Cœur à Damiers / La saga de l’été : bars et restos du cab !
Salut les Damiers 🔵⚪ !
Nous y voilà et voilà, on respire ! Rendez-vous au café, rendez-vous au restaurant, rendez-vous au « peu importe »… À l’occasion de la sortie du confinement avec pass-sanitaire, je vous propose d’évoquer, et cela pendant tout l’été, quelques établissements illustres, fréquentés par les Béglais à damiers… Voici les noms de la CHD béglaise : séquence 🤗 nostalgie !
1 – « Chez Marraine »
Le premier épisode commence avec le Bar BAUDORRE ou « chez Marraine » chez qui les équipiers premiers allaient manger tous les mardis et jeudis soir et ce depuis un dimanche de 1942… À l’époque, Madame BAUDORRE avait pris l’habitude de suivre son mari, tous les dimanches, sur tous les stades de France et de Navarre. Bien qu’on soit sous l’occupation, le panier était bien garni : fromages et cochonnailles, vins et liqueurs. Ravis de cet accompagnement sans faille, les petits damiers de l’époque lui demandèrent d’être la marraine du club.
Ce qui fut dit, fut fait ! Chez marraine, précisa Bernard JUNCA, notre nourriture de sportifs de haut niveau de l’époque avait comme base le haricots-caouanes que nous accompagnions de vin rouge baptisé de limonade. Aucun acquis en diététique mais quelle convivialité et quels souvenirs ! Pendant longtemps, elle exauça tous les caprices culinaires des rugbymen béglais, notamment les frites… Des enfants ! Mais des enfants reconnaissants car le premier Bouclier de Brennus, acquis en 1969, fut acheminé, aussitôt, depuis l’aéroport jusqu’aux Capucins, chez Marraine !
@+ JYB/K’nar 💙 le 20.07.2021
avec la complicité de Francis DELTÉRAL et Bernard JUNCA
2 – « Le Chipiron »
Le deuxième épisode nous amène chez le restaurant des ETCHEBEST, « Le CHIPIRON ».
Entre le Pays Basque et les Ardennes, sur la route d’Espagne, la mère cassa le vase à Soissons, un matin de décembre 1966 : ainsi naquit Philippe. Le père Jean-Pierre, chef cuisinier a couru la France, de long en large, pour s’installer, en 1979, près des « Capus », au n° 52 du cours de l’Yser, à deux pas de chez Bamby MOGA… Avec un nom pareil, l’éducation sera basque, les encornets seront des chipirons et tu joueras au rugby, mon fils !
En grandissant dans « l’autre maison », naissent ses passions : il aide son père en cuisine et il file, le mercredi, à l’école de rugby du C.A.Béglais, tenue par le Norbert ESTIVAL et Claude BAYENS. Dans ce groupe, certains deviendront Champions de France Minimes, alors qu’un autre deviendra Chef étoilé… Les premiers nommés avaient fêté le titre national au « Chipiron » : bienvenus à la maison !
Le suffixe du nom de famille suffit à dire qu’il s’agit du meilleur. Si vous en doutiez, et en souvenir du bon temps passé, allez déguster les chipirons farcis au chorizo de Philippe ETCHEBEST.
@+ JYB/K’nar 💙 le 23.07.2021
3 – la buvette de musard !
Le troisième round de la saga s’arrête dans la buvette de Musard, chez Annie & Jacky JAMEAU.
Passe plongeante dans le passé ! Passé le grand portail de Musard sur le fronton duquel était inscrit « stade Delphin LOCHE », on trouvait la maison de « Monsieur Musard », comme l’avait dénommé un journaliste d’un journal local … Cet homme est un monument ! Il savait tout faire sur un terrain comme en dehors. Éternel fidèle au C.A.Béglais, il fut tour à tour demi de mêlée, capitaine puis entraîneur de la première équipe de Bègles, éducateur de l’école de rugby, membre du staff de toujours, et patron, avec Annie, d’un lieu incontournable de Musard
Chaises en bois et petites tables de bistrot : les vieux y tapaient la belote carton, parfois « coinchée », avec des jetons de couleurs pour comptabiliser les points de leurs parties. Le père SUHEBIETTE y buvait son « baby-orange », un truc qui lui décollait régulièrement les dents, alors que les plus jeunes jouaient au baby-foot. Les équipiers premiers y déjeunaient parfois le jeudi après leur second entrainement hebdomadaire… Puis, le grand JUNCA et Jeannot TRILLO jouaient à la manille avec Bamby MOGA et « TCHAKET » en mangeant des pruneaux à l’eau-de-vie dans des mini-verres. Pendant ce temps-là, Francis MALARD continuait, encore et encore, à mesurer le comptoir dont on n’a jamais su finalement sa longueur.
Pour ma part, j’y passais après l’entrainement, à l’heure où les poteaux s’estompaient dans la nuit après que l’éclairage des terrains fut éteint et avant que les paupières s’alourdissent. La veilleuse lumineuse de l’enseigne, à l’effigie du CAB, éclairait notre cap : « cercle privé, réservé uniquement aux sociétaires » ! Un bon pour une boisson gratuite ou quelques centimes au fond des poches autorisaient une désaltération bienfaisante : Cacolac ou limonades en tous genres, au nom d’onomatopée, aromatisées à l’orange ou au citron. Pour les garçons, Pschitt Citron ou Pschitt Orange pour les anges. Cela devait nous doper ! C’était l’époque où les bouteilles en verre étaient consignées avec leur bouchon en porcelaine et leur joint en caoutchouc… Selon les générations, les filles d’Annie et Jacky (Martine, Cathy et Sophie) servaient des CHOC orange ou citron, des TROPICO aux fruits exotiques ou des ORANGINA dans leur bouteille en verre.
On y trouvait aussi des plaques émaillées de « Cinzano » ou « Suze »… Sur le mur face au comptoir, le tableau noir indiquait les matches du dimanche, de toutes les équipes. Mais, le mur qui attirait systématiquement mon attention, était celui à côté de la porte d’entrée. Y était accroché un cadre en cailloux-lavés représentant un joueur en damiers bleus et blancs dont le raffut laissait à penser qu’il n’allait pas être qu’amical : « ce cadre est fait avec toutes les dents cassées de nos adversaires restées sur la pelouse après les matches ». Plus qu’une œuvre d’art, une anthologie !
Je l’ai retrouvé bien des années plus tard, sur le stand des Musardingues, à une Fête de la Morue. Le boulevard de la Tortue devant s’élargir, la caverne fut détruite en 1993 et le cadre fut récupéré par un soldat anonyme comme on l’avait été le bouclier Arverne de Vercingétorix dans Astérix…
@+ JYB/K’nar 💙 le 26.07.2021
avec la complicité de Manu ASTIER, Jean-Pierre DESBETS, Jean-Michel DIHARCE, Patrick DUPLEIX, Jean-Michel DUBEDOUT, Jean-Louis FILLON, Bernard JUNCA, Francis LASSERRE et Jean-Luc RUAUD
4 – « Le Radis » !
La quatrième dimension de la saga consacre « Le Radis » de Bernard Lasserre. « Le Blond » et « Le Radis » étaient faits pour se connaître tant ils étaient à eux deux dans la symbolique de Bègles.
« Le Blond » était le parfait anonyme que tous les clubs de France et de Navarre ont dans leurs rangs… Anonyme parce qu’il n’a jamais eu sa vignette dans les albums Panini, et pourtant tout le monde le connaît ! Fidèle lieutenant de Norbert ESTIVAL à l’école de rugby, là même où je l’ai connu des années auparavant… À l’époque, certains pouvaient nous confondre en raison de la couleur de nos cheveux et de notre stature. Très vite, l’illusion fut dissipée ! Je n’avais ni sa gouaille caractéristique, ni sa santé de fer qui l’autorisait à jouer jusqu’à deux matches dans un même week-end, voire même trois, selon la légende qui partait de Birambits pour la porter jusqu’à la gare du Dorat.
Demi de mêlée, 3ème ligne ou talonneur, « Le Blond » et son bar connurent leur heure de gloire lors du titre de 1991. Ouvert depuis à peine un semestre, le Bouclier de Brennus y a été bien arrosé dans la nuit du 2 au 3 juin : au comptoir du « Radis », la jauge du pastis avait alors battu tous les records. La photo a fait la une des pages de la presse locale, gazettes quotidiennes, magazines hebdo ou revues mensuelles, voire des encyclopédies annuelles, sans oublier les réseaux sociaux actuels. Le cliché résume à lui tout seul l’ambiance qu’on y trouvait… On y avait souvent la banane et on y trouvait la « Banane » et la bande du Dorat, venu chercher un vent de nostalgie sur des tricandilles grillées. Le vendredi midi au « Radis », le repas était diététique : tête de veau, sauce gribiche !
Au troquet, on trouvait également d’autres jeux de vilains ! Les handballeurs des Girondins en avaient fait leur repère : « Le Blond » n’hésitant pas à leur laisser les clés du « Radis » alors qu’il était absent ou sur le terrain de Cénac. Parfois, ils les retrouvaient le soir pour leur faire des frites…
Le Paradis au Bar Radis !
@+ JYB/K’nar 💙 le 29.07.2021
avec la complicité de Francis LASSERRE et Dédé BERTHOZAT
5 – « Le Radis » !
Le cinquième élément de la saga nous rajeunit avec les soirées estudiantines et le café-brasserie « Le Plana » de Jean-Luc BOBET
Nous sommes en 1926… Joseph SOURGENS (demi d’ouverture du C.A.Béglais) vient de fêter Noël avec sa seule et unique sélection en équipe de France contre les Māoris de Nouvelle-Zélande. Peu de temps après, Marie et Clovis PLANA descendirent la Garonne, d’Agen à Bordeaux, avec leur fille Georgette dans les bagages. La mère, Marie, avait une sacrée réputation de cuisinière : elle ouvre un restaurant sur l’emplacement d’anciennes écuries près de la Porte Saint Julien, dite d’Aquitaine, sur la place du même nom avant de prendre le nom de « La Victoire », à la fin de la Grande Guerre, en décembre 1918… La petite Georgette quant à elle, avait un sacré tempérament, en plus d’un joli brin de voix : elle chantait et dansait sur les tables pour retenir la clientèle. La route d’Espagne est toute proche : « Et Viva España ! ». Georgette PLANA devient connue dans le music-hall et la chanson française… Est-ce parce qu’elle fut une des rares à chanter les vertus des rugbymen que Jean-Luc BOBET s’est intéressé à cet endroit ? On ne le saura jamais !
Mais, très vite « Le Plana » se transforme en bar de fête. Il est le lieu incontournable de plusieurs générations d’étudiants, l’un des plus gros tirages de bière de France : enceintes sur la place, bières servies dans des verres en plastique, ambiance de ferias basques ou landaises, jusqu’à la fin des années 1990. Bob recrute son service d’ordre au CAB : LESTAGE, CLERC, NOGUES, SIMON, CONCHY ou ACCO… A ce moment, le Grand BOBET profite des travaux du tramway et assagit l’établissement, renouant avec le passé culinaire de ses origines, pour proposer, depuis près de 20 ans, une excellente cuisine traditionnelle et authentique du Sud-Ouest, un peu jazzie… Du « Plana », ainsi transformé en brasserie-chic, il ne reste plus que le marbre du zinc.
Jean-Luc BOBET, un béglais de la première école en passant par Berthelot, a grandi à Bègles… Petit-fils d’un restaurateur béglais, installé au bar de l’Athénée, rue Pierre Curie à Bègles, qui n’existe plus aujourd’hui… Le « Grand BOB », pour ma part, je l’ai connu au CFM d’Hourtin, haut lieu des marins du C.A.Béglais. À l’époque, je faisais mes classes et je croisais l’infirmier Dédé BERTHOZAT, le chauffeur Denis KÉKÉ ou le matelot Philippe SOULÉ… On formait une belle petite équipe jusqu’à un matin où Bamby MOGA me dit : « Petit, tu vas aller te former à l’École des Fourriers à Rochefort… Tu reviendras dans un mois… À ta place, on fait venir à ta place un gars qui s’appelle BOBET ! ». Je ne suis jamais revenu à Hourtin…
Et Viva El Plana !
@+ JYB/K’nar 💙 le 02.08.2021
avec la complicité de Jean-Pierre DESBETS, Manu CASTRO
6 – Le Pénalty !
Le sixième sens de la saga nous fait faire un petit tour au palais des footeux à Bègles, le café-brasserie « Le Pénalty » de Nordine KACI.
Sus à ceux qui ratent ! En une période où les tirs au but sont très déterminants, la nostalgie du titre de Champion de France de rugby reste forte et la proximité avec les joueurs de 1991 est toujours présente. En effet, le Bouclier de Brennus y fut amené par les Champions de France 1991, deux jours après le titre.
À l’époque, depuis le quart de finale contre Stadoceste Tarbais de Philippe DINTRANS et Thierry JANECZEK, les supporters du CABBG avaient peint sur la chaussée l’un des symboles du club, le radis, d’un diamètre assez grand, accompagné de la célèbre tortue. La fresque était assez visible pour que le « Bout de Bois » y fut présenté après l’avoir été chez « La Blanche » voisine… MOSCATO passait derrière le comptoir et servait avec le patron : tournées générales ! C’est ainsi que les frères ennemis du sport collectif (foot & rugby) se sont vus réunis sous le damier bleu et blanc
Je n’ai jamais mis les pieds au « Pénalty », je ne connais pas son patron, mais j’avoue que j’aurais aimé être présent ce jour-là ! Je n’ai plus qu’à y aller un vendredi, jour de couscous… Chante la vie, chante… Fredonne ce bruit du blé sur la bassine : ksss, ksss… ksss, ksss… ksss, ksss…
@+ JYB/K’nar 💙 le 10.08.2021
avec la complicité de Yaya DUPLEIX
7 – Le Chiopot !
La septième merveille de la saga nous amène sur les quais de Bègles, au restaurant « Le Chiopot », tenu par Jean-Claude COUTENUIT et son épouse Françoise.
Voilà une vraie institution béglaise ! Le nom du « Chiopot » est étroitement associé à celui du C.A.Béglais, mais quel drôle de nom ! Tout aussi drôle que celui de Musard… Bègles avait pour particularité d’avoir plusieurs sècheries de morue sur la commune, à une époque où la voie sur berge n’existait pas, mais le plus vieux métier du monde était déjà là… Le grand-père de Jean-Claude, habitait ici, il y a près d’un siècle, dans cette petite maison et travaillait sur les quais de Bordeaux. Les abattoirs étant proches, le midi avec ses compagnons de travail, il faisait dans la grande cheminée des côtes de bœuf et autres viandes… Il comptait les palettes sortant des chaluts et ne pouvait donc pas bouger de son siège d’où le nom du « Chiopot » ! Le lieu était prédestiné, le petit-fils y a rajouté la convivialité du rugby. Il préférait déjà le potiron à la citrouille, rien que pour sa forme, sans parler du goût… Il y a de la grâce, même en ovalie ! 🏉
J’ai souvenir que Mme COUTENUIT accueillait les clients et s’assurait que les rugbymen se tiennent à carreaux, comme de vrais damiers… Le Chef, quant à lui, avait la tête dans ses fourneaux et le corps tout entier dans la cheminée. Passé le seuil, on avait atteint la terre que l’on disait promise. Partisan du rite de l’assiette, Jean-Claude était un cuisinier généreux et discret, comme sa cuisine. À défaut de toasts au foie gras sur le comptoir avec le maxi américano de Jean-Claude, c’était festin d’entrecôtes copieuses et de tripailles savoureuses comme les Béglais faisaient un festival de passes et d’essais sur le terrain de Musard. Pour ma part, j’y ai découvert les brochettes de tricandilles grillées et je n’y mange que ça quand j’y retourne… Hummm ! Le tout arrosé par le récurrent Chapeau Pipeau ! Rien à voir avec les repas végans ou les assiettées chiches.
Réputé tant pour la qualité de sa viande que par l’ambiance qui y régnait, le restaurant est vite devenu une annexe de Musard. « JC », le blond tout rouge et toujours devant sa cheminée. Les MOGA y avaient leurs habitudes, le Comité Directeur s’y attablait régulièrement, les joueurs de la Première y préparaient leur avant-match et y fêtaient leur après, et Bambi y régalait souvent les équipes des Cadets ou Juniors jeunes méritantes. Fidèle en amitié, abonné de la tribune de Musard, fervent supporter de l’équipe de rugby de Bègles, Jean-Claude COUTENUIT avait de solides amitiés auprès des anciens joueurs et il était membre des « Musardingues ». Si tu venais avec Bamby, tu entrais par la cuisine et tu y mangeais… Parfois, trop marrant quand Françoise, préparait la note et que Jean Claude nous faisait payer la sienne dont le prix défiait toute concurrence, sans oublier l’Armagnac pour finir.
Jean-Claude COUTENUIT a passé la main en 2000, à l’heure où le rugby s’installait dans le professionnalisme : un signe ! Puis, l’ancien patron du « Chiopot » s’en est allé fin 2012, un soir de novembre où l’automne joue à cache-cache avec l’hiver. Avec son départ, se tourne une page de l’histoire de Bègles. De cette époque, il ne reste plus qu’un mur de photos en noir et blanc, entièrement dédié à l’épopée des Damiers du CAB, qui attirent régulièrement d’anciens nostalgiques… et la cheminée !
@+ JYB/K’nar 💙 le 14.08.2021
avec la complicité d’André BERTHOZAT, Daniel DELPECH, Nicolas ESCOUTELOUP, Philippe LABARBE, Jean-Pierre OLIVA, Scott PALMER et Bernard VILLATE
8 – Le Lion d’Or !
Le Grand Huit de la saga nous conduit à l’hôtel-restaurant du « Lion d’Or », dans le quartier de la gare de Bordeaux, tenu par la famille NOGUES.
Annexe de l’École de Santé Navale de Bordeaux, les « Navalais » y avaient aussi leurs habitudes… En grande tenue, l’air martial, uniforme bleu marine, boutons dorés, galons argentés, gants blancs et casquette blanche légèrement inclinée sur l’oreille ou en arrière, les « Navalais » pouvaient y retrouver des jeunes Béglais, à la tenue beaucoup moins guindée, avant de partir en Extrême-Orient, en Indochine ou en Afrique tropicale…
« Le Lion d’Or » était effectivement le rendez-vous des vendredis soir pour des générations de Juniors-Crabos ou Reichel, au début des années 80… J’ai de très bon souvenirs de cette famille : Pierrot, le père, en était le Capitaine de Vaisseau avec son épouse, Monique, médecin-major du bateau… Successivement, Eric « le tire-bouchon », Franck le « décapsuleur », ou le petit dernier dont je ne me souviens jamais le prénom (Frédéric ?), si ce n’est son surnom (BéBé), nous ont proposé de trainer nos gueilles dans leur cour familiale, formidable école d’humilité et de camaraderie. Prestige !
Comme Santé Navale, quelques années plus tard, « Le Lion d’Or » s’est sabordé dans le tumulte des souvenirs en damiers bleus et blancs. En ces temps de vaccins et de pass-sanitaires, ces deux augustes boutiques font défaut au paysage bordelais. Nul doute que Pierrot, trop tôt parti, aurait apprécié cet article. En attendant, Monique dit toujours « Allez Bègles ! », dans les travées de Chaban pour les matches de l’UBB…
@+ JYB/K’nar 💙 le 21.08.2021
avec la complicité de Amédée DIHARCE, Bernard MERIC, Fred NOGUES et Jean-Luc RUAUD
9 – Le Bougnat !
La preuve par neuf de la saga nous oblige à une halte incontournable, celle du bar « Chez le Bougnat », tenu par « Le Bougnat ».
« Le Bougnat », c’est un terme originaire d’Auvergne. Cela désigne une profession en lien avec l’artisanat et de la récupération des métaux, tels les rémouleurs, puis qui s’est s’orientée progressivement dans le commerce du bois, du charbon (livré à domicile), des boissons (vin, spiritueux, limonade). Au final, le terme désigne des « cafés-charbons », tenus par des bougnats, à la fois débits de boisson et fournisseurs de charbon. Ils étaient souvent installés dans les quartiers populaires. L’homme livrait le charbon, tandis que son épouse servait les clients. Et certains complétaient leur activité par la restauration…
Notre « Bougnat » de Bègles était seul et faisait tout, tout seul : pas de salarié et pas d’effectif ! Le père « Bougnat », de son vrai nom BIÈS, charbonnier de son état, avait ouvert son troquet auvergnat, plus charbon et bois, dans la pure tradition des « bougnats » auvergnats de Paris, dans l’entre-deux-guerres, en juin 1934. Le destin se fait cruel et le « Bougnat-père » se meurt peu de temps après, laissant le soin à sa femme Catherine, jeune maman, de reprendre le flambeau. Son fils, le petit Jean, ne tardera pas à délaisser l’école pour aider sa mère dans ce commerce béglais. Le « Bougnat-fils » ne quittera plus le bar de la rue Pierre-Curie. Avec le progrès, seul le négoce du fioul remplace celui du charbon. Pour garder le charme béglais, le fond du jardin a accueilli des chèvres et un mainate…
« Chez le Bougnat », c’est un bistrot à l’ancienne, un bar-cave tout en bois et en ferraille, dans une petite échoppe nichée au cœur de Bègles, rue Pierre-Curie. C’est la personnalité du « Bougnat », toujours derrière son comptoir, qui marquera les esprits et les mémoires. Jeannot BIÈS était plus à l’aise entre les bouteilles et les boulets de charbon. La restauration n’était pas de type bistronomique, mais plutôt de type rapide : de simples casse-croutes faits maison, et du jaune et du blanc, mais ce n’étaient pas des œufs… Ce fut pendant plusieurs années le premier débit de Ricard de la région. Chaleureux bistrot, constamment bondé, beaucoup y ont refait le monde d’ovalie, parlé d’anciens et rêvé de tortue à damiers, nourrie aux radis… Il restera toujours une façade minuscule avec une porte vitrée donnant directement sur un passage-piétons, permettant à ceux qui en sortaient de le faire en toute sécurité.
Sa vie est un roman, bourré d’anecdotes romancées ou transformées en légendes à force de tournées générales. Un jour, c’est une mine qui saute alors qu’il était jeune militaire en Algérie : il en sort indemne. Un autre jour, il est sauvé d’une baïne vicieuse par un pneu de camion en guise de bouée : un chalutier le récupère à son bord. On dit aussi qu’il a gagné au loto et qu’il a tout distribué à plusieurs compagnons d’infortune : sans doute trop généreux, il aurait tout perdu sans pour autant que le troquet s’améliore ou s’agrandisse. Un grand seconde ligne du CAB a construit sa maison à Bègles, à coté de « Chez le Bougnat ». La première réunion de chantier, s’est finie devant le comptoir de Jeannot… 3 heures après la première tournée, deux des maitres d’œuvre ne tenaient plus debout et les autres avaient du mal à s’exprimer et à marcher pour rentrer chez eux…
« Chez le Bougnat » était un bar-cave où se fréquentaient ceux qui en avaient et ceux qui n’en avaient pas… Entre le deux, il y avait « Le Bougnat ». Le patron est un amoureux de l’ovalie et ne jurait que par le CA.B., le C.A.B.B. ou le C.A.B.B.G., et peu importe que le damier soit à petits ou à grands carreaux. Le bar est ainsi devenu le fief de beaucoup de Béglais et de leurs amis, des joueurs de l’ovalie et de tous ceux qui en commentaient les exploits. Si beaucoup de Béglais se souviennent des festivités de folie après le titre national de 1991 (« Bougnat, apporte-nous du vin, celui des festins et des sacres ! »), peu se rappelaient de l’avant-match… Le reportage traditionnel, dans les deux villes finalistes, prévu au journal de 13h d’Antenne2, le samedi 1er juin, n’a jamais été diffusé dans sa totalité ! Il n’y avait pas la partie sur Bègles car les trois journalistes parisiens, venus le faire, sont restés les bras en croix, affalés dans leur voiture dans la cour du « Bougnat ». C’était « le tarif maison » proposé par Jeannot BIÈS : consommer sans modération et pour pas cher.
Le « Bougnat », personnage truculent, est décédé en 2014, à l’âge de 80 ans… Toujours derrière son comptoir, c’est là que les Béglais s’en souviennent le mieux. Mais ceux-là, à force de l’appeler « Jeannot » ou « Le Bougnat », ignorent vraisemblablement son véritable état-civil : Jean-Pierre BIÈS !
@+ JYB/K’nar 💙 le 27.08.2021
10 – La Blanche !
Le 10ème commandement de la saga nous amène tout près de l’église de Bègles, le café-brasserie « La Blanche » tenu, pendant près de 15 ans, par Philippe GIMBERT et la famille REIGT.
Un Appelous chez les « Rapetous » ! Natif de Haute-Loire, Philippe GIMBERT est certainement le plus discret des trois crânes rasés… Il a pourtant obtenu autant de sélections avec le XV de France que le plus médiatique des trois. Pilier explosif comme un troisième ligne, formé au jeu groupé, il a vu sa carrière internationale prometteuse s’arrêter brutalement, victime collatérale de la très arrogante expulsion de son camarade de première ligne : chauve qui peut ! En tout cas, Philippe devra s’en contenter, car avant de trouver mieux, ses cheveux seront longs : da-da-da-da-dam !
Les cheveux ont poussé et le Bouclier de Brennus a séjourné quelques semaines à « La Blanche »… L’enseigne à l’immaculée couleur tient son nom au prénom de sa première propriétaire : Blanche ! Pour autant, « La Blanche » aura-t-elle blanchi son nouveau propriétaire, aidé par sa belle-famille et de la jolie Céline ? L’arrivée de Manon des sources, en 1992, décide Philippe et « le Papé-Moustique » à investir les lieux. Déjà, le poète de la famille y tapait régulièrement le carton et semblait heureux d’y jouer dans son bout de village. En fait, les REIGT sont des amoureux de Bègles. Ils ont vécu et grandi tout près, rue Louis Rochemond, anciennement avenue de la gare… Et quand on vit à Bègles, on tombe dans le rugby, comme une âme qui s’attache à ton âme : Pierre, André, Jean-Pierre (moustique), Christophe, Cathy… jusqu’à Jules ! Même Manon décida de quitter son cheval à bascule pour la pratique du jeu ovale… Quand Christophe revient de Lourdes, l’immaculée conception le ramena à « La Blanche », en lieu et place de son père. Le duo d’anciens joueurs y attira immanquablement le monde du rugby : on aménagea une salle dédiée aux joueurs de la « Première », avec des chaises longues et une télé grand écran… Le professionnalisme n’avait pas encore ses entrées !
GIMBERT y resta une petite quinzaine d’années, avant de repartir dans le Médoc et passer la main à José… Da-da-da-da-dam !
@+ JYB/K’nar 💙 le 14.09.2021
avec la complicité de Jean-Pierre REIGT et Cathy GIMBERT
11 – « Chez Marlène » !
Honneur aux dames : j’ai commencé la saga avec « Chez Marraine », je vais la finir avec « Chez Marlène ».
J’ai une tendresse particulière pour Marlène avec sa gentillesse et son sourire, hérités de sa maman, tout comme sa cuisine… L’établissement est installé sur un ancien marais (palus), à l’angle du quai de Paludate et de la rue des Bordes, sous la passerelle Eiffel. Au bout du quai, flottent des brumes de violence et de trafics douteux… Même aujourd’hui, la réputation du secteur est qualifiée de dangereuse… Mais, à l’heure où les boites de nuit se vident, le troquet des quais vit, quant à lui, au rythme des abattoirs et fut longtemps le repère des bouchers ! C’est un restaurant d’ouvriers qui recevait bouchers, cheminots ou postiers qui triaient le courrier : l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Le peuple des humbles y a trouvé refuge : chaleur et sourire étaient inscrits au menu…
Marlène avait repris en 1981 l’établissement tenu par ses parents… Au fil des années, Marlène, avec ses lunettes rouges et ses yeux de biche, a su se constituer une clientèle fidèle d’habitués qui aiment retrouver le goût de la cuisine simple, traditionnelle, et sans chichi. Ici, on ne vient pas que pour la morue, la blanquette de veau ou la morue, mais pour l’accueil toujours souriant et chaleureux. Son secret, l’amour des choses naturelles : tout est frais ! Au café des délices, on n’y mange que le midi… Jamais le soir !
Fidèle supportrice du C.A.Béglais, elle a rencontré dans les travées de Musard, Jean-Pierre, un ancien électricien des Établissements Drouard. Et voilà le grand Jacquet, l’aimé, installé au bout du quai, plus exactement derrière le bar, juste sous le maillot à damiers. Bien naturellement, Marlène prépara, de temps en temps, le repas pour les équipes de rugby que lui envoyait Jacky JAMEAU. L’école de rugby y fut reçue à plusieurs reprises, ainsi que d’autres équipes d’anciens ou vétérans et parfois même le soir…
Aujourd’hui le quartier s’est transformé et embourgeoisé… Le quai des brumes des abattoirs s’est éloigné et un monde nouveau a surgi de façon « Méca »…nique ! Forcément, certains vont se tromper de quai car le n°32 est fermé définitivement…
@+ JYB/K’nar 💙 le 21.09.2021
avec la complicité de Jean-Pierre OLIVA
EPILOGUE
Avec le dernier jour de l’été, je termine le feuilleton de l’été, à propos de mes anecdotes ou souvenirs sur les bars et restaurants fréquentés par les Damiers… J’aurais pu m’attarder sur « Le Damier » qui connaît un réel renouveau… Par pudeur, je n’ai pas osé évoquer « Etche-Ona » de Carlos BROUILLET, ni même « Chez Géraud », chez la belle-mère du regretté Tarzan… J’aurais pu évoquer « La Sardane » de chez Pépé, le « Tourlourou » rue de Bègles ou le « Pelleport », rue Pelleport… Délibérément, j’ai écarté les endroits de la nuit (le Vert Galant, Number One, Triangle, l’Aquitania ou le Monseigneur)… J’espère que vous ne m’en voudrez pas de toutes ces omissions…
Fin de la série !
@+ JYB/K’nar 💙 le 21.09.2021