’être la marraine du club.

Ce qui fut dit, fut fait ! Chez marraine, précisa Bernard JUNCA, notre nourriture de sportifs de haut niveau de l’époque avait comme base le haricots-caouanes que nous accompagnions de vin rouge baptisé de limonade. Aucun acquis en diététique mais quelle convivialité et quels souvenirs ! Pendant longtemps, elle exauça tous les caprices culinaires des rugbymen béglais, notamment les frites… Des enfants ! Mais des enfants reconnaissants car le premier Bouclier de Brennus, acquis en 1969, fut acheminé, aussitôt, depuis l’aéroport jusqu’aux Capucins, chez Marraine !

@+ JYB/K’nar 💙 le 20.07.2021

avec la complicité de Francis DELTÉRAL et Bernard JUNCA

2 – « Le Chipiron »

Le deuxième épisode nous amène chez le restaurant des ETCHEBEST, « Le CHIPIRON ».

Entre le Pays Basque et les Ardennes, sur la route d’Espagne, la mère cassa le vase à Soissons, un matin de décembre 1966 : ainsi naquit Philippe. Le père Jean-Pierre, chef cuisinier a couru la France, de long en large, pour s’installer, en 1979, près des « Capus », au n° 52 du cours de l’Yser, à deux pas de chez Bamby MOGA… Avec un nom pareil, l’éducation sera basque, les encornets seront des chipirons et tu joueras au rugby, mon fils !

En grandissant dans « l’autre maison », naissent ses passions : il aide son père en cuisine et il file, le mercredi, à l’école de rugby du C.A.Béglais, tenue par le Norbert ESTIVAL et Claude BAYENS. Dans ce groupe, certains deviendront Champions de France Minimes, alors qu’un autre deviendra Chef étoilé… Les premiers nommés avaient fêté le titre national au « Chipiron » : bienvenus à la maison !

Le suffixe du nom de famille suffit à dire qu’il s’agit du meilleur. Si vous en doutiez, et en souvenir du bon temps passé, allez déguster les chipirons farcis au chorizo de Philippe ETCHEBEST.

@+ JYB/K’nar 💙 le 23.07.2021

3 – la buvette de musard !

Le troisième round de la saga s’arrête dans la buvette de Musard, chez Annie & Jacky JAMEAU.

Passe plongeante dans le passé ! Passé le grand portail de Musard sur le fronton duquel était inscrit « stade Delphin LOCHE », on trouvait la maison de « Monsieur Musard », comme l’avait dénommé un journaliste d’un journal local     … Cet homme est un monument ! Il savait tout faire sur un terrain comme en dehors. Éternel fidèle au C.A.Béglais, il fut tour à tour demi de mêlée, capitaine puis entraîneur de la première équipe de Bègles, éducateur de l’école de rugby, membre du staff de toujours, et patron, avec Annie, d’un lieu incontournable de Musard

Chaises en bois et petites tables de bistrot : les vieux y tapaient la belote carton, parfois « coinchée », avec des jetons de couleurs pour comptabiliser les points de leurs parties. Le père SUHEBIETTE y buvait son « baby-orange », un truc qui lui décollait régulièrement les dents, alors que les plus jeunes jouaient au baby-foot. Les équipiers premiers y déjeunaient parfois le jeudi après leur second entrainement hebdomadaire… Puis, le grand JUNCA et Jeannot TRILLO jouaient à la manille avec Bamby MOGA et « TCHAKET » en mangeant des pruneaux à l’eau-de-vie dans des mini-verres. Pendant ce temps-là, Francis MALARD continuait, encore et encore, à mesurer le comptoir dont on n’a jamais su finalement sa longueur.

Pour ma part, j’y passais après l’entrainement, à l’heure où les poteaux s’estompaient dans la nuit après que l’éclairage des terrains fut éteint et avant que les paupières s’alourdissent. La veilleuse lumineuse de l’enseigne, à l’effigie du CAB, éclairait notre cap : « cercle privé, réservé uniquement aux sociétaires » ! Un bon pour une boisson gratuite ou quelques centimes au fond des poches autorisaient une désaltération bienfaisante : Cacolac ou limonades en tous genres, au nom d’onomatopée, aromatisées à l’orange ou au citron. Pour les garçons, Pschitt Citron ou Pschitt Orange pour les anges. Cela devait nous doper ! C’était l’époque où les bouteilles en verre étaient consignées avec leur bouchon en porcelaine et leur joint en caoutchouc… Selon les générations, les filles d’Annie et Jacky (Martine, Cathy et Sophie) servaient des CHOC orange ou citron, des TROPICO aux fruits exotiques ou des ORANGINA dans leur bouteille en verre.

On y trouvait aussi des plaques émaillées de « Cinzano » ou « Suze »… Sur le mur face au comptoir, le tableau noir indiquait les matches du dimanche, de toutes les équipes. Mais, le mur qui attirait systématiquement mon attention, était celui à côté de la porte d’entrée. Y était accroché un cadre en cailloux-lavés représentant un joueur en damiers bleus et blancs dont le raffut laissait à penser qu’il n’allait pas être qu’amical : « ce cadre est fait avec toutes les dents cassées de nos adversaires restées sur la pelouse après les matches ». Plus qu’une œuvre d’art, une anthologie !

Je l’ai retrouvé bien des années plus tard, sur le stand des Musardingues, à une Fête de la Morue. Le boulevard de la Tortue devant s’élargir, la caverne fut détruite en 1993 et le cadre fut récupéré par un soldat anonyme comme on l’avait été le bouclier Arverne de Vercingétorix dans Astérix…

@+ JYB/K’nar 💙 le 26.07.2021

avec la complicité de Manu ASTIER, Jean-Pierre DESBETS, Jean-Michel DIHARCE, Patrick DUPLEIX, Jean-Michel DUBEDOUT, Jean-Louis FILLON, Bernard JUNCA, Francis LASSERRE  et Jean-Luc RUAUD

4 – « Le Radis » !

La quatrième dimension de la saga consacre « Le Radis » de Bernard Lasserre. « Le Blond » et « Le Radis » étaient faits pour se connaître tant ils étaient à eux deux dans la symbolique de Bègles.

« Le Blond » était le parfait anonyme que tous les clubs de France et de Navarre ont dans leurs rangs… Anonyme parce qu’il n’a jamais eu sa vignette dans les albums Panini, et pourtant tout le monde le connaît ! Fidèle lieutenant de Norbert ESTIVAL à l’école de rugby, là même où je l’ai connu des années auparavant… À l’époque, certains pouvaient nous confondre en raison de la couleur de nos cheveux et de notre stature. Très vite, l’illusion fut dissipée ! Je n’avais ni sa gouaille caractéristique, ni sa santé de fer qui l’autorisait à jouer jusqu’à deux matches dans un même week-end, voire même trois, selon la légende qui partait de Birambits pour la porter jusqu’à la gare du Dorat.

Demi de mêlée, 3ème ligne ou talonneur, « Le Blond » et son bar connurent leur heure de gloire lors du titre de 1991. Ouvert depuis à peine un semestre, le Bouclier de Brennus y a été bien arrosé dans la nuit du 2 au 3 juin : au comptoir du « Radis », la jauge du pastis avait alors battu tous les records. La photo a fait la une des pages de la presse locale, gazettes quotidiennes, magazines hebdo ou revues mensuelles, voire des encyclopédies annuelles, sans oublier les réseaux sociaux actuels. Le cliché résume à lui tout seul l’ambiance qu’on y trouvait… On y avait souvent la banane et on y trouvait la « Banane » et la bande du Dorat, venu chercher un vent de nostalgie sur des tricandilles grillées. Le vendredi midi au « Radis », le repas était diététique : tête de veau, sauce gribiche !

Au troquet, on trouvait également d’autres jeux de vilains ! Les handballeurs des Girondins en avaient fait leur repère : « Le Blond » n’hésitant pas à leur laisser les clés du « Radis » alors qu’il était absent ou sur le terrain de Cénac. Parfois, ils les retrouvaient le soir pour leur faire des frites…

Le Paradis au Bar Radis !

@+ JYB/K’nar 💙 le 29.07.2021

avec la complicité de Francis LASSERRE et Dédé BERTHOZAT

5 – « Le Radis » !

Le cinquième élément de la saga nous rajeunit avec les soirées estudiantines et le café-brasserie « Le Plana » de Jean-Luc BOBET

Nous sommes en 1926… Joseph SOURGENS (demi d’ouverture du C.A.Béglais) vient de fêter Noël avec sa seule et unique sélection en équipe de France contre les Māoris de Nouvelle-Zélande. Peu de temps après, Marie et Clovis PLANA descendirent la Garonne, d’Agen à Bordeaux, avec leur fille Georgette dans les bagages. La mère, Marie, avait une sacrée réputation de cuisinière : elle ouvre un restaurant sur l’emplacement d’anciennes écuries près de la Porte Saint Julien, dite d’Aquitaine, sur la place du même nom avant de prendre le nom de « La Victoire », à la fin de la Grande Guerre, en décembre 1918… La petite Georgette quant à elle, avait un sacré tempérament, en plus d’un joli brin de voix : elle chantait et dansait sur les tables pour retenir la clientèle. La route d’Espagne est toute proche : « Et Viva España ! ». Georgette PLANA devient connue dans le music-hall et la chanson française… Est-ce parce qu’elle fut une des rares à chanter les vertus des rugbymen que Jean-Luc BOBET s’est intéressé à cet endroit ? On ne le saura jamais !

Mais, très vite « Le Plana » se transforme en bar de fête. Il est le lieu incontournable de plusieurs générations d’étudiants, l’un des plus gros tirages de bière de France : enceintes sur la place, bières servies dans des verres en plastique, ambiance de ferias basques ou landaises, jusqu’à la fin des années 1990. Bob recrute son service d’ordre au CAB : LESTAGE, CLERC, NOGUES, SIMON, CONCHY ou ACCO… A ce moment, le Grand BOBET profite des travaux du tramway et assagit l’établissement, renouant avec le passé culinaire de ses origines, pour proposer, depuis près de 20 ans, une excellente cuisine traditionnelle et authentique du Sud-Ouest, un peu jazzie… Du « Plana », ainsi transformé en brasserie-chic, il ne reste plus que le marbre du zinc.

Jean-Luc BOBET, un béglais de la première école en passant par Berthelot,  a grandi à Bègles… Petit-fils d’un restaurateur béglais, installé au bar de l’Athénée, rue Pierre Curie à Bègles, qui n’existe plus aujourd’hui… Le « Grand BOB », pour ma part, je l’ai connu au CFM d’Hourtin, haut lieu des marins du C.A.Béglais. À l’époque, je faisais mes classes et je croisais l’infirmier Dédé BERTHOZAT, le chauffeur Denis KÉKÉ ou le matelot Philippe SOULÉ… On formait une belle petite équipe jusqu’à un matin où Bamby MOGA me dit : « Petit, tu vas aller te former à l’École des Fourriers à Rochefort… Tu reviendras dans un mois… À ta place, on fait venir à ta place un gars qui s’appelle BOBET ! ». Je ne suis jamais revenu à Hourtin…

Et Viva El Plana !

@+ JYB/K’nar 💙 le 02.08.2021

avec la complicité de Jean-Pierre DESBETS, Manu CASTRO

6 – Le Pénalty !

Le sixième sens de la saga nous fait faire un petit tour au palais des footeux à Bègles, le café-brasserie « Le Pénalty » de Nordine KACI.

Sus à ceux qui ratent ! En une période où les tirs au but sont très déterminants, la nostalgie du titre de Champion de France de rugby reste forte et la proximité avec les joueurs de 1991 est toujours présente. En effet, le Bouclier de Brennus y fut amené par les Champions de France 1991, deux jours après le titre.

À l’époque, depuis le quart de finale contre Stadoceste Tarbais de Philippe DINTRANS et Thierry JANECZEK, les supporters du CABBG avaient peint sur la chaussée l’un des symboles du club, le radis, d’un diamètre assez grand, accompagné de la célèbre tortue. La fresque était assez visible pour que le « Bout de Bois » y fut présenté après l’avoir été chez « La Blanche » voisine… MOSCATO passait derrière le comptoir et servait avec le patron : tournées générales ! C’est ainsi que les frères ennemis du sport collectif (foot & rugby) se sont vus réunis sous le damier bleu et blanc

Je n’ai jamais mis les pieds au « Pénalty », je ne connais pas son patron, mais j’avoue que j’aurais aimé être présent ce jour-là ! Je n’ai plus qu’à y aller un vendredi, jour de couscous… Chante la vie, chante… Fredonne ce bruit du blé sur la bassine : ksss, ksss… ksss, ksss… ksss, ksss…

@+ JYB/K’nar 💙 le 10.08.2021

avec la complicité de Yaya DUPLEIX

7 – Le Chiopot !

La septième merveille de la saga nous amène sur les quais de Bègles, au restaurant « Le Chiopot », tenu par Jean-Claude COUTENUIT et son épouse Françoise.

Voilà une vraie institution béglaise ! Le nom du « Chiopot » est étroitement associé à celui du C.A.Béglais, mais quel drôle de nom ! Tout aussi drôle que celui de Musard… Bègles avait pour particularité d’avoir plusieurs sècheries de morue sur la commune, à une époque où la voie sur berge n’existait pas, mais le plus vieux métier du monde était déjà là… Le grand-père de Jean-Claude, habitait ici, il y a près d’un siècle, dans cette petite maison et travaillait sur les quais de Bordeaux. Les abattoirs étant proches, le midi avec ses compagnons de travail, il faisait dans la grande cheminée des côtes de bœuf et autres viandes… Il comptait les palettes sortant des chaluts et ne pouvait donc pas bouger de son siège d’où le nom du « Chiopot » ! Le lieu était prédestiné, le petit-fils y a rajouté la convivialité du rugby. Il préférait déjà le potiron à la citrouille, rien que pour sa forme, sans parler du goût… Il y a de la grâce, même en ovalie ! 🏉

J’ai souvenir que Mme COUTENUIT accueillait les clients et s’assurait que les rugbymen se tiennent à carreaux, comme de vrais damiers… Le Chef, quant à lui, avait la tête dans ses fourneaux et le corps tout entier dans la cheminée. Passé le seuil, on avait atteint la terre que l’on disait promise. Partisan du rite de l’assiette, Jean-Claude était un cuisinier généreux et discret, comme sa cuisine. À défaut de toasts au foie gras sur le comptoir avec le maxi américano de Jean-Claude, c’était festin d’entrecôtes copieuses et de tripailles savoureuses comme les Béglais faisaient un festival de passes et d’essais sur le terrain de Musard. Pour ma part, j’y ai découvert les brochettes de tricandilles grillées et je n’y mange que ça quand j’y retourne… Hummm ! Le tout arrosé par le récurrent Chapeau Pipeau ! Rien à voir avec les repas végans ou les assiettées chiches.

Réputé tant pour la qualité de sa viande que par l’ambiance qui y régnait, le restaurant est vite devenu une annexe de Musard. « JC », le blond tout rouge et toujours devant sa cheminée. Les MOGA y avaient leurs habitudes, le Comité Directeur s’y attablait régulièrement, les joueurs de la Première y préparaient leur avant-match et y fêtaient leur après, et Bambi y régalait souvent les équipes des Cadets ou Juniors jeunes méritantes. Fidèle en amitié, abonné de la tribune de Musard, fervent supporter de l’équipe de rugby de Bègles, Jean-Claude COUTENUIT avait de solides amitiés auprès des anciens joueurs et il était membre des « Musardingues ». Si tu venais avec Bamby, tu entrais par la cuisine et tu y mangeais… Parfois, trop marrant quand Françoise, préparait la note et que Jean Claude nous faisait payer la sienne dont le prix défiait toute concurrence, sans oublier l’Armagnac pour finir.

Jean-Claude COUTENUIT a passé la main en 2000, à l’heure où le rugby s’installait dans le professionnalisme : un signe ! Puis, l’ancien patron du « Chiopot » s’en est allé fin 2012, un soir de novembre où l’automne joue à cache-cache avec l’hiver. Avec son départ, se tourne une page de l’histoire de Bègles. De cette époque, il ne reste plus qu’un mur de photos en noir et blanc, entièrement dédié à l’épopée des Damiers du CAB, qui attirent régulièrement d’anciens nostalgiques… et la cheminée !

@+ JYB/K’nar 💙 le 14.08.2021

avec la complicité d’André BERTHOZAT, Daniel DELPECH, Nicolas ESCOUTELOUP, Philippe LABARBE, Jean-Pierre OLIVA, Scott PALMER et Bernard VILLATE

8 – Le Lion d’Or !

Le Grand Huit de la saga nous conduit à l’hôtel-restaurant du « Lion d’Or », dans le quartier de la gare de Bordeaux, tenu par la famille NOGUES.

Annexe de l’École de Santé Navale de Bordeaux, les « Navalais » y avaient aussi leurs habitudes… En grande tenue, l’air martial, uniforme bleu marine, boutons dorés, galons argentés, gants blancs et casquette blanche légèrement inclinée sur l’oreille ou en arrière, les « Navalais » pouvaient y retrouver des jeunes Béglais, à la tenue beaucoup moins guindée, avant de partir en Extrême-Orient, en Indochine ou en Afrique tropicale…

« Le Lion d’Or » était effectivement le rendez-vous des vendredis soir pour des générations de Juniors-Crabos ou Reichel, au début des années 80… J’ai de très bon souvenirs de cette famille : Pierrot, le père, en était le Capitaine de Vaisseau avec son épouse, Monique, médecin-major du bateau… Successivement, Eric « le tire-bouchon », Franck le « décapsuleur », ou le petit dernier dont je ne me souviens jamais le prénom (Frédéric ?), si ce n’est son surnom (BéBé), nous ont proposé de trainer nos gueilles dans leur cour familiale, formidable école d’humilité et de camaraderie. Prestige !

Comme Santé Navale, quelques années plus tard, « Le Lion d’Or » s’est sabordé dans le tumulte des souvenirs en damiers bleus et blancs. En ces temps de vaccins et de pass-sanitaires, ces deux augustes boutiques font défaut au paysage bordelais. Nul doute que Pierrot, trop tôt parti, aurait apprécié cet article. En attendant, Monique dit toujours « Allez Bègles ! », dans les travées de Chaban pour les matches de l’UBB…

@+ JYB/K’nar 💙 le 21.08.2021

avec la complicité de Amédée DIHARCE, Bernard MERIC, Fred NOGUES et Jean-Luc RUAUD

9 – Le Bougnat !

La preuve par neuf de la saga nous oblige à une halte incontournable, celle du bar « Chez le Bougnat », tenu par « Le Bougnat ».

« Le Bougnat », c’est un terme originaire d’Auvergne. Cela désigne une profession en lien avec l’artisanat et de la récupération des métaux, tels les rémouleurs, puis qui s’est s’orientée progressivement dans le commerce du bois, du charbon (livré à domicile), des boissons (vin, spiritueux, limonade). Au final, le terme désigne des « cafés-charbons », tenus par des bougnats, à la fois débits de boisson et fournisseurs de charbon. Ils étaient souvent installés dans les quartiers populaires. L’homme livrait le charbon, tandis que son épouse servait les clients. Et certains complétaient leur activité par la restauration…

Notre « Bougnat » de Bègles était seul et faisait tout, tout seul : pas de salarié et pas d’effectif ! Le père « Bougnat », de son vrai nom BIÈS, charbonnier de son état, avait ouvert son troquet auvergnat, plus charbon et bois, dans la pure tradition des « bougnats » auvergnats de Paris, dans l’entre-deux-guerres, en juin 1934. Le destin se fait cruel et le « Bougnat-père » se meurt peu de temps après, laissant le soin à sa femme Catherine, jeune maman, de reprendre le flambeau. Son fils, le petit Jean, ne tardera pas à délaisser l’école pour aider sa mère dans ce commerce béglais. Le « Bougnat-fils » ne quittera plus le bar de la rue Pierre-Curie. Avec le progrès, seul le négoce du fioul remplace celui du charbon. Pour garder le charme béglais, le fond du jardin a accueilli des chèvres et un mainate…

« Chez le Bougnat », c’est un bistrot à l’ancienne, un bar-cave tout en bois et en ferraille, dans une petite échoppe nichée au cœur de Bègles, rue Pierre-Curie. C’est la personnalité du « Bougnat », toujours derrière son comptoir, qui marquera les esprits et les mémoires. Jeannot BIÈS était plus à l’aise entre les bouteilles et les boulets de charbon. La restauration n’était pas de type bistronomique, mais plutôt de type rapide : de simples casse-croutes faits maison, et du jaune et du blanc, mais ce n’étaient pas des œufs… Ce fut pendant plusieurs années le premier débit de Ricard de la région. Chaleureux bistrot, constamment bondé, beaucoup y ont refait le monde d’ovalie, parlé d’anciens et rêvé de tortue à damiers, nourrie aux radis… Il restera toujours une façade minuscule avec une porte vitrée donnant directement sur un passage-piétons, permettant à ceux qui en sortaient de le faire en toute sécurité.

Sa vie est un roman, bourré d’anecdotes romancées ou transformées en légendes à force de tournées générales. Un jour, c’est une mine qui saute alors qu’il était jeune militaire en Algérie : il en sort indemne. Un autre jour, il est sauvé d’une baïne vicieuse par un pneu de camion en guise de bouée : un chalutier le récupère à son bord. On dit aussi qu’il a gagné au loto et qu’il a tout distribué à plusieurs compagnons d’infortune : sans doute trop généreux, il aurait tout perdu sans pour autant que le troquet s’améliore ou s’agrandisse. Un grand seconde ligne du CAB a construit sa maison à Bègles, à coté de « Chez le Bougnat ». La première réunion de chantier, s’est finie devant le comptoir de Jeannot… 3 heures après la première tournée, deux des maitres d’œuvre ne tenaient plus debout et les autres avaient du mal à s’exprimer et à marcher pour rentrer chez eux…

« Chez le Bougnat » était un bar-cave où se fréquentaient ceux qui en avaient et ceux qui n’en avaient pas… Entre le deux, il y avait « Le Bougnat ». Le patron est un amoureux de l’ovalie et ne jurait que par le CA.B., le C.A.B.B. ou le C.A.B.B.G., et peu importe que le damier soit à petits ou à grands carreaux. Le bar est ainsi devenu le fief de beaucoup de Béglais et de leurs amis, des joueurs de l’ovalie et de tous ceux qui en commentaient les exploits. Si beaucoup de Béglais se souviennent des festivités de folie après le titre national de 1991 (« Bougnat, apporte-nous du vin, celui des festins et des sacres ! »), peu se rappelaient de l’avant-match… Le reportage traditionnel, dans les deux villes finalistes, prévu au journal de 13h d’Antenne2, le samedi 1er juin, n’a jamais été diffusé dans sa totalité ! Il n’y avait pas la partie sur Bègles car les trois journalistes parisiens, venus le faire, sont restés les bras en croix, affalés dans leur voiture dans la cour du « Bougnat ». C’était « le tarif maison » proposé par Jeannot BIÈS : consommer sans modération et pour pas cher.

Le « Bougnat », personnage truculent, est décédé en 2014, à l’âge de 80 ans… Toujours derrière son comptoir, c’est là que les Béglais s’en souviennent le mieux. Mais ceux-là, à force de l’appeler « Jeannot » ou « Le Bougnat », ignorent vraisemblablement son véritable état-civil : Jean-Pierre BIÈS !

@+ JYB/K’nar 💙 le 27.08.2021

10 – La Blanche !

Le 10ème commandement de la saga nous amène tout près de l’église de Bègles, le café-brasserie « La Blanche » tenu, pendant près de 15 ans, par Philippe GIMBERT et la famille REIGT.

Un Appelous chez les « Rapetous » ! Natif de Haute-Loire, Philippe GIMBERT est certainement le plus discret des trois crânes rasés… Il a pourtant obtenu autant de sélections avec le XV de France que le plus médiatique des trois. Pilier explosif comme un troisième ligne, formé au jeu groupé, il a vu sa carrière internationale prometteuse s’arrêter brutalement, victime collatérale de la très arrogante expulsion de son camarade de première ligne : chauve qui peut ! En tout cas, Philippe devra s’en contenter, car avant de trouver mieux, ses cheveux seront longs : da-da-da-da-dam  !

Les cheveux ont poussé et le Bouclier de Brennus a séjourné quelques semaines à « La Blanche »… L’enseigne à l’immaculée couleur tient son nom au prénom de sa première propriétaire : Blanche ! Pour autant, « La Blanche » aura-t-elle blanchi son nouveau propriétaire, aidé par sa belle-famille et de la jolie Céline ? L’arrivée de Manon des sources, en 1992, décide Philippe et « le Papé-Moustique » à investir les lieux. Déjà, le poète de la famille y tapait régulièrement le carton et semblait heureux d’y jouer dans son bout de village. En fait, les REIGT sont des amoureux de Bègles. Ils ont vécu et grandi tout près, rue Louis Rochemond, anciennement avenue de la gare… Et quand on vit à Bègles, on tombe dans le rugby, comme une âme qui s’attache à ton âme : Pierre, André, Jean-Pierre (moustique), Christophe, Cathy… jusqu’à Jules ! Même Manon décida de quitter son cheval à bascule pour la pratique du jeu ovale… Quand Christophe revient de Lourdes, l’immaculée conception le ramena à « La Blanche », en lieu et place de son père. Le duo d’anciens joueurs y attira immanquablement le monde du rugby : on aménagea une salle dédiée aux joueurs de la « Première », avec des chaises longues et une télé grand écran… Le professionnalisme n’avait pas encore ses entrées !

GIMBERT y resta une petite quinzaine d’années, avant de repartir dans le Médoc et passer la main à José… Da-da-da-da-dam !

@+ JYB/K’nar 💙 le 14.09.2021

avec la complicité de Jean-Pierre REIGT et Cathy GIMBERT

11 – « Chez Marlène » !

Honneur aux dames : j’ai commencé la saga avec « Chez Marraine », je vais la finir avec « Chez Marlène ».

J’ai une tendresse particulière pour Marlène avec sa gentillesse et son sourire, hérités de sa maman, tout comme sa cuisine… L’établissement est installé sur un ancien marais (palus), à l’angle du quai de Paludate et de la rue des Bordes, sous la passerelle Eiffel. Au bout du quai, flottent des brumes de violence et de trafics douteux… Même aujourd’hui, la réputation du secteur est qualifiée de dangereuse… Mais, à l’heure où les boites de nuit se vident, le troquet des quais vit, quant à lui, au rythme des abattoirs et fut longtemps le repère des bouchers ! C’est un restaurant d’ouvriers qui recevait bouchers, cheminots ou postiers qui triaient le courrier : l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Le peuple des humbles y a trouvé refuge : chaleur et sourire étaient inscrits au menu…

Marlène avait repris en 1981 l’établissement tenu par ses parents… Au fil des années, Marlène, avec ses lunettes rouges et ses yeux de biche, a su se constituer une clientèle fidèle d’habitués qui aiment retrouver le goût de la cuisine simple, traditionnelle, et sans chichi. Ici, on ne vient pas que pour la morue, la blanquette de veau ou la morue, mais pour l’accueil toujours souriant et chaleureux. Son secret, l’amour des choses naturelles : tout est frais ! Au café des délices, on n’y mange que le midi… Jamais le soir !

Fidèle supportrice du C.A.Béglais, elle a rencontré dans les travées de Musard, Jean-Pierre, un ancien électricien des Établissements Drouard. Et voilà le grand Jacquet, l’aimé, installé au bout du quai, plus exactement derrière le bar, juste sous le maillot à damiers. Bien naturellement, Marlène prépara, de temps en temps, le repas pour les équipes de rugby que lui envoyait Jacky JAMEAU. L’école de rugby y fut reçue à plusieurs reprises, ainsi que d’autres équipes d’anciens ou vétérans et parfois même le soir…  

Aujourd’hui le quartier s’est transformé et embourgeoisé… Le quai des brumes des abattoirs s’est éloigné et un monde nouveau a surgi de façon « Méca »…nique ! Forcément, certains vont se tromper de quai car le n°32 est fermé définitivement…

@+ JYB/K’nar 💙 le 21.09.2021

avec la complicité de Jean-Pierre OLIVA

EPILOGUE

Avec le dernier jour de l’été, je termine le feuilleton de l’été, à propos de mes anecdotes ou souvenirs sur les bars et restaurants fréquentés par les Damiers… J’aurais pu m’attarder sur « Le Damier » qui connaît un réel renouveau… Par pudeur, je n’ai pas osé évoquer « Etche-Ona » de Carlos BROUILLET, ni même « Chez Géraud », chez la belle-mère du regretté Tarzan… J’aurais pu évoquer « La Sardane » de chez Pépé, le « Tourlourou » rue de Bègles ou le « Pelleport », rue Pelleport… Délibérément, j’ai écarté les endroits de la nuit (le Vert Galant, Number One, Triangle, l’Aquitania ou le Monseigneur)… J’espère que vous ne m’en voudrez pas de toutes ces omissions…

Fin de la série !

@+ JYB/K’nar 💙 le 21.09.2021

Cœur à Damiers / les citrouilles de catrouy !

J’avais conclu mon bulletin sur la finale perdue de 1967 ainsi : « de cette finale, il ne me reste pas grand-chose si ce n’est une caricature de CATROUY, dédicacée par les finalistes de 1967 qui ont porté fièrement les couleurs du damier bleu et blanc ». André CATROUY, caricaturiste discret, a rendu compte de toute l’épopée sportive du C.A. Béglais.

Jean Max André CATROUY, dit André CATROUY, est né le 29 avril 1895 à BÈGLES (ndlr : un bon point déjà !). Très jeune, il crayonnait déjà les adultes qui passaient à domicile. C’était au début du XXème siècle. Selon lui, le déclic est arrivé en 1916, lors de la « Grande Guerre » où il caricature de pittoresques soldats australiens, pour passer le temps dans cette guerre de tranchées…

Cette fantaisie passagère du fantassin poilu va progressivement s’affirmer et aller à la mine. Au style fantassin, il préfère le style cavalier. Pourtant, au sortir de la guerre, il est recruté comme chef-comptable dans une raffinerie d’AMBÈS. Rien de bien fantaisiste ! Les coups de crayon dans les marges des registres de comptabilité égayent les bilans financiers et autres bilans de ces grands livres caissiers. Une multitude de petits personnages, joufflus et rondouillards, prennent ainsi corps dans les quadrillages rétrécis, au débit comme au crédit.

Éternel athlète, il s’est essayé avec bonheur au saut en longueur, mais aussi à la gymnastique, au football, à l’aviron, à la pelote basque et, plus tard, au vélo… En revanche, il n’a jamais pratiqué le rugby. Et pourtant, c’est sur les bords d’un terrain de rugby qu’a commencé sa vocation professionnelle. Un dimanche de 1928, lors d’un match du C.A. Béglais, il se plait à caricaturer le capitaine du club, le grand SALDOU et son impétueux demi-de-mêlée, SOURGENS. Des noms connus, du côté de Musard, de père en fils… Puis, suivirent LAFOURCADE, ou encore SOULÉ et les frères BONNEAU, tous aussi connus… Dans les années 1930, joueurs joufflus, entraineurs ventrus et présidents costumés, sont tous passés sous la mine du crayon de CATROUY. Des traits mal esquissés que l’artiste a souvent raturés sur son carnet. Au fil des ans, le coup de crayon s’est affirmé pour aboutir, au final, à des portraits ressemblants en forme de clins d’œil. Grands corps et petits bonhommes sont pris sur le vif : nez aquilins ou busqués, menton en galoche, front bas ou dégarni, cou allongé, oreilles décollées, fessiers rebondis ou rotules sous genouillère… Comme toutes les caricatures, les siennes étaient comme des traits d’introversion qui capturaient, amplifiaient ou exagéraient certains détails morphologiques tout en traduisant, de façon humoristique, le caractère des intéressés. N’en déplaise à ces personnes, la caricature était souvent chargée d’aspects ridicules ou déplaisants. Portrait à charge ou divertissement humoristique ? En tout cas, on y retrouvait une jubilation émotionnelle de l’exagération… CATROUY s’attachera à toutes ces hexis corporelles pour donner à sa physiognomonique un rôle principal. Cependant, ces transgressions qui pouvaient bousculer la bienséance dont il était pourtant pourvu, étaient toutes imprégnées d’une immense gentillesse, sortie tout droit de son crayon, échappant à toute mesquinerie ou toute méchanceté. Le corps était le principal objet de la caricature, surtout le visage dont la déformation voulait révéler les états d’âme et les dessous du personnage. CATROUY et ses personnages à tête de citrouille !

La presse a usé largement de ses reproductions typographiques. CATROUY a illustré les chroniques sportives au journal l’AUTO (l’ancêtre de L’EQUIPE), puis à la PETITE GIRONDE, à SUD-OUEST ou encore à SUD-OUEST Dimanche. Son métier a été celui d’un journaliste-dessinateur qui commente l’actualité sportive. Il s’est concentré sur le sport et ne s’est que très peu hasardé, à ma connaissance, sur le terrain politique. Il va suivre les sportifs en tous genres, du plus glorieux au parfait inconnu, sur tous les terrains, de l’hôtel jusqu’au stade pour bien s’en imprégner. Virtuosité de la main et poésie du crayon, à la puissante métaphore, ont produit un volume et un rythme qui ont donné vie à la caricature. En soulignant les corpulences ou les finesses désinvoltes, de façon un peu « bébête », CATROUY a caressé la réalité : un rugby qui rit ! Portraits individuels ou défilés d’équipes : ils allaient tous de l’avant… et lui derrière ! Il a rendu le rugby plus joli et plus sympathique : « quand le crayon sait dessiner, le dessin commence à bouger » disait Maxime LE FORESTIER dans une de ses chansons.

L’histoire du C.A. Béglais s’est accompagnée des dessins de CATROUY, comme un témoin privilégié de l’évolution du club de rugby. En 1930, il croque l’équipe championne de Côte d’Argent. En 1949, il met l’équipe première sur la route du Championnat de France en regroupant les Avants dans une jeep tractant la remorque des Arrières. Au début des années 1960, il crayonne la bande des JAMEAU, JOANDET, DENJEAN brothers & Cie… Vous le savez, il avait esquissé les vice-champions de 1967. Enfin, pour le journal « Sud-Ouest », pour la finale du 18 mai 1969, il avait caricaturé les 15 copains du CAB, face au Stade Toulousain, séparés par le Bouclier de Brennus. Il n’aura pas vu le sacre de la tortue et je me plais à deviner comment il aurait croqué la bande des « Rapetou ». On l’a vu musarder dans les travées de Musard, vieil homme coiffé d’un béret, errant discret et anonyme, qui avait conservé sa démarche souple d’athlète. On peut penser qu’il observait, avec une grande acuité, tout un chacun de son œil avisé et malicieux…

Un matin de décembre 1979, passé les fêtes de Noël, tombe une bien triste nouvelle. André CATROUY décède à PAU, à l’aube de ses 86 ans. Sa vie s’est passée au crayon : il a caricaturé pendant 43 ans et réalisé plus de 8.000 dessins. Autant de portraits, mais il manquera à jamais un seul… le sien !

message du 21 mars 2021 JYB/K’nar

Cœur à Damiers / les années 1970’s !

Ah, les années 1970 !  C’est la fin des années Yéyé et début de la variété française… C’est aussi la fin de mon enfance : je quitte mon Berry natal. Bye-bye Châteauroux et je laisse DENISOT et DEPARDIEU à leur notoriété montante pour aller construire la mienne dans la ville du Premier Ministre et sa « Nouvelle Société ». CHABAN, le copain du Général, connu aussi pour ses frasques rugbystiques avec les banlieusards-ouvriers de BÈGLES. J’arrive donc à Bordeaux et je m’ouvre à la vie : « bonjour l’adolescence, je ne te voyais pas ici ! »

En France, on quitte progressivement l’ère du plein-emploi et on file vers les économies d’énergie à la suite du premier choc pétrolier consécutif à la guerre du Kippour (1973), puis du second successif à la révolution iranienne (1979). Les Britishes nous refont le coup de Trafalgar en adhérant à la CEE pour la « brexer » 50 ans plus tard… Sur le plan social, la décennie est marquée par les premiers mouvements sociaux, post soixante-huitard, autour de libération sexuelle des femmes : balance ton quoi !

Pour ma part, je n’entends rien au rugby ! Quel est ce sport qui, pour aller de l’avant, il faut des passes en arrière ? Le rugby français a déjà en poche son premier Grand Chelem, conquis dans la boue de CARDIFF. À cette époque, on ne parle que des Gallois, avec leurs rouflaquettes, qui font même de l’ombre aux célèbres ALL BLACKS. Cette suprématie est validée avec « l’essai du siècle », dans le vieil ARMS PARK de CARDIFF. Quand on revoit l’action, ce rugby-là paraît ridicule, tout comme le hakka des BLACKS…

Est-ce pour ça que ça ne parle pas plus que ça ? J’ai à peine entendu parler des petits lutins de LA VOULTE qui viennent d’ouvrir la décennie des Champions de France. La-finale BÉZIERS-TOULON, à BORDEAUX en 1971, sera plus retentissante dans mon esprit. L’année suivante, je m’inscris à l’école de rugby du C.A.Béglais, dans la foulée de mon grand frère. L’école de rugby désormais nous accueille le mercredi après-midi et mes premiers entraineurs sont Christian SWIERCZINKI et Jean TRILLO, deux des internationaux du club.

TRILLO qui devient vite une idole avec des posters affichés dans ma chambre… TRILLO et son frère jumeau de l’attaque, Jo MASO, qui sont les apôtres du « French Flair » qui apparait au début de la décennie avec d’autres maitres à jouer : MASO, LUX, BÉROT, VILLEPREUX et Cie… Curieusement, le second Chelem du XV de FRANCE (1977) est acquis avec un pack de féroces, laissant le rugby de poètes aux romantiques. Quinze bonhommes pour un Grand Chelem ! Qui se souvient des remplaçants parmi lesquels on retrouvait un certain SWIERCZINSKI, plus connu du côté de Musard, sous le nom de « TARZAN » ? Les soldats du « Petit Caporal » se sont-ils inspirés du jeu bestial et structuré de Raoul BARRIÈRE ? En effet, pendant la décennie 1970, l’A.S. Biterroise a régné en maître es-rugby. Le club héraultais a inauguré cette mainmise sur le rugby français par un premier titre de champion en 1971 à BORDEAUX, là même où le C.A. Béglais avait failli ouvrir son compteur de Brennus. Cette équipe était une vraie machine de guerre invincible, mais son jeu était critiqué parce que très (trop ?) axé sur le travail des avants : le RCT, le SUA, le RCN ou le Stade Toulousain s’y sont cassés les dents… et les côtes.

La décennie des années 1970 se termine en apothéose, un 14 juillet, où le drapeau français est planté sur la pelouse de l’Eden Park à AUCKLAND, comme celui des Américains l’est sur la lune 10 ans plus tôt…

Dans l’Hexagone, le rugby reste assez confiné (tiens, déjà…) dans les petites villes, voire villages. Le championnat de France se joue à 40 clubs et chaque match donnent l’occasion aux supporters de se balader, principalement dans le SUD-OUEST avec des derbies géographiques : BÈGLES–MÉRIGNAC–SALLES, STADE TOULOUSAIN–TOEC–COLOMIERS NARBONNE–BÉZIERS–PERPIGNAN ou BAYONNE–BIARRITZ–ST-JEAN-de-LUZ. Les phases finales, dès les seizièmes de finale jusqu’à la très médiatique finale, qui se joue désormais au Parc des Princes à Paris, déclenchent le déplacement d’une cohorte de supporters dont certains grimpaient en haut des poteaux pour y accrocher les couleurs de son club de cœur…

Au début des années 1970, le C.A.B. est le tenant du titre. Il a soulevé son premier Brennus grâce, notamment, à une interception de Jean TRILLO au nez et à la barbe de son copain Jean-Louis BÉROT. Le C.A.B. avait été Champion de France, un peu par hasard, lié à son insouciance universitaire… Fort de cette renommée médiatique, mon frère décide de signer au C.A. Béglais : le club champion ! Mon frère débarque donc à Musard, avec son maillot du RACC (Rugby Athlétique Club Castelroussin), vert et noir, comme un fantôme de l’US. MONTAUBAN… Très vite, le Cœur à Damiers familial va se grossir chez les BONNEAU. À force de le suivre le dimanche matin, je prends la même direction deux ans plus tard, toujours en vélo depuis TALENCE… Puis, mon père rentre au Comité Directeur, au milieu des années 1970, dans la section finances aux côtés des Trésoriers Claude LABORDE et Jacques DORVAL.

Les années 1970, c’est l’époque où les Béglais sont retenus en sélection du XV de France. Hormis Jean TRILLO et ses 28 sélections, les autres font un ou trois petits tours et puis s’en vont… SWIERCZINSKI, DUBOIS, CRAMPAGNE, PÉDEUTOUR, CLÉMENTE avec France-A ; GESTA-LAVIT, PLANTEY, MALTERRE, BOUCHERIE ou BERROUET avec France-B

Dans le premier bulletin d’humeur du blogue « Cœur à Damiers », j’avais écrit que l’histoire du rugby de BÈGLES, c’est aussi une histoire de célèbres n°9… En ce début de décennie, Jacky JAMEAU est devenu entraineur et occupe la buvette à l’entrée de Musard. Les années 1970 sont les années BERROUET. Alain BERROUET, dit « Ttaket », était un demi de mêlée vif-argent et vif ardent, qui a connu les honneurs de « France B ». Il s’est installé derrière la mêlée béglaise, à l’ombre d’un grand échassier, formé à l’école béglaise depuis l’école de rugby : Michel GENESTE.

Les GENESTE, je les ai tous connus ! Du père, Robert, chirurgien de son état qui m’a retiré deux ménisques, jusqu’au petit dernier Marc qui jouait avec moi car surclassé : il a fini Champion de France, le numéro 15 floqué dans le dos. Tout au long des années 1970, on retrouve la descendance de Robert : Michel l’aîné numéro 6, grand et sec, qui a joué avec les BARBARIANS avec le short et les chaussettes du C.A. Béglais. Enfin, Bernard, mi-avant (troisième ligne) ou mi-arrière (trois-quatre centre), comme un trait d’union entre ses deux frères. Champion de France Juniors-Reichel en 1977, sa spécialité tenait dans un placage qui a « dessoudé » plus d’une épaule adverse… Les trois frères ont commencé par l’école de rugby et ont tous fini avec l’équipe « fanion ». On les retrouve sur les photos de l’équipe « Première », dès 1978.

À propos de frères, les « CHLEB » ont également constitué une seconde ligne béglaise. Pour les reconnaître : l’aîné, c’est le brun et l’autre le blond… Les jumeaux de LANGON sont venus apporter leur sourire au C.A. Béglais : François et Bruno SOURILLAN. Lors de cette décennie, j’ai dû faire attention à l’orthographe exacte des SWIERCZINSKI, WERVISJER, CHLEBOWSKY ou KAMAROPOULOS chez les jeunes.

Les années 1970, c’est l’époque où la télévision passe du noir et blanc à la couleur. Il en va de même avec les photographies ! La majorité d’entre elles sont en noir et blanc et on trouve peu de clichés en couleurs empêchant de repérer les équipes en damiers rouges et blancs. En revanche, il est amusant de voir sur ces vieux clichés en noir et blanc, dans le rang du bas, un pitchoun qui est le petit frère du capitaine ou le fils de l’entraineur, voire même du Président. De fervent supporter qui caresse le ballon du match avant que la boue ou la pluie ne l’empèse, ce petit deviendra quelques années plus tard, un joueur émérite qui se fera un prénom… Certains se reconnaitront !

Mention spéciale « Cœur à Damiers » à un joueur que je retrouve, de A à Z, de 1970 à 1979, sur beaucoup de clichés de match : l’omniprésent Michel BOUCHERIE.

@+ JYB/K’nar – le 04 février 2021

Cœur à Damiers / finale du 28 mai 1967 : raté !

Salut les Damiers !

Le 28 mai 1967, quinze rugbymen de l’US. MONTAUBAN devenaient Champions de France de Première division, au stade vélodrome de Bordeaux. 1967 ! Que se passait-il à cette époque ? Je n’avais pas encore 8 ans et je ne connaissais pas encore le rugby, ni-même son nom…  Je ne connaissais même pas ces célèbres damiers qui ressemblaient davantage à une casaque de jockey, un dimanche de tiercé gagnant, qu’à une tunique de Rubipèdes.

Aussi, ai-je interrogé mon pote Wiki (Wikipédia).

1967 : une drôle d’année ! Au matin du dimanche 28 mai, De GAULLE avait déjà lancé, à Cherbourg, son premier sous-marin nucléaire, le « Redoutable », et Catherine DENEUVE allait perdre dans un mois sa jumelle de Rochefort. La France vibrait pour d’autres sujets de société : on allait créer l’Agence Nationale Pour l’Emploi et députés et sénateurs allaient voter une loi autorisant le contraceptif oral, plus communément appelé la « pilule ». Sur le plan international, le guérillero révolutionnaire, Ernesto « Che » Guevara allait être exécuté de deux rafales, en Bolivie : hasta la victoria siempre, Comandante

1967, une drôle d’année ! Sur WIKipédia, on n’y parle même pas de la finale du championnat de France de rugby. En 1967, le rugby français n’avait pas encore connu son 1er Grand Chelem et les frères BONIFACE avaient cessé de faire des courses d’évitement et des passes acrobatiques, sous la tunique bleue frappée du coq doré… En outre, le rugby français sortait d’une « sale » finale entre AGEN et DAX qui s’était jouée aux points et aux poings. À cette époque, l’essai valait trois points. Pire, en touche, personne n’avait le droit de vous aider à sauter et l’intox et la boite à gifles assuraient quelques gains dans l’alignement. Enfin, on jouait aussi à quinze et puis c’est tout ! Les remplaçants ne pouvaient pas rentrer, y compris pour blessure sauf si on se cassait la jambe avant le coup d’envoi… Pendant le match, les blessés qui arrivaient à rester sur le terrain, on les mettait à l’aile, histoire qu’ils arrivent à rendre un peu service… On ne sait jamais, ils pouvaient rattraper un ballon, se sacrifier sur une action… Mais, aucun remplacement n’était possible !

En 1967, une drôle d’année ! La finale était inédite ! MONTAUBAN-BÈGLES ou BÈGLES-MONTAUBAN. Deux « petits nouveaux », jamais titrés, qui s’étaient donné rendez-vous sur le pré de Lescure. L’arbitre, Pierre LEBECQ, du comité Limousin, est-il aussi un « p’tit nouveau » ? Nul ne peut me le dire… Ainsi, au milieu de la saison hivernale, personne, en effet, n’aurait imaginé que le match suprême serait disputé par ces deux équipes qui, au terme des rencontres de poule, étaient précédées par une dizaine de concurrents bien plus glorieux.

Le stade municipal de Bordeaux était bondé : 32.115 spectateurs (pour une recette de 356.088 Francs). Les Béglais pouvaient être considérés comme les favoris, jouant quasiment à domicile. En effet, les joueurs du CAB avaient l’avantage de jouer le match de la finale, à quelques kilomètres de leur stade de Musard. Comment ne pas penser à la première finale. En 1949, les Damiers avaient soulevé le Coq… Il leur fallait soulever le Brennus. Le bis repetita s’annonçait : le stade Lescure était là en décorum ! Même jour, même heure, mêmes pommes… ou quasiment ! CHABAN était dans la tribune d’honneur, Pierrot MARRENS était là, André et Bambi MOGA étaient là aussi

Les Béglais avaient épinglé à leur tableau de chasse le vainqueur et le finaliste de la dernière édition, respectivement le SU Agen en huitièmes et l’US Dax en demi-finale (6-3). L’équipe de Bègles est jeune et enthousiaste en revanche elle apparaissait plus stylée. Pour la plupart d’entre eux, ces Béglais étaient des universitaires décontractés « montés » à Bordeaux pour leurs études. Fatalement, la moyenne d’âge était basse ! Néanmoins, les Girondins se présentaient amoindris et devaient remplacer Gérard DENJEAN et Auguste AYPHASSORO dans le pack, et Michel MILIANI, au centre de l’attaque, dont la place fut occupée par Alain BERGÈSE, aux côtés du prometteur Jean TRILLO.

Les Tarn-et-Garonnais, vainqueurs de GRAULHET (9-6), se présentèrent au complet. Dans le paddock de Lescure, les maillots blancs à col vert de l’US.MONTAUBAN fait ressortir les brassards noirs cousus la manche gauche des maillots en mémoire d’un des leurs, décédé un an plus tôt… Ce MONTAUBAN-là pouvait faire peur car leur équipe paraissait plus puissante et rugueuse. Le pack montalbanais possédait de réels arguments rugbystiques : une mêlée homogène, intelligente, un alignement (de 20 ans chacun) parfaitement organisé, une 3ème ligne complémentaire avec un n°8 aux « belles mains » (Francis BOURGADE), une charnière de tête (Moïse MAURIÈRES) comme d’inspiration (Jean DAYNES), des trois-quarts rapides, audacieux. L’ensemble était plutôt jeune et des anciens de poids : dix jeunots de moins de 23 ans et cinq de plus de 30 ans :

  • un vieux pilier, natif de Montauban, une sorte d’Obélix aimé de tout Sapiac, Loulou BLANC (18 fois remplaçant en équipe de France mais aucune sélection)
  • Jean-Michel CABANIER, le talonneur, seul international du groupe vert de 1967 et futur lauréat du Grand Chelem 1968
  • Moïse MAURIÈRES, un demi de mêlée, aux portes du XV de France, plaque-tournante de l’équipe , Sapiacais de cœur, et un lieutenant sur le terrain. Il était capable de faire des passes dans toutes les positions et surtout un sacré emmerdeur pour ses adversaires, prêt à utiliser toutes les ficelles du métier, un poison de 85 kg : le fameux quatrième 3ème ligne !
  • Jacques LONDIOS, l’ ailier gauche, qui enchaina les sélections comme les essais en finale.

Dès la cinquième minute, les Montalbanais commencèrent en fanfare : départ de Moïse MAURIÈRES côté fermé, poursuivi par l’ailier gauche, LONDIOS ; MARQUESUZAA vient à l’intérieur en relais, et fait l’ultime passe à son n°8, BOURGADE qui s’effondre dans l’en-but pour l’essai en coin : 3-0 ! Le reste de la première mi-temps ne vit pas d’évolution de la marque. MONTAUBAN contrôlait une partie de bonne tenue et d’une correction parfaite tandis que les banlieusards bordelais se méfiaient d’un contre après ce départ en trombe de leurs adversaires… Il n’est jamais bon de courir après le score. Un essai leur fut même refusé juste avant les citrons. Après la pause, CRAMPAGNE connaissait encore plusieurs échecs sur ses tirs au but et les Béglais demeuraient stériles même s’ils mettaient parfois leurs adversaires en difficulté. MONTAUBAN régla le sort du match dans les dix dernières minutes. Tout d’abord, l’ouvreur DAYNES déclenchait une offensive, servait directement le second centre et LONDIOS sprintait pour un essai en coin, non transformé (6-0). Trois minutes plus tard, le 3ème ligne centre, BOURGADE, enchanté par son premier essai, s’échappait d’une touche, fixait le dernier défenseur et passait à LONDIOS qui marquait pour la seconde fois, dans le même coin de l’en-but. BOURGADE, euphorique, réussissait une magnifique transformation (11-0). Tout à la fin de la partie, « Tarzan » SWIERCZINSKI ponctua dans l’en-but un départ de la troisième ligne béglaise et sauva ainsi l’honneur.  Jacky CRAMPAGNE échoua dans le tir de la transformation plutôt facile.

Le jour de cette finale les buteurs des deux équipes ont tout raté. Un vent de Sibérie devait souffler dans la plaine de Lescure car aucun des deux artificiers, Jacky CRAMPAGNE côté béglais et le montalbanais Jean DAYNES, ne réussirent à cadrer les 2 perches. Seul Francis BOURGADE, avec ses crampons à bouts carrés, réussit la transformation du dernier essai de LONDIOS, depuis le bord de touche et de la pointe comme on tapait en ce temps-là… « Les buteurs les plus réguliers connaissent parfois la malchance » concluait Roger COUDERC au micro de l’ORTF…

L’arbitre, Pierre LEBECQ, siffle la fin du match, sur le score de 11 à 3 (3 essais à 1) en faveur de l’US MONTAUBAN. Louis BLANC, le valeureux capitaine montalbanais, se vit ainsi remettre le bouclier de Brennus. Le « bout de bois » a failli tomber de ses mains suantes et moites… Il eut alors ce mot historique : « Je ne le croyais pas si lourd ! ». Pour la première fois, et la seule pour l’instant, le nom de l’US.MONTAUBAN était gravée sur le cultissime Bouclier de Brennus. Le retour vers Sapiac fut homérique et l’accueil en gare de Montauban mémorable. Loulou BLANC, en bon capitaine, a dormi, ce soir-là, avec le Bouclier de Brennus : il était sûr, ainsi, de ne pas tomber ! Les festivités liées au sacre vont durer une semaine. Sept jours de vacances scolaires sont même décrétés dans les écoles de l’arrondissement. A la fin de cette semaine folle, l’US. MONTAUBAN fut capable de remporter le Challenge de l’Espérance, face à Graulhet, pour le dernier match de la saison. Par la suite, le club n’atteindra jamais plus ce niveau mais la passion du rugby est encore vivace à MONTAUBAN. Nul doute que jour aura changé la vie de cette bande de copains. On ne les attendait pas et ce sont bien eux qui sont passés à la postérité.

Tout cela, je ne l’ai pas inventé : je l’ai appris de mon copain Wikie !

De cette finale, il ne me reste pas grand-chose si ce n’est une caricature de CATROUY, dédicacée par les finalistes de 1967 qui ont porté fièrement notre « Cœur à Damiers ». Beaucoup pensaient qu’ils auraient pu, qu’ils auraient dû remporter le titre. La prochaine fois sera la bonne !

@+ JYB/knar – le 25.08.2020

Cœur à Damiers / soldats inconnus !

Salut les Damiers !

14 juillet 2020 : jour de Fête Nationale ! Jour idéal pour évoquer nos soldats inconnus à damiers. Pour vous dire vrai, avec la page dédiée aux « Damiers d’avant-guerres », j’ai eu la sensation de rendre hommage à des hommes à la fois rugbymen et combattants : des guerriers sur le pré comme sur le champ de bataille. Un ravivage de la flamme de ces soldats inconnus !

Donc, une page en forme d’Arc de Triomphe. Coquelicots et boutons d’or… Poppy et bleuet, fleurs symboles en hommage aux combattants de 14-18. Commémoration solennelle : « In Flanders Fields, poppies blows… Between the crosses, row on row… ». Traduisez : « Dans les champs de Flandres, Les coquelicots fleurissent… Entre les croix, rang après rang… Sur le pré de Musard, avec ses tribunes en bois, les Damiers ont du certainement rêver que fleurissent des boutons d’or à leur boutonnière… Que le rugby de ces soldats inconnus devait être beau à regarder, en ces temps-là !

Vous avez sûrement observé que sur les premières photos, il n’y a pas de damiers ! Ni sur le maillot, ni sur le blason… Bègles, ville d’ouvriers et de cheminots, jouait avec des maillots rouges et bleus, prêtés par le club SNCF de la ville, l’ASPOM (merci Amédée !). En 1908, grâce à l’originalité de la tenue d’un club anglais, les dirigeants de l’époque, sensibles à la fantaisie vestimentaire, décidèrent d’adopter ce damier serré de petits carrés bleus et blancs. Aujourd’hui encore, il ne manque pas de marquer les esprits. C’est bien connu : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ». Inventeurs de ce jeu et s’estimant dépositaires de ses règles et de son esprit, les Britanniques l’ont été aussi pour notre maillot. Clin d’œil à l’original originel : Webb ELLIS.

Qui se souvient de leur nom ? Dans l’entre-deux-guerres, les photos traduisent la construction du club. Les frères LOCHE, dirigeants-bâtisseurs de club C.A.B., sont reconnaissables avec leur costume trois-pièces, leurs montres à gousset et leur haut de forme. Sur le terrain, les avants avaient des casques-sparadrap sur la tête et certaient trois-quarts jouaient avec un béret, notamment le fameux « Tatave ». Ont-ils croisé le champion olympique Frantz REICHEL ? Ont-ils affronté Yves du MANOIR dont les prouesses d’aviateur étaient aussi fameuses que ses exploits de demi d’ouverture international ? Ont-ils admiré René CRABOS, visionnaire du jeu d’attaque ? Ont-ils contemplé l’élégance naturelle et les crochets déroutants d’Adolphe JAUREGUY, marqueur d’essais devant l’Éternel ? Ont-ils entendu parler de Pierre GAUDERMAN. Tous ces noms qui aujourd’hui sonnent dans vos oreilles car ils appartiennent à l’histoire du rugby français. De même, GUICHARD-Tatave, DEDIEU, SALDOU, DETCHART SOURGENS ou Gérard VIDAL appartiennent à l’histoire du rugby béglais. J’ai même retrouvé trace d’un de mes homonymes… Sûrement un de mes aïeux ? Pas à ma connaissance !

Puis, Jacques CHABAN-DELMAS a rendu illustre ce coin de Bordeaux… Voilà un Général de 36 ans qui joue au rugby le dimanche dans une ville communiste et ouvrière, alors qu’il est maire de la très aristocratique métropole voisine. CHABAN se lie d’amitié avec les frères MOGA, sur le marché des Capucins, plus en gouaille autrefois que de nos jours. Qui se souvient de leur nom ? LAJUS-Biju, LAFFORGUE, HÉRICÉ, SIOT, MARRENS, BERTEAUX, PASINO ou GENESTE ont donné corps à cette bande de copains dans laquelle le « Duc d’Aquitaine » n’était qu’un simple ailier. Mieux encore, cette équipe de banlieue a été chercher son premier titre national, en 1949, déjà contre Toulous, sur le terrain de… Bordeaux ; CHABAN était dans la tribune d’honneur pour remettre le trophée à son copain, Pierrot MARRENS.

J’espère que vous vous souviendrez désormais de leur nom ! En guise d’hommage à ces rugbymen-combattants, je viens de déposer une gerbe en forme de cœur à damiers bleus et blancs… afin de rendre vivants ces « Cœurs à Damiers » originels.

@+ JYB/knar – le 14.07.2020

Cœur à Damiers / ouverture !

message du 1er juillet 2020

Salut les Damiers !

En ces temps confinés, on a quelque peu oublié le rugby ! On a profité de cette période troublée pour ranger la maison et vider les greniers et les caves. Pour ma part, c’était l’opportunité de profiter de ces trois mois pour me fixer un objectif : ouvrir le blog « Cœur à Damiers » au 1er juillet 2020.

Voilà qui est fait ! Certes partiellement, mais ce n’est qu’un début… En fait, cela fait bientôt 5 ans que je travaille sur le sujet. Le 9 mai 2015, l’UBB accueillait Oyonnax à BÈGLES : on était tous invité à l’enterrement de Musard ! Pour la circonstance, les dirigeants avaient eu l’idée de ressortir le célèbre damier du C.A.B… Revoilà donc Musard en bleu et blanc : les drapeaux, dans les tribunes, étaient tous à l’effigie du damier bleu et blanc. Au moment de l’entrée des joueurs sur le terrain, j’ai eu la chair de poule tellement l’émotion était vive… J’ai eu une nostalgie particulière ce jour-là avec mon vieux maillot à damiers des années 1970, sur les épaules. Fin d’une époque, donc ! L’idée saugrenue de rassembler des clichés et de les partager était ainsi lancée. « Je connais suffisamment de monde pour me le permettre », me disais-je ! Je ne savais pas encore quel défi je m’étais lancé…

L’histoire de BÈGLES, c’est une histoire de fratries ! A chaque génération, on en retrouve une : d’abord les 3 frères LOCHE (Louis, Delphin et André), puis les MOGA de la 1ère génération (Alphonse, André et Alban) et la seconde (Michel, Alain et Alban), ou encore celle des DENJEAN (Lucien et Gérard), des GENESTE (Michel, Bernard et Marc, au nom du père Robert), des CHLEBOWSKY (Philippe et Patrice), des BERTHE (Florent et Paul, fils de Benoit) ou des VERGÉ (Patrice et Laurent), des FUMEY (Brice et Willy) ou des SOURILLAN (Bruno et François) venus d’autres clochers avoisinants, sans parler des frères RAPETOU… Dans les équipes de jeunes, j’en ai retrouvé également (BEGARIES, BORDACHAR, BELLENGHIRI, DULAU, LASSERRE, MAILLET, NOGUÈS, QUEYSSARD, SALLENAVE, SOULÉ, THILLET, et j’en oublie…). Comme dans tous les villages, j’ai remarqué des lignées de descendants voués au rugby du C.A.Béglais. Amusant aussi, ces origines si compliquées à retranscrire : SWIERCZINSKI, WERVISJER ou CHLEBOWSKY… Le rugby de BÈGLES, c’est aussi une histoire de célèbres n°9 : MARRENS, JAMEAU, BERROUET, LAPORTE, ACCOCEBERRY ou LAUSSUCQ, sans parler des MACHENAUD ou SERIN formés avec un maillot à damiers.

Voilà, tous ces souvenirs qui me reviennent quasiment instantanément en espérant qu’ils vous donneront l’envie d’aller plus loin dans le blog et de m’aider à rendre vivant ce « Cœur à Damiers ».

@+ / JYB – le 01.07.2020