Saga de l’été 2024 : les maillots

Salut les Damiers 💙🤍 !

Durant tout l’été 2024, à partir de ce week-end et jusqu’au début septembre, commencera la quatrième saga estivale du « Cœur à Damiers », toujours en quinze épisodes, consacrée, cette année, aux différents maillots du club…

Au rugby, la symbolique du maillot est hyper forte ! Il y a une forme de patriotisme de clocher qui se cache derrière tout ça… Sur les maillots des matches internationaux, les blasons varient entre végétal et animal : d’un côté, la rose anglaise, le trèfle irlandais, le poireau gallois, le chardon écossais, la fougère néo-zélandaise, le cocotier fidjien, le chêne roumain ou la fleur de cerisier japonaise, et de l’autre, le coq gaulois, le wallaby australien, le jaguar devenu puma… Du côté de Bègles, le radis s’est acoquiné avec la tortue, comme dans une fable de La Fontaine : « le radis et la tortue » ! (*)

Pour autant, la symbolique du C.A. Béglais, c’est le damier bleu et blanc ! Mais, ce ne fut pas toujours le cas, car pendant deux ans, les copains de Delphin LOCHE jouèrent avec des maillots rouge et bleu prêtés par les cheminots de Bordeaux (l’ASPOM). Ainsi, sur cette première photo d’équipe, en noir et blanc, on ne sait si les maillots étaient bleus avec des parements rouges au col et au bout des manches, ou vice-versa ? Peut-être, certains d’entre vous me le diront-ils pour actualiser cette saga qui sera reprise ensuite sur le blogue « Cœur à Damiers », avec l’intégralité des commentaires…

épisode n°1 – les damiers bleu & blanc**

Je ne suis pas un super joueur de dames, ni d’échecs, mais ce damier-là, c’est ma jeunesse ! « Un maillot à damiers pour mieux jouer aux dames ! », disait-on à l’époque, pour des fous, comme moi, qui avaient pris le rugby pour roi et choisi l’ovalie comme reine. Le motif, fait de l’alternance géométrique entre carreaux blancs et carreaux bleus, de dualité et d’opposition entre le bleu et le blanc, comme un « Vichy » de carreaux, plus couru sur toutes les courses de sports mécaniques, était pour moi très nouveau, pour ne pas dire inédit… Vous avez là le maillot holotype du club devenu le symbole du C.A. Béglais !

Même si on connaît l’histoire, je vais vous refaire le ressort du pitch… Un jour de 1908, les Béglais ont choisi ce maillot en regardant une équipe d’étudiants anglais (les « London Hospital ») qui venaient faire une tournée en Aquitaine. Ils remarquèrent le maillot de ces visiteurs dont les damiers bicolores n’avaient pas manqué de marquer leurs esprits… Aussitôt vu, aussitôt décidé, ils adoptèrent un damier sérré de petits carrés bleu et blanc ! Le choix de ce motif original et reconnaissable du premier coup d’œil marqua longtemps les esprits de tous leurs adversaires en France. (*)

Pendant plus d’une décennie, jusqu’au début des années 1920, les Béglais jouèrent avec ce maillot à damiers, du col jusqu’à la taille, avec une encolure ronde ou ouverte en V avec des boutons… Puis, on retrouva ce maillot pendant les années 1960 : seule la ficelle remplaça les boutons. C’est le maillot des deux finales du championnat de France, à la fin des années 1960, ce qui a sûrement contribué à sa célébrité. Lors du titre de 1969, le blason du club apparaît au niveau du club et le numéro dans le dos figure dans un grand carré blanc. Le logo de l’équipementier (« le Coq Sportif ») apparaît sous la clavicule droite.

Durant les deux décennies qui suivront, le logo du club ainsi que celui de l’équipementier disparaissent… Le numéro n’est plus dans un carré blanc, mais apparaît dans une couleur jaune fluo pour bien être visible et lisible. Début des années 1980, « le Coq Sportif » fournit à nouveau les maillots au C.A.Béglais, mais la fabrication de ce maillot atypique coûte plus cher qu’une tunique uniforme… À l’occasion du changement de nom (C.A.B.B), les dirigeants du club cherchent un nouveau fournisseur. Ils sollicitent leurs homologues de Romans et de Pamiers qui, eux aussi, arborent un damier serré de petits carrés noir et blanc. Le nouveau détaillant (« LB ») conserve le damier à petits carreaux bleu et blanc avec un lettrage et numérotage rouge.

Sous l’égide du CABBG, le traditionnel damier à petits carreaux disparut pour ne revenir au premier plan alors que le club ne l’était plus… On a changé de siècles et l’équipementier « OTAGO » fournit un maillots dont le bleu des carreaux était plus soutenu, les manches raccourcies et le nom du sponsor principal apparaissait dans un large carré ventral à fond blanc, juste en-dessous du logo du club ; dans le dos, les numéros figuraient, bleu sur blanc, dans un cercle, juste en-dessous du second sponsor… Ainsi, fut le maillot de la dernière saison dans l’élite, du damier bleu et blanc !

L’U.B.B. a porté le célèbre maillot à damiers lors de sa dernière prestation au stade « André MOGA », en mai 2015. Le fournisseur « Kappa » fit une bonne opération marketing en vendant ce maillot collector… Enfin, hasard du calendrier du TOP14, lors de la saison 2018-2019, le dernier match à domicile tombait pour les 50 ans de la victoire du C.A.B. en finale du Championnat de France, contre le Stade Toulousain. Pour la circonstance, les joueurs de l’U.B.B. avaient, une nouvelle fois, revêtu le maillot à damiers bleu et blanc (« Canterbury »)…

En fait, avec ce maillot holotype, les Béglais ont toujours été champions que ce soit en Seniors (1969), Juniors (1977), Cadets (1984) ou Minimes (1982)…

épisode n°2 – les damiers rouge et blanc**

Voilà un maillot qui génère toujours une grande nostalgie ! En effet, le damier rouge et blanc servait à ne pas nous confondre avec les équipes qui venaient jouer à Musard, en bleu ou blanc, même si je n’ai jamais vu l’équipe « Première » jouait avec ce maillot « inverse »… Certains le ressortent pour les grandes occasions (centenaires du club, dernier match à Musard), mais ils sont peu à en détenir un exemplaire…

Sa première apparition daterait de 1937, lorsque les quatre grands clubs de rugby bordelais (CAB – SBUC – SAB – BEC) jouaient pour la circonstance avec un maillot à damiers rouge et blanc : il doit être collector ! Est-ce maillot que les Seniors de 1937 portaient. En fait, cette photo est le résultat de l’IA (intelligence artificielle) ! Quelle ne fut pas ma surprise de voir les carreaux rouges du maillot ! Cette photo reste à valider… Dans mes archives, la première photo de ces damiers rouge et blanc date de 1972 et ce sont les Juniors de « Bébert » et « Éli » qui le portent dans un tournoi dans la région parisienne. L’année suivante, l’équipe du Japon vient jouer un test-match à Bordeaux et utilisent les installations de Musard pour s’entrainer. L’équipe « Réserve » fait office de sparring-partner et revêt ce maillot à damiers rouge et blanc… Aucune image de cet affrontement entre Béglais et Japonais n’est disponible, à moins que…

Toutes les catégories des jeunes ont eu la chance de porter cette tunique rarissime qui est réapparu au changement de siècle, sous l’égide du CABBG, grâce à l’équipementier « OTAGO ». Aujourd’hui, seuls les « fouteux » croates rendent hommage à ce maillot à damiers rouge et blanc que l’on retrouve aussi sur la fusée de Tintin ou sur les voies de détresse sur les routes et autoroutes de France…

épisode n°3 – les maillots gris ou bleu horizon

Tout gris or not tout gris, that is the question ! Loin de me prendre pour William Shakespeare, je me suis souvent posé la question sur la vraie couleur des maillots sur ces clichés en noir et blanc sur lesquels on voit les trois frères Moga, les « Biju », Siot, Marrens, Bertheaud, ou Chaban-Delmas.

Une nouvelle fois, j’ai sollicité l’Intelligence Artificielle qui me proposa des maillots bleu-gris à la place du gris des photos en noir et blanc… Cependant, cette fois-ci, les plus anciens ou les centenaires du CAB confirmèrent ce coloris !

Est-ce un hommage aux poilus de la grande guerre ? Est-ce à cause d’un moral morose qui suivit la Libération ? Je n’en connais pas la vraie raison, mais peut-être les aieux du CAB pourront m’en dire plus… En tout cas, à la sortie de la guerre, les Béglais n’ont plus joué avec damiers sur le corps. Seul, le blason du C.A. Béglais figurait en gros sur le cœur des joueurs, même si on le devine à peine. Parfois même, il n’y figure pas…

En tout cas, ce maillot gris-bleu ou bleu horizon fut utilisé jusqu’au début des années 1950 !

épisode n°4 – les maillots bleu marine

Attention, c’est une hypothèse que je formule ! Ma nouvelle amie IA, (Intelligence Artificielle) m’a, là encore, aidé à la formuler à partir d’une tonalité des clichés en noir et blanc… Le supposé noir des maillots des années d’après-guerre n’avait pas la même luminosité, ni le même contraste que le celui des maillots noirs des années ultérieures…  Je trouvais même que la tonalité ressemblait à celle des shorts bleu marine que nous avions dans les années 1970-1980.

Après plusieurs essais, je suis arrivé à la conclusion qu’il y avait dû exister des maillots bleu marine… Après tout, c’est assez logique car tout n’est pas blanc ou noir, dans la vie : il y a d’autres nuances ! Ainsi, pour éviter de voir en noir et blanc l’arc-en-ciel, le bleu de Bègles devient couleur sur ces vieilles photos.

Mais, ce n’est là qu’une version désordonnée pour faire perdre au noir-et-blanc toute identité…

épisode n°5 – les maillots blancs

Les maillots blancs du C.A.Béglais ont connu des hauts et des bas… Néanmoins, on les retrouve occasionnellement dans l’histoire du club, un peu comme des merles blancs…

Je ne résiste pas au plaisir de vous partager une photo, veille d’un siècle, où on voit les Béglais endimanchés d’une superbe veste blanche à parements à damiers bleu et blanc au niveau du col et du bout des manches, histoire de montrer patte blanche… Néanmoins, il n’est pas certain que le maillot ait été aussi blanc que la jaquette !

Au sortir de la guerre, le maillot blanc apparaît sur les épaules des Marrens et Berteaud, comme second jeu de maillots… Mais, il est principalement associé au titre de 1949 (Coupe de France). Dans le dos, les numéros ressortent au sein d’un large carré noir. Au niveau du cœur des champions, le blason à damiers du club apparait nettement !

Dans l’histoire du club, on retrouve la blancheur éternelle au début des années 1970. Les vignettes « Panini » de 1972 montrent nos Béglais dans une tenue de jeunes communiants sur laquelle le crêpe noir rappelle le souvenir de Gino CARON.

La dernière trace que j’ai retrouvée des maillots blancs date de la fin du siècle dernier : l’équipementier de l’époque, « Canterbury » proposait aux dirigeants une version pour les matches en coupe d’Europe… Allez, pour conclure, un petit jeu : sauriez-vous reconnaitre les différents internationaux sur les photos en maillots blancs ? Il y en a sur chaque photo proposée !

épisode n°6 – maillots blanc à épaulières uni

À ma connaissance, les Béglais n’ont joué qu’une fois avec ce maillot blanc avec un empiècement au niveau des épaules de couleur uni bleu (ou peut-être rouge). C’était le 16 décembre 1948 et les Béglais jouaient, au stade Lescure, contre l’USAP dont le maillot est bleu ciel. Or, vous le savez maintenant, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, les maillots des Béglais étaient unis : soit bleu azur, soit bleu marine…

Pourquoi n’ont-ils pas enfilé cette dernière tunique pour recourir à ce maillot rarissime ? Peut-être, le gardien du stade avait-il ce jeu de maillot au fond d’une réserve pour dépanner les Béglais au dernier moment car, au rugby, c’est celui qui reçoit qui doit changer ses couleurs ? Nul ne le sait, à moins que… 

épisode n°7 – maillots à damiers bleu et blanc à épaulières bleu

Après l’intermède des maillot bleu azur ou des maillots blancs de l’après seconde Guerre Mondiale, les Champions 1949 changent de décennie et renouent avec leur origine et retrouvent leurs damiers bleu et blanc. La mode à l’époque, c’est de faire apparaitre la carrure des joueurs et surtout de protéger leurs épaules. Le bleu des épaulières est plus soutenu (le sombre renforce le gabarit). Un petit lacet pour faire tenir tout ça, un short blanc et hop, ça joue !

Cependant, ces maillots existaient déjà puisque, dès le milieu de la décennie des années 1920, les Sourgens et autres « Tatave » (Guichard) portaient déjà le quadrillage du damier bleu et blancs… Seuls, les carreaux étaient plus larges et les épaulières colorées en bleu azur, au niveau de l’encolure.

Puis, les finalistes Juniors de 1936-1937 (contre l’usap) avec Gérard Vidal et 1938-1939 (contre Tarbes) ont porté ce maillot avec le radis placé dans un triangle isocèle pointé vers le bas, sur la poitrine, à la place du logo du club…

Au milieu des années 1950, la bande à Baudorre porte le damier bleu et blanc, mais les épaulières sont bleu marine. Baudorre, Vignacq, Sorrondo, Eymery, Bédère, Sallenave, Joandet, Coulongrat, Sénégas, Dubédout et le petit Jacky Jameau qui plonge pour allonger sa passe vers les lignes arrières où brillent Claude Soleil et le père Diharce… Seul le short devient bleu marine car il suffit le blanc à faire bouillir dans les grandes lessiveuses en acier galvanisé, après les matches… Basta ! Les lave-linges ménagers ne vont se démocratiser qu’avec les années yé-yé…

Néanmoins, avec ce maillot, les Béglais n’ont remporté aucun titre, ni chez les Grands, ni chez les Minots !

épisode n°8 – les maillots noirs

Nous voilà déjà à la moitié de notre saga estivale… Aujourd’hui, bien que bronzés, halés, brunis par le soleil de juillet, nous ne sommes pas aussi noirs que les maillots que les Béglais ont utilisés !

Je ne sais pas pourquoi les dirigeants ont retenu cette couleur de deuil… Mais, la volonté première était de nous différencier des équipes qui portaient les mêmes couleurs que les damiers bleu et blanc… Mais, alors pourquoi ne pas recourir aux damiers rouge et blanc ? En tout cas, pendant près de deux décennies (dès le début des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980), toutes les catégories de joueurs ont enfilé la tenue des « All Blacks »… Rien de bien original !

Le noir, ça va avec tout ! La couleur noir est à la fois calme et puissante : elle peut inspirer le courage, la force et le dévouement et apporter ainsi une sensation d’importance à ceux qui la portent… Une sorte d’aura mystique !Le noir a surtout une qualité qui provient de sa capacité à flatter les silhouettes et à minimiser les petits défauts. En effet, le noir gonflerait les silhouettes tout en jouant sur les volumes… Comme des baleines noires ! Toutes ces vertus ne sont pas des affirmations fausses mais plutôt un piège car, comme toutes les couleurs, le noir peut tout autant vous sublimer comme vous desservir ! Dans un esprit plus rationnel, les maillots noirs permettaient certainement de mieux voir le numéro dans le dos. En revanche, certains étaient tellement moulants, de par leur texture, qu’ils empêchaient tout tirage de maillot ou plaquages au maillot : slim body !

Dans mes archives, la première apparition des maillots noirs date de 1965 : on y voit Jacky Jameau attendre le ballon que Gérard Denjean avait bataillé à la touche. Les shorts étaient blancs à l’époque… Par la suite, les Béglais avaient adopté la tenue de deuil intégral, (hormis les chaussettes), en mémoire du regretté Jean-Michel Capendéguy, mort en pleine jeunesse, tel James Dean, au volant de son bolide, sur une ligne droite des Landes, tout près de Laboueyre… (cf. mon bulletin, lors de la saga 2022, du 18 juillet). On y voit Jean Trillo, tête basse, respecter une minute de silence en honneur de son ami disparu… Ce match, contre Saint-Sever, dans lequel s’est notamment illustré Seriné, se déroulait le 25 janvier 1968, à Talence, au stade de Suzon, alors que la tribune de Musard était en reconstruction… 

Au début des années 1970, la tenue étaient toute noire : seul le col et le lacet étaient blancs, ainsi que le large encart dans lequel figurait le numéro des joueurs… C’est cette tenue qui a été retenue pour figurer dans l’album Panini de 1972-1973 : Crampagne, Dubois, Malterre et Swierczinski étaient ainsi vêtus de noir ! Pendant près de deux décennies, jusqu’à la fin de l’ère du C.A.B.B.G, ces jeux de maillots noirs ont été utilisés par toutes les catégories de joueurs, de l’école de rugby jusqu’aux Seniors, comme une deuxième peau…

Pour ma part, je n’ai jamais trop affectionné ces chemises noires qui me faisaient plus penser à des blousons noirs ou à des oiseaux de mauvais augure : black swans… J’aimais trop les damiers bleu et blanc !

 

épisode n°9 – le grand damier bleu et blanc

Alors, celui-là, il reste un des maillots préférés des Béglo-Bordelais car il est à jamais associé au titre de 1991 ! En tout cas, c’est celui-là qui figure à « Notre Dame du Rugby » à Grenade sur Adour…

Comment en est-on arrivé d’un échiquier à petits carreaux à un carré divisé en quatre parties égales ? Dès les années 1980, le logo identitaire des équipementiers fit son apparition de façon ostentatoire : trois bandes pour « Adidas », la virgule de « Nike », ou le fauve bondissant de la marque « Puma »… Puis, les équipementiers ont, petit à petit, imposé leur loi marketing et proposé des maillots s’éloignant de la symbolique des clubs. Cependant, les designers de la marque « PUMA » eurent l’intelligence de convertir le damier serré de petits carrés bleu et blanc (maillot du titre national de 1969) en un grand damier de quatre grands quartiers bleu et banc (maillot des champions 1991), à l’instar des blasons ou écus des familles moyenâgeuses (*)… Le logo de « Puma » apparaît partout : sur la poitrine, sur les manches, et sur chaque chiffre du numéro du dossard. Quant à la dénomination du club, dans l’attente d’un nouveau logo, seules les cinq lettres « C.A.B.B.G. » sont floquées au niveau du cœur.

De la sorte, le club put insérer des logos publicitaires, sources de rentrées d’argent. « Crédit Agricole » a ainsi accompagné la « tortue béglaise » avec ses trois frères « RAPETOU »… Les futurs Champions de France s’étaient rasés le crâne en signe de ralliement, comme ceux de 1969 s’étaient laissé pousser la barbe (*)… Néanmoins, quelque uns de ces derniers ont connu aussi ce maillot à grands carreaux… Au milieu des années 1960, Daniel Dubois ou Jean Trillo ont partagé cette unique, inédite à l’époque, avec certains finalistes 1967. Généreux, le club a même prêté ce maillot aux « Municipaux » de Dubédout ou Lacau…

épisode n°10 – le grand damier rouge et blanc (**)

Comme il existait des damiers à petits carreaux rouge et blanc (**), l’équipementier « PUMA » proposa, dès 1993, aux Béglais un damier à quatre grands carreaux rouge et blanc… Petit détail qui a son importance, le rouge n’était un « rouge cerise » (ou radis), mais un « rouge lie de vin ». En effet, dans l’appellation C.A.B.B.G., il y a le terme « Bordeaux ». On comprend mieux le clin d’œil au « rouge bordeaux » !

En fait, il y avait eu une première tentative, dix ans auparavant, de ce maillot inédit. Le club avait, comme pour marquer un changement d’époque, adopté un grand damier rouge-bordeaux (lie de vin) et blanc, à l’occasion du changement de dénomination sociale du club, en C.A.B.B. (1983). Sa première apparition fut lors du match du 11 mars 1984, à l’occasion de la réception de l’U.S.Romans qui jouait aussi en petits damiers noir et blanc. Quelle ne fut pas la surprise des vieux « Cabistes » quand le capitaine, François Labat, sortit du tunnel, sous la tribune présidentielle, avec ce nouveau maillot… Une nouvelle fois, ce maillot d’apparat fut arboré lors d’un match de gala, à l’occasion de la réception du grand « S.U.Agen ». D’ailleurs, Bernard Moison a mis en peinture ce match où l’on voit l’ancien Pessacais sonnait la charge sous le nez si caractéristique de l’Agenais Tholot… Beaucoup pensaient que le rapprochement ne se ferait pas entre les deux villes car il y avait une scission inévitable, politique, culturelle, entre Bordeaux et Bègles. Ainsi, la « vox populi » courut le long des travées de « Musard », de la main courante de « l’Académie » jusqu’aux derniers rangs des tribunes : « pas question de remplacer nos damiers bleu et blanc par cette couleur violacée ! D’ailleurs, Messieurs les journalistes, on dit Bègles-Bordeaux et pas Bordeaux-Bègles ! » 

Aussi, pour assurer le réassort de cette version, en 1993, les dirigeants du « C.A.B.B.G. » proposèrent un nouveau blason où figurait en bonne place le radis que beaucoup de supporters béglais utilisaient pour encourager les siens… À y réfléchir, n’était-il pas surprenant de s’attacher à un légume rouge et blanc pour encourager un club en bleu et blanc ? Paradoxalement, le radis est apparu sur le blason du « C.A.B.B.G. » quand on parlait de Bordeaux et de Gironde pour rappeler l’existence de la cité de Bègles. En effet, le radis est devenu le légume fétiche de la ville, en souvenir du temps où Bègles fut un des potagers de Bordeaux. À l’époque, les terrains maraîchers se développaient au rythme de la croissance démographique de la grande ville : les radis de Bègles, les fraises de Pessac, les navets de Villenave, etc. À Bègles, la culture du radis se concentrait sur les terres de Birambits, du Prêche ou de Tartifume…

Ainsi, le radis figura en plein cœur du blason, avec ses larges feuilles qui couvraient le damier à quatre grands carreaux bleu et blanc. On y retrouvait également les trois croissants enchevêtrés de la ville de Bordeaux, en lettres d’or, et les cinq initiales du nouveau club. Aujourd’hui, le petit légume rond, d’un rose soutenu, avec sa petite extrémité blanche, n’existe plus hormis sur le vieux blason du « C.A.B.B.G. » et dans les poèmes nostalgiques d’André REIGT (un vieux « Cabiste », dans une lignée de grands joueurs du club). (*)

épisode n°11 – le grand damier noir et blanc**

Est-ce lié au décès du « Grand » qu’on eut droit, dès 1993, au retour du noir sur le maillot du club ? En effet, André MOGA avait pris de la hauteur en décembre 1992, à l’âge de 71 ans. Il fut honoré par des obsèques grandioses, en l’église du Sacré-Cœur, en présence de Jacques Chaban-Delmas, revêtu de son célèbre imperméable kaki de résistant. Les huit avants béglais portent le cercueil sur lequel a été déposé un maillot à damiers, avec le numéro 4 dans le dos… Le « Grand » laissa son club orphelin : il léguera, comme ultime don, son nom au stade. Un buste trônera également dans l’allée principale, tout près de celui de Delphin Loche…

Revenons au maillot dont il s’agit, là encore, d’une déclinaison des coloris préférés des Béglais, par la marque « PUMA ». Ce maillot à grand damiers scindés en quatre carreaux noir et blanc**, marque la période de l’après « Rapetou ». Les trois trublions étaient partis, presque par provocation, dans le club voisin de l’agglomération bordelaise, avant de trouver fortune au « Stade Français » de Max Guazzini… Dans la presse, on titre : « règlements de compte à OK Musard »… Dans leurs bagages, Laporte et ses accolytes embarquent Christophe Reigt et William Téchoueyres (qui sera, en 1995, international sous le maillot du SBUC). Des clans se forment et se défont… C’est la vie qui passe ! Les autres lauréats de 1991 sont restés au club du radis, notamment sa fidèle deuxième ligne (« Dédé » et son compère « Papy »)… C’est la période Guy Accocéberry et Vincent Etcheto qui remplacent la charnière Laporte-Reigt, tandis que Lanta prend les rênes de l’équipe. L’effectif se renforce de nouveaux noms : Laurent Vergé (alias « la commode ») ou Thomas Clamens (remplacants lors de la finale de 1991), Lupuyau, Lafforgue, Loubsens, Fauthoux, Farner, Barragué, Morizot, Dehez, Dongieu ainsi que des jeunes formés au club, les frères Berthe (Florent & Julien), Collazo, Garcia, Chamboulives, Sourgens ou Voineau…

Le rugby commence à changer et il ne fonctionne plus comme avant… C’est le début du professionnalisme avant l’heure ! Les sponsors entrent dans le jeu du sport-spectacle et leur logo vont grignoter progressivement et lentement la surface du maillot. Le problème, c’est que Bègles attire certes la sympathie, mais pas l’argent, hormis les institutions locales (mairies, département), « CREDIT AGRICOLE » (déjà présent depuis cinq ans), « EYLO Océan » (dont l’importante usine de production de chaleur et de tri des déchets est implantée à Bègles, sur les berges de Garonne), ou encore « SALPROLAIT FRAISPACK » (la boîte de feu André Moga, spécialisée dans le fromage frais emballé)…

épisode n°12 – le maillots à damier asymétrique

Changement de fournisseur, changement de look : c’est souvent le cas !  Le « CABBG », vers la fin du siècle dernier, décide de s’internationaliser et de se tourner vers les contrées australes… Fini, les années « PUMA », les dirigeants se tournent vers la marque néo-zélandaise aux trois kiwis ? « Canterbury ». Est-ce pour cela qu’on a trois Néo-Zélandais dans l’effectif (Scot Palmer – Robbie Mc Donald – Schuwer) ? En tout cas, le fabricant propose un maillot au damier asymétrique : le maillot est entièrement bleu foncé, hormis la manche gauche qui est blanche, alternant avec l’épaule droite, également blanche…

En fait, ce maillot revisité fait la part belle aux sponsors ! Les rentrées d’argent font venir quelques grands noms du rugby français, voire des premiers « mercenaires » d’un rugby qui professionnalise petit à petit à l’approche du 21ème siècle… C’est l’époque de Brouzet (qui débarque à Bègles avec déjà une douzaine de sélections à son compteur), du buteur Sébastien Paillat (sans son frère), des toulonnais (Loppy, Orsoni, Gérard, de Rougemont) et des néo-zélandais précités… À la suite du duo d’entraineurs (Lanta et Chadebech), l’inusable « Zaza » reprend du collier et mène son équipe d’« enculés » en quarts de finale du Championnat ainsi que du Bouclier Européen. La saison suivante, avec un nouveau duo d’entraineurs (Philippe Berbizier et Peyo Lupuyau) encadre les Béglo-Bordelais. L’équipe est belle, mais elle ne dépasse rarement les quarts de finale dans le « money time » !

Au niveau du sponsor principal, là encore les dirigeants ont fait preuve d’exotisme : « DAEWOO » (prononcez dèou) ! Le constructeur automobile Sud-Coréen tente de percer sur le marché européen, mais qui se souvient des noms de ses berlines… En vain, car le groupe disparut en 1999 : le volcan s’est éteint dans le grand univers ! L’autre partenaire financier, « Itineris », essaye de se frayer un itinéraire dans le marché de la téléphonie mobile. La marque figure en bonne place au verso des maillots ou au-dessus du logo du club… Là encore, le logo a, lui aussi, évolué : il a la forme horizontale d’un ballon de rugby avec le damier à quatre carreaux bleu et blanc** ; les croissants de lune entremêlés de la ville de Bordeaux y figurent discrètement… Le changement majeur réside dans la calligraphie des cinq lettres « CABBG  » dont la police de caractères est plus policée : handwriting ! Seules les lettres figuraient sur le maillot au damier dissymétrique… Il existait une version noir et blanc de ce maillot…

D’autres commanditaires financiers plus locaux apparaissent sur le maillot. La radio béglaise de la bande FM, « Wit FM » et le « Bistro du Sommelier », à l’angle de la rue Georges Bonnac et à l’ombre des gratte-ciels de Mériadeck… Le sommelier, c’est lui : Hervé Valverde ! Amoureux des sports bordelais, Hervé Valverde a ouvert un restaurant-bistrot qui démocratise les grands vins en y associant une cuisine locale traditionnelle (notamment des tricandilles)… Les dirigeants du « CABBG » y prirent leurs habitudes, comme ceux du « C.A.B. » les prenaient au « Chiopot ». Le « Bistro du Sommelier » (sans « t »), c’est le nouveau « Chiopot » (avec un « t ») !

épisode n°13 – le maillots unis à épaulières en damiers

On change de siècle en même temps qu’on change de monnaie. On est passé à l’€uro sans bug informatique… Les boîtes de logiciels informatiques, de bureautique et de logistiques se multiplient. Le XXIème siècle sera celui de la dématérialisation et des connexions à internet. En la matière, les asiatiques sont les champions ! Est-ce pour cela que les dirigeants du club ont choisi la marque « ASICS » ? Allez savoir…

« ASICS » est un équipementier sportif japonais (Kobé), fondé en 1949 et notoirement connu pour ses chaussures de course à pied. « ASICS », c’est l’acronyme de l’expression latine de « Anima Sana In Corpore Sano »… En français : « une âme saine dans un corps sain ». La marque japonaise est alors connue pour ses chaussures de sport, en y intégrant des « talonnettes » ou des semelles intermédiaires, ce qui diminue la pression subie par le tendon d’Achille, et permet de courir plus vite car les pieds sont légèrement inclinés vers l’avant…

Avec « ASICS » (qui souhaite développer d’autres équipements sportifs), les Béglais renouent avec le damier serré de petits carrés bleu et blanc**… Mais uniquement sur les épaules, comme un négatif au maillot des années 1950 (cf. l’épisode n°7) ! Ce retour au passé se décline aussi dans le blason du club qui est imprimé sur le maillot… Celui-ci retrouve sa forme triangulaire, avec les cinq lettres du CABBG inscrites en rouge, et le tout surplombé de deux étoiles, correspondant aux deux titres de champions de France.

Le maillot « ASICS », qu’il soit bleu ou blanc, laisse la part belle aux sponsors en leur assurant une meilleure lisibilité… Finie la période des voitures sud-coréennes, on revient à du classique : « FORD », dont l’usine de boîtes automatiques est tout proche (Blanquefort). « FORD » est devenu le sponsor principal ! Il est associé à des financeurs en vogue, soit dans l’informatique (« Idéal Informatique »), soit dans la diététique avec les compléments alimentaires (« Protidiet »). Quant à « Wit FM » et « Itinéris », leur logo sont descendus du maillot vers le short… Bientôt ce sera sut les fesses ! À quand la publicité sur les chaussettes ? Les nouveaux « hommes sandwich » véhiculent ainsi tout le symbole de la société de consommation. En tout cas, ils se généralisent chez les rugbymen, comme dans d’autres sports, sans que quiconque y trouve à redire, car cette pratique pourrait être considérée comme portant atteinte à la dignité de la personne… Mais là, c’est une autre histoire !

Avec ce maillot, on traverse le cycle des Kubzik, Loustau, Manas, Souverbie, etc. etc. etc. Brouzet vit ses dernières heures au « CABBG », ainsi que Collazo… Ces pertes semblent être compensées par les arrivées d’une petite colonie argentine : Federico Mendez, Lissandro Arbizu ou Ignacio Fernandez-Lobbe… La famille « Reigt-Gimbert » revient aux manettes de l’équipe fanion, en souhaitant faire partager ses expériences rugbystiques dans les différents clubs qu’elle a fréquentés…

C’est également la période de la naissance d’un grand nom du rugby : Thierry Dusautoir ! Le garçon aux quatre-vingt sélections et aux cinquante-six capitanats en Équipe de France, s’annonce comme le grand espoir du rugby béglais… Né en Côte d’Ivoire, il rejoint la France à l’âge de dix ans. Il s’essaye d’abord au judo et ce sont ses camarades de lycée qui le conduisent au rugby au club de Trélissac où il apprend les bases du rugby. Par la suite, il rejoint le club du « C.A.Périgueux » qui évolue alors en « ProD2 »…. Après avoir obtenu son baccalauréat scientifique à 17 ans, il fait « Maths Sup’ », puis rentre à « l’École Nationale Supérieure de Chimie et Physique » de Bordeaux. Estimant ne pas pouvoir assumer le coût des allers-retours entre Bordeaux et Périgueux (l’autoroute n’est pas encore inaugurée), ses entraîneurs le mettent alors en contact avec le club du « CABBG » où Thierry Dusautoir commencera ainsi sa carrière en championnat de France, alors désigné sous le nom de « Top 16 ». À l’époque, il n’est pas encore international, sauf dans les équipes de jeunes…

Au « CABBG », les résultats ne suivent pas et ce sont finalement deux saisons « galère » dans lesquelles se sont embarqué les Béglais, à tel point qu’ils flirtent avec la relégation, sauvés par un goal-average favorable… Les Béglais sont passés à l’« Orange » et « Ford » s’est mis au point mort : ça sent le début de la fin !

épisode n°14 – le maillots uni à liseré en damiers

En 2002-2003, c’est le retour du « Puma » et du petit damier ! L’équipementier autrichien connaît la musique : lisibilité et visibilité sont les deux mamelles du marketing sportif… Lui qui nous avait proposé les grands damiers des années 1990, nous présente un maillot uni (bleu ou blanc) avec un liseré à petits damiers (bleu-blanc ou rouge-blanc) situé juste dessous les pectoraux et le long des manches.

Si les nouveaux maillots laissent une place importante aux encarts publicitaires, c’est un peu plus flou dans l’arrière-boutique. Depuis 2001, le C.A.B.B.G. est devenu le C.A.Bordeaux-Bègles-Gironde… Certains pensaient que la primauté de Bordeaux sur Bègles permettrait d’engranger les millions nécessaires à l’existence d’un club professionnel, même si la scission politique et culturelle, entre les deux villes, était encore vive.

Le club fait alors partie du « Top 5 » des clubs français, avec des noms ronflants du rugby hexagonal : Richard Dourthe, Christophe Laussucq, Marc de Rougemont ou Thierry Dusautoir. C’est l’an 1 du rugby professionnel dans le bordelais, avec la nomination d’un Président dont peu de personnes se souvient de son nom : Kevin Venkiak. Le nouveau président est un homme d’affaires d’origine mauricienne, ancien garde du corps de Johnny Hallyday. Il ne connaît rien au rugby, mais, poussé par son ami Bernard Laporte, le sélectionneur de l’équipe de France, il est prêt à investir… En fait, avec l’avènement du professionnalisme, les difficultés commencent pour la trésorerie du club…

Dans la jungle du professionnalisme naissant, le rugby était-il en train de perdre son âme ? Peut-être ! Tous les projets de développement sont malheureusement tombés à l’eau. Les tentatives de rééquilibrage budgétaire de dernière minute ont jeté le discrédit des divers projets. Certains semblaient démesurés avec le soutien prestigieux de certains sportifs du sérail (Thierry Lacroix, Bernard Laporte). En 2003, Laporte revint à Bègles, par la grande porte, très exalté avec un projet ambitieux, étayé avec soutiens prestigieux de célébrités ou figures locales. Bernard Magrez, le PDG de « Williams Pitters possède 38% des part du CABBG. Il est ami avec le nouveau président qui lui est actionnaire majoritaire du club… Bernard Magrez, outre ses connaissances dans le monde « business » (Depardieu, Catherine Deneuve, Carole Bouquet), est également très proche de l’homme d’affaire algérien Rafik Khalifa qui vient de s’investir dans le club girondin.

En effet, la recherche des financeurs conduira à l’avènement de « Khalifa Aiways ». Bien que ne s’intéressant guère au sport, Rafik Khalifa est déjà le sponsor de l’Olympique de Marseille et il arrive au rugby avec un budget de 300.000 €uros sur deux saisons… Cerise sur le gâteau, dans le ciel béglais, une patrouille d’avions « Khalifa Airways » survole le stade avant le match CABBG contre le Stade Français (victoire 15-06). On parle du « Bordeaux-Bègles Show » ! En face, le maire de Bègles, Noël Mamère, se positionne contre les forces de l’argent et se méfie de ce « Bernard Tapie » à la sauce Maghreb, dont on ne connaissait pas exactement l’origine de sa richesse. Certains avançaient que l’argent serait issu du « blanchiment de l’argent du régime des Généraux », ces chefs militaires qui se partagent le pactole du pétrole algérien. L’ancien animateur de l’émission « Résistances », sur « Antenne 2 », consacrée à la défense des droits de l’homme dans le monde, a été le premier à écorner publiquement l’image de Rafik Khalifa. Il refuse de se trouver en présence de Rafik Khalifa et ne se déplacera pas au match de l’équipe de rugby : « il est l’allié des généraux algériens avec lesquels il a fait sa fortune, allié de ce pouvoir algérien qui contribue à la barbarie, qui assassine et torture ». Il a même demandé une enquête parlementaire sur le groupe « Khalifa Airways »…

C’est dans ce contexte tragicomique que se déroulera la célèbre confrontation Gérard Depardieu et Noël Mamère. Qui ne se souvient pas de la conférence de presse du 28 septembre 2002 et la fameuse tirade du castelroussin sur le pantalon en velours côtelé de Noël Mamère, devenue presque aussi célèbre que celle du nez de Cyrano de Bergerac ? Sa tirade contre Mamère : « Je suis peiné pour lui et pour son parti. (…) Ce sont des propos racistes et fascistes. Il faudrait le chasser de son parti (…) Il a peut-être chié dans son froc en velours. »

Arrivé en septembre 2002, Kevin Venkiak sera vite débarqué et sera un président éphémère, tout comme ses principaux partenaires financiers.  « Khalifa Airways » a arrêté la plupart de ses vols mi-mars 2003, après ne pas avoir payé ses créanciers… Dès qu’il s’agit de se faire payer, plus personne : on ne trouve qu’une coquille vide ! En deux ans, le club n’a jamais vu les 300.000 €uros, promis par le « golden boy » algérien.

Mais, c’est avec ce maillot que les jeunes du club obtiendront leur titre « Gaudermen » en 2004…

JYB /K’nar 💙🤍 – le 02 septembre 2024

épisode n°15 – les maillots inédits

Nous voici arrivés à la fin de la saga de l’été, consacrée aux différents maillots du CAB–CABB–CABBG… Ce dernier épisode va traiter de maillots que peu ou pas de gens ont connus : des maillots rarissimes, des « Arlésiennes » !

Celui dont tout le monde parle, mais on ne l’a jamais vu, c’est le fameux damier à carreaux vert et blanc ! Cet été encore, on m’en a parlé (Christian Lalanne, Jean-Pierre Rieu)… Jean-Pierre Dubédout (alias« Papi Banane ») en a confirmé l’existence : les Béglais portaient, en 1963 ou 1964, un maillot à damiers vert et blanc, seulement en « Juniors » et en « Réserve », comme second jeu de maillots… Michel Darrieussecq faisait partie, à cette époque, de l’équipe « Juniors B », entrainée par Jacky Perret. Il affirme que la photo de leur équipe, dans le livret de la saison 1963-1964, était avec les damiers vert et blanc. Faisaient partie de l’effectif, entre autres : Jean-Pierre Rieu, Jean-Claude Bégaries, Charles Rebaudière, François Martin, Michel Meyer, Jean Carlet, Christian Allant, Dortet, Bousquet, etc. etc. etc. Malheureusement, les photos étaient en noir et blanc !

Une dizaine d’années auparavant, l’équipe fanion jouait, contre Périgueux, en maillots rouges… Pour l’attester, pas de photos, seulement le programme annonçant la date du match (17 février 1952) et énonçant la composition des équipes… Coquille de l’imprimeur ou réalité, sachant que le « C.A. Périgueux » jouait également en blanc et bleu ? On ne le saura jamais, à moins que…

Cette tenue rouge, on la retrouve en 1993 ! À cette époque, le « CABBG » part en tournée estivale en Afrique du Sud. Trois équipements sont fournis aux joueurs : un polo rouge, un sweat bleu avec la célèbre tortue, et un maillot en deux tons de dégradé de bleu et sur lequel figure le continent africain au niveau du cœur… Vraisemblablement pour saluer la libération de Nelson Mandela… Va savoir !

 À la fin des années 1990, le recours à un nouvel équipementier (Canterbury) amène des idées nouvelles et notamment un maillot pour l’entrainement pour les Béglais… Les All Blacks avaient fait de même, lors de la création du « Tri-Nations » !

Enfin, dernière pépite trouvée sur internet ! Il s’agit d’un maillot à damier à petits carreaux bleu et blanc, dont les épaulières sont blanches. Je n’ai pas trouvé, à travers les âges, une photo d’équipe avec un tel maillot. S’agit-il d’un maillot de football ou de handball ? Je ne crois pas ! S’agit-il d’un maillot du « C.A. Béglais » ou de celui du « S.C. Tarare » (à côté de Lyon) qui est le seul autre club de rugby à jouer avec un maillot similaire à celui des Béglais, depuis 1912…

Voilà ma saga terminée ! Qu’il soit classique ou revisité, le damier a toujours sur moi un effet apaisant, voire hypnotisant grâce à sa perfection, à la régularité de ses cases… On retrouve cette analogie chez ceux qui l’ont porté, avec des parcours plus ou moins complexes, comme si les cases du damier se répondaient dans des jeux inépuisables… Cœur à Damiers !

JYB /K’nar 💙🤍 – le 08 septembre 2024

(*)   – extraits de mon livre récemment paru intitulé « Mon Abécédaire du Rugby »   (**) – rappel d’une règle grammaticale concernant l’accord des couleurs : on dit des damiers bleu et blanc. Les deux couleurs restent invariables. Si l’on parle de damiers bleu et blanc, c’est que chacun des damiers contient à la fois du bleu et du blanc… Voilà qui est dit et on n’en reparlera plus !

Saga de l’été 2023 : une rue de Bègles

Cœur à Damiers / Saga de l’été 2023 💙🤍💙

Salut les Damiers 💙🤍 !

  1. Une rue de Bègles !

Troisième été pour le « Cœur à Damiers » ! C’est pour moi l’occasion de vous proposer une nouvelle saga, après avoir évoqué quelques établissements (bars et resto) illustres, fréquentés par les Béglais, puis énuméré les internationaux « A », à travers une équipe type…

Cette année, je vais évoquer quelques familles tout au long d’une rue béglaise… J’ai envie de vous parler d’une promenade béglaise que j’ai souvent empruntée que ce soit à pied, en vélo, en vélomoteur ou en voiture… À l’opposé du chemin de Compostelle, elle me conduisait immanquablement à Musard. L’itinéraire était simple : je partais de Talence, je traversais un bout de Villenave en longeant les murs de l’hôpital militaire d’un côté et de l’autre celui de l’ancien hospice des enfants malheureux… Le sentier cathare traversé, on pénètre dans Bègles. Comme pour aller à Rome, ici, tous les chemins mènent à Musard. La ville dévoile son sein et nous propose son magnifique dessein, au cœur de son secret à damiers. Mi-fuite, mi-refuge, dès lors, c’est un autre monde ! Les nuages blancs, dans le ciel bleu, prennent la forme de ballons ovales, les oiseaux sourient et les lapins se nourrissent de radis. Pour aller au stade, c’est simple, tout droit : tu suis la pile des maillots à damiers qui longe ma rue…

Dans ma rue, y’a pas un arbre, pas de fleurs sauf dans les jardins tout au long… Dans ma rue, y’ a des poubelles sur le trottoir, et des autos en mal de garage… Dans ma rue, y’a l’alpha et l’oméga dont elle a la forme…

Mais, il y a aussi Amédée

Et il y a aussi Hervé

Puis, il y a aussi Jean-Michel

Et il y a aussi Aline…

As-tu reconnu ma rue de Bègles ? Sinon, on part pour les quinze épisodes de ma saga estivale 💙🤍💙

  •   Les Kéké !

Le premier épisode se situe tout de suite à gauche (normal, à Bègles), au n°121 de ma rue, la rue Albert Thomas. À l’angle de la rue Vincent Gonzalez, le panonceau annonce la couleur et on sait à qui on a à faire : les QUESSARD ! « SINGER » dit l’enseigne en fronton du magasin de la route de Toulouse : il est vrai que le père, Pierre, a été longtemps représentant de la marque Singer avant d’ouvrir la mercerie familiale… « SINGER », ce n’étaient pourtant pas ni des chanteurs anglophones, ni même les trois singes de la sagesse.

Je n’ai jamais eu l’occasion de parler avec eux de cousette, broderie, canevas ou de crochet … Ils sont tous passés par l’école de rugby du CAB ! J’ai dû jouer avec l’ainé, Denis, à l’école de rugby ou en Cadets. Denis a jouer en équipe première environ pendant 6 ans au début des années 1980. Quant au jeune frère, Laurent, je l’ai entrainé lors de son passage en « Cadets II »… Là encore, il y avait un troisième frère dont j’ignore le prénom (Sébastien ou Pierre ?), mais tous avaient le même surnom : « Kéké » ! Ils étaient souvent accompagnés du « pater familia », petit bonhomme à la casquette rivée sur le crâne, qui sentait bon la malice : il suivait indifféremment chacun de ses fils ! Beaucoup ont apprécié « Bébert » personnage plein de gaité de vivre et toujours de bonne humeur avec le regard malicieux des Béglais…

La petite mercerie familiale ne faisait pourtant pas dans la dentelle : le premier avait déjà le profil généreux d’un pilier tandis que l’autre avait le caractère impulsif d’un talonneur. Y’avait tout le matériel pour coudre et se faire recoudre : « poing de croix » !

Je ne sais pas qui a repris l’affaire familiale … Je crois que Pierre est celui-là ! Denis a travaillé dans l’industrie pétrolière chez Esso-Rep, basée rue Ferdinand Buisson à Bègles avant de partir dans la même société à Parentis. Puis, sur le même site, chez Vermillon, entreprise canadienne qui a repris les activités de Esso… Quant à Laurent, il a fini médecin et est parti s’installer dans le fief des Landes. Je l’ai revu récemment, lors du 40ème anniversaire du titre de Champions de France Minimes dont il faisait partie. Il était également un des Cadets champions « Gauderman » en 1984… Mais le titre dont il est le plus fier, c’est peut-être celui de « médecin-pâtissier » comme il l’a affiché dans sa salle d’attente. Le roi de la bugne a assouvi sa passion en obtenant un CAP de pâtissier : arrêt-buffet oblige 💙🤍💙

  •  La « Amédée Cie »

Il m’arrivait lors de mes remontées vers Musard, de passer par la rue Vincent Gonzalez, à l’angle de la rue Albert Thomas, et de m’arrêter chez un copain de classe, fils d’un vieil ibère, maraicher en gros aux « Capus »… Quand je tendais l’oreille, ça parlait rugby chez les voisins, au n°18 précisément : normal, on est chez les DIHARCE !  

L’annuaire du C.A. Béglais recense trois joueurs de rugby à ce nom-là :

  • le grand-père, Michel, venu de St Jean-de-Luz, fut trois-quatre centre, à la fin des années 1930. Il n’a pas survécu à la guerre…
  • le père, Joseph, équipier premier au poste de n°10 pendant la décennie des années 1950. Si « Ttotte » a commencé à jouer en « Première » à l’âge de 16 ans, il a fini sa carrière à Saint-Médard où il a rejoint d’autres béglais (Candau et Meyer)…
  • enfin, le fils, Jean-Michel alias « Amédée » : le seul avant de la lignée…

Mettez-les face à un fronton, ils auront toujours une pala à la main… Chez les DIHARCE, les femmes sont aussi des championnes à Damiers. Colette, dite « Cocotte de Bègles » sait se servir de ses mains, non pas pour faire des origamis, mais pour jouer au basket et elle fut championne avec ses copines (Léglise, Dumartin, etc.). Non seulement elle connaissait tous les garnements de l’école de Birambits où elle travaillait, mais aussi toutes les filles du handball du C.A. Béglais, et notamment sa petite-fille, Léa, qui a eu sa renommée dans le hand féminin. Du talent plein les mains, Colette faisait également des tableaux : j’ai encore en mémoire celui opposant le SJLO aux damiers bleus et blancs des années 1950…

Perso, j’ai connu « Amédée » quand il jouait en Juniors Crabos, puis on a joué ensemble à l’U.S. Talence pendant trois ans avec d’autres béglais. Plus tard, il a tourné sur d’autres clubs à proximité, comme joueur ou entraineur… Il est revenu à Bègles au sein des « Musardingues » où il s’investit grandement.

« Amédée », je me suis toujours posé la question d’où venait se surnom ? En tout cas, il résonne positivement car il a l’amitié et la fidélité chevillées au corps et au cœur … Tous ceux qui le côtoient confirmeront mes propos, et en premier lieu son épouse, la douce « Didou » (Di dou di dou dah) ! Sandrine est issue d’une autre branche de rugbymen béglais : les SUSANT ! Son papa fut un bon arbitre fédéral, et son frère, alias « La Suze », fut un enfant de la balle de Musard… Quant à la maman, « Jojo », elle a toujours gravité dans les instances béglaises. Aujourd’hui encore, elle refait le monde chaque mercredi, sous l’ombrage des tilleuls, avec ses copains des années yéyé (Jean-Pierre, Claude, Jean-Louis, Maïté, ou le regretté Jean-Claude) : des Radis…caux de Bègles !

De leur union sont nées deux filles : Léa, amoureuse du hand et d’un rugbyman prometteur de l’UBB, et Marion la latina : hasta siempre !

« L’Amédée Compagnie », vous dis-je 💙🤍💙

  •  Solide comme un roc !

En prolongement du chemin des orphelins, la rue Albert Thomas se transforme en un enclos éponyme. En effet, à l’angle de la rue Laverny, on trouve un grand pré que doivent lorgner tous les promoteurs immobiliers locaux, tant l’exploitation foncière de la moindre parcelle a défiguré la rue Albert Thomas au fil des années…

C’est la troisième étape : au n° 186, on est chez les COURREGELONGUE et Jean-Marc ROCANIÈRE ! Par la faute d’un aléa de la vie, ce dernier a été élevé par les époux COURRELONGUE, Raymond et Colette, que le « tout-Bègles » surnomme affectueusement « Tonton & Tatie » !

« Au rugby, il y a ceux qui jouent au piano et ceux qui les déménagent ». Vous l’avez compris, Jean-Marc ROCANIÈRE a joué devant …  Jean-Marc, je l’ai croisé lorsque je m’occupais des équipes de jeunes au C.A. Béglais… Jean-Marc, c’est le « p’tit frère jumeau » de Laurent QUESSARD (ndlr : cf. l’épisode n°1 de la saga) : même rue, même âge, même école, même poste (talonneur), mêmes titres… À l’instar de son pair, il portait le n°2 dans le dos et, comme tous les talonneurs il était doué d’une grande humilité et d’une forte ossature : solide comme un roc !

« Tonton et Tatie » ont été, des années durant, des fidèles abonnés du C.A. Béglais et encore de l’UBB… Toujours prêts à financer la moindre action des enfants de Musard, ils ont maintes fois reçu, dans leur grand pré, les équipes de jeunes.

 Jean-Marc a intégré naturellement leur entreprise de déménagement. Beaucoup de jeunes rugbymen y ont trouvé leur job d’été et quelques « gros bras » y ont trouvé un emploi salvateur, comme le regretté Stéphane PUHARÉ par exemple. Aujourd’hui, si vous voulez savoir où réside tel ou tel ancien béglais, vous leur demandez, car ils ont déménagé tout le monde.

Aujourd’hui, Jean-Marc continue à « déménager » et il a formé une famille idéale : Émilien qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau et qui joue au tennis (nul n’est parfait !) et Amélie qui lui a permis d’avoir le « choix du roi » 💙🤍💙

  •  Cambot… les bains

Passé le grand virage de la rue Albert Thomas, on arrive au n°54 chez Cathy et Hervé CAMBOT, un grand serviteur du rugby Béglais !

CAMBO ou CAMBOT ? Pendant longtemps, je n’ai jamais su l’orthographe exact de ce nom de famille qui fleure bon l’Euskadi… Il est probable que la patrie natale de Jean DAUGER ait inspiré le jeune Hervé. Rapide, fin et racé, il était l’ailier par excellence, celui par lequel les « gros de devant » espèrent que la combinaison annoncée finisse en bout de ligne, voire au-delà de la ligne et se concrétise par un bel essai…

Issu d’une génération dorée (1958), « El Diablo » fut de l’épopée des champions de France Reichel (1977) qu’une sale blessure priva du dernier carré… Talentueux, il fit partie successivement de toutes les équipes « A » dans les différentes catégories… et parfois en « B » ! Cependant, la vie d’ailier n’est pas toujours facile car, souvent, les ailiers ne voyaient pas le ballon ! Aussi, le long de la main courante, a-t-il eu le temps d’analyser l’évolution du rugby… C’est ainsi qu’il a eu envie de devenir entraineur des « Cadets B », en 1985, avec son acolyte, François GOLPÉ. Alors, commença une longue période en tant qu’éducateur des « Cadets » jusqu’au titre national « Pierre Alamercercy » (U16) en 2004 et 2016… En plus des jeunes pousses, on le retrouve régulièrement dans la tanière des « Archiball », tout près des Capucins… Le nouveau « trou des Castors » a conservé son art de vivre, notamment son fameux lancer d’assiettes, au moment du dessert !

Toujours le sourire aux lèvres, avec son catogan, sa p’tite barbiche de mousquetaire ou son look d’hippy attardé, il ne laisse pas indifférent… Hervé a l’amitié chevillée au corps et au cœur. Outre son métier de maçon, il adore également se consacrer à la pêche au carrelet, sur la Garonne.

D’un an son cadet, et tout au long de nos vies parallèles, j’ai souvent croisé Hervé et notamment quand nos fils respectifs couraient après un ballon… rond ! 💙🤍💙

  •   Le face à face méconnu

Juste à côté del « Diablo » vivait une famille à l’itération phonétique : les JEANJEAN ! Rien à voir avec Nicolas JEANJEAN, l’ancien international du Stade Toulousain et du Stade Français, mi même avec JAN-JAN, l’ancien propriétaire du « Caesar’s » au château Descas… Ce dont je suis sûr, c’est que le garçon qui jouait au C.A. Béglais ne se prénommait pas Jean, mais Philippe… J’ai retrouvé la trace de ce demi d’ouverture surtout avec la « Réserve » du duo Eymery-Mellis.

En face de chez lui, vivait la famille TOSCA. Entourée d’une sœur, le jeune Laurent poussa les trois actes de son opéra au sein de l’école de rugby du C.A.B. (poussins, benjamins, minimes), à la fin des années 1970. Pas vraiment de poste déterminé pour le jeune « toscan » : il ne donna que son envie à revêtir le maillot à damier bleu et blanc… Puis, il a choisi de devenir arbitre et aujourd’hui il est aussi aiguilleur du ciel : rien n’est fait au hasard ! Il est resté tout près de Bègles puisqu’il réside dans la commune voisine à particule 💙🤍💙

  •   Le doyen

André BROCA ou « La Broc » est un personnage pittoresque de Bègles. Beaucoup se souviennent du « Père BROCA » se baladant, avec son large béret vissé sur la tête, dans les rues de la ville.

Jardinier en chef à l’hôpital militaire de Robert Piqué, il est surtout réputé pour être de l’aventure du premier titre national (Coupe de France) des Béglais en 1949, sans pour autant, avoir joué la finale à BORDEAUX … 3ème ligne, je ne sais qui de Jean DULOU (dit « Le MONGOL ») ou de Christian SIOT en a profité ! Je n’ai jamais osé interroger, à ce sujet, « La Plante » qui fut le dernier survivant de cette finale. En tout cas, la ville de Bègles sut honorer cette figure de Bègles en lui remettant une médaille commémorative.

Le père du « Père Broca » était également un bon demi d’ouverture. Avec deux anciens présidents du C.A. Béglais (Gaston MARTIN et Albert DUBERN), il fut sacré champion de 1ère série de la Côte d’Argent, lors d’une finale contre le Stade Bordelais… C’était en 1919 : un pionner ! Lui aussi contribua au développement du l’association sportive puisque, en tant que propriétaire de l’immeuble sis place du XIV Juillet, il a avantagé l’implantation du premier siège social du C.A. Béglais…

Au début des années 1970, son fils, Marc, a joué également 3ème ligne et fut vite qualifié de « caractériel », même si définition de caractériel paraît très modérée 🤭😉🤣… Bon sang ne saurait mentir ! 💙🤍💙

  •  Prendre parti !

Vous n’êtes pas sans ignorer le passé communiste de la ville de Bègles, cité ouvrière pendant des décennies… Aussi, ne faut-il pas s’étonner de retrouver, çà et là, quelques foyers marqués de la faucille et du marteau !

Ainsi, à l’amorce de la dernière ligne droite de la rue Albert Thomas, existe-t-il un petit square éponyme, cher à mon cœur puisque, en tant que bailleur social, j’ai eu l’occasion de livrer, puis gérer ce petit hameau d’une dizaine de pavillons… Ici, vécurent Jean-Marie et Annie DUPOUY ! « Boule » était le roi de la « belote coinchée » et son épouse auxiliaire puéricultrice à la maternité du Tripode. Avec eux, deux « drôles » gaillards et taillés pour jouer au rugby, comme leur père !

L’ainé Jean-Michel, sérieux 3ème ligne, tout comme le talonneur Christophe (alias « Totoche »), ont joué sous le maillot à damiers ! Ils ont fait toutes leurs classes au C.A. Béglais, des Benjamins jusqu’à la « Réserve » en Seniors… Dans ma mémoire, on était chez les « tignous », des battants avec du répondant, pour lesquels « avoir la gnaque » n’était pas qu’une expression de vestiaires.

Que sont-ils devenus ? Par leur cousine (ndlr : merci Véronique), j’ai su que Jean-Michel était cheminot et qu’il fait aujourd’hui régulièrement la navette entre Bordeaux et Paris, pour le Comité d’Entreprise de la SNCF. Cependant, son activité préférée, il la trouve dans la quiétude des bois, dans la cueillette des cèpes et des coulemelles… Pas besoin de solliciter l’apothicaire de Birambits pour reconnaitre les champignons non-comestibles !

L’un sur les rails, l’autre sur la route ! Si « Totoche » a été formé au lycée hôtelier où il a côtoyé, comme sur le terrain, Philippe ECHEBEST, il est aujourd’hui routier : sympa ! Il a vécu un temps à la capitale, exilé comme tant d’autres gascons de l’ovalie, durant sa période « Sapeur-Pompier de Paris » : même pas peur ! Revenu en terre girondine, il fut un temps éducateur à l’école de rugby du CABBG, lorsqu’il a mis son fils Sébastien au rugby…

Trois générations de DUPOUY vous saluent ! 💙🤍💙

  •  De bibelots en bagatelles

Au n°45 de la rue Albert Thomas, c’est la caverne d’Ali Bab … Comme à la Samaritaine, on trouve de tout en termes de joueurs de rugby !

Commençons par le maître des lieux ! Arrivé de La Rochelle, le jeune Christian BAGATE prit place dans la maison des Chanelières et y installa son cabinet de médecin… Un faux air de Gérard Depardieu jeune, couplé d’une voix douce qui affublait tout le monde d’un amical superlatif : « ma puce » ! Y’en a eu des rugbymen qui ont défilé dans la salle d’attente, voire même dans le couloir, entre deux portes, et parfois même très tard… Dans ce cabinet médical sont passés également de jeunes médecins en mal de remplacements, tel Serge SIMON, pour ne citer que lui… Des bibelots et des bagatelles !

Au C.A. Béglais, Christian a occupé tous les postes : joueur (3ème ligne), entraineur des Juniors, puis la fonction de Président… Une épaule récalcitrante a certainement mis fin à sa carrière de joueur et l’encadrement des Juniors a cessé lorsqu’il a commencé à goûter aux responsabilités et à s’occuper de la destinée du club. Il a pris les « clefs du camion » au départ d’André MOGA, en 1983, pour les lui restituer cinq ans plus tard.

C’est l’époque de la transition dénominative : du CAB au CABBG, en passant par le CABB… C’est l’époque où les joueurs ont des survêtements « NIKE » bleu et gris tandis que les entraineurs revêtent un jogging rouge et gris … C’est l’époque où apparaissent les premiers grands carreaux du nouveau damier avec un coloris parfois improbable… C’est l’époque où les trois frères GENESTE peuvent encore jouer ensemble… C’est l’époque où Philippe ETCHEBEST n’était pas encore pris par ses étoiles culinaires… C’est également l’époque où le club s’ouvre à l’international avec l’intégration de joueurs venus d’Afrique du Sud : THOMAS, BOROVICH, CLOETZE, BARNAT ou MOOSE, curieusement que des avants… Chez les trois-quarts, Christian jouera la carte familiale en faisant venir son beau-frère, Peïo ALVAREZ, frère de son épouse Aline et fils du grandissime André ALVAREZ, chef de l’attaque du « XV de France », dans l’après-guerre, compagnon de « Bambi » et Chaban… Bayonnais pure souche, Peïo ALVAREZ dirigea l’attaque béglaise trois saisons durant, avant de réintégrer le Pays Basque… Par la suite, Christian a élargi son champ d’intervention : Président du CAB Omnisports, Président du Comité de Côte d’Argent, médecin à la « Fédé » pour la lutte contre le dopage, etc., etc. etc. Aujourd’hui, il reste un espoir dans la vie politique locale…

La famille s’agrandissant, il fallut déplacer le cabinet médical d’abord un peu plus en amont de la rue Albert Thomas, puis en aval vers le pont du Dorat. En effet, Benjamin, puis Maria et Antoine sont venus apporter du bonheur dans la chaumière familiale.

Je crois que le P’tit « Binbin » a eu, dès sa naissance, un ballon de rugby entre les mains. On le voit souvent, tout « minot », sur les photos d’équipe lorsqu’il accompagnait son père… Bien sûr, il a grandi avec le maillot à damiers bleu et blanc et il est passé par toutes les catégories jusqu’à l’équipe première, alors rétrogradée en « Fédérale 1 ». Par la suite, il a voulu continuer sur le banc et il a été sacré Champion de France, au printemps 2009, avec les « Espoirs » du CABBG. Puis, il a pris son bâton de pèlerin de Compostelle et a sillonné toute le Sud de la France (Valence d’Agen, Nîmes, Hagetmau, St-Jean d’Angély, Albi, Périgueux, Oloron, Trélissac, Rochefort et maintenant Béziers). Sur son « camino », cet homme au grand cœur s’est attaché de fortes amitiés, notamment celles de Christophe DOMICI et d’Ugo MOLA…

Quant au cadet de la famille, Antoine, il a fait, bien évidemment, ses premiers pas dans les sillons de radis. Aujourd’hui, il est CTC (Conseiller Technique de Club) à la Ligue Régionale Nouvelle-Aquitaine de Rugby, dans le libournais, au profit du développement de la formation mise en place par la FFR. Le garçon a été baptisé au rugby de Bègles, de Bayonne et de Tyrosse … N’est-il pas le filleul de Patrick TRASSARD et de la fille de « Pèpe » DIZABO. Les TRASSARD sont une autre belle lignée de joueurs du C.A. Béglais et Pierre DIZABO a été béglais au début des années 1960. Il fut, pendant longtemps, le plus jeune capé (18 ans) du « XV de France » …

Seule, la jolie Maria a échappé à la destinée du rugby. Aujourd’hui, elle travaille dans grand cabinet parisien d’avocats spécialisés en droit international, plus particulièrement en droit européen.

Cette rue a été et restera le repère des BAGATE… Mais, ne perdez pas votre temps à des bagatelles, car, vous l’avez compris, il n’y a plus de BAGATE rue Albert THOMAS ! 💙🤍💙

  1. Les yeux fermés !

On descend encore la rue Albert Thomas et on arrive au n° 30 chez les DUBOS, chez Gérard et Nicole.

Gérard, un grand gaillard qui joua 3ème ligne dans la bande à BAUDORRE. Pour le reconnaître sur les photos, c’est simple, c’est le seul qui porte la moustache ! Il a connu l’ancien siège social du temps où il était joueur. Il a connu le phénomène du blason lumineux qui s’allumait, le dimanche soir en cas de victoire à l’extérieur… De quoi se friser les moustaches !  

Didier, le fils, a entretenu le mimétisme avec ses parents en conservant pendant longtemps la moustache de son père, ainsi que l’élégance de sa mère. Didier est né en 1959… comme moi ! Blond… comme moi ! Près d’1m80 au garrot… comme moi ! J’ai fait mes premiers pas au rugby avec lui en Minimes, puis en Cadets et Juniors… jusqu’au CFM d’Hourtin, comme beaucoup de joueurs du CAB-CABB-CABBG. Avec Didier, j’ai entretenu longtemps des relations amicales et j’ai vu grandir le petit Alexandre.

D’abord VRP pour un gros groupe allemand, il s’est reconverti dans un business plus local. En effet, ami de longue date d’Alban MOGA, ils ont su allier leurs compétences au sein d’une boite de négoce de vin (« AMD Vins ») : les yeux fermés ! Le fils cadet d’Alban, Arthur, les a rejoints, tandis que l’ainé, Achille, travaille dans un complexe hôtelier de l’autre côté du monde, toujours dans les vins & spiritueux.

Pour ceux qui suivent les matches de l’UBB à la télévision, Didier est souvent dans l’axe de la caméra, juste derrière le président MARTY 💙🤍💙

  1. « Politiquement correct » !

On continue sur la dernière ligne droite de la rue Albert Thomas, toujours côté pair, au n°26 exactement, chez Franck JOANDET. Les JOANDET, une grande lignée du rugby de Bègles… Robert et Franck : le père, le fils et le Saint-Damier !

Robert, la première fois que je l’ai vu, c’était pour acheter ma première paire de « crampons », dans son magasin de sports de la rue Gambetta (ndlr : j’en parle dans mon livre en cours de réalisation). Initialement, il s’y était improvisé quincaillier avant de se reconvertir dans les articles de sports… Le « Père Joandet », c’était déjà une figure de Bègles ! Arrivé de son Béarn au début des années 1950, il habitait, avec son épouse Marie-Aimée, sa bien-aimée, en face de « Musard », dans l’impasse Delphin Loche : tout un programme ! Robert s’était déjà illustré dans les années 1950 avec « l’équipe fanion ». On le reconnaissait notamment à sa genouillère blanche pour protéger son genou droit… Fougueux talonneur, arrivé de ses Pyrénées, il était toujours dans les bons coups ! Le béarnais avait le verbe gascon et maniait la rhétorique aussi bien que le ballon… Par la suite, il fut l’entraineur des avants des « Cadets A » du C.A. Béglais, pendant près de vingt ans, avec son comparse des trois-quarts, René PARREAU, toujours digne avec son costume-cravate et son imperméable impeccable… Ces deux-là ont vu défilé plusieurs générations de rugbymen en herbe, y compris le fiston Franck. Robert JOANDET n’a pas survécu à ma « Saga de l’été » : il s’en est allé, début septembre, rejoindre les palombes en haut des perches… Tous les Cadets du C.A. Béglais, ceux qu’il appelait affectueusement « couillons », ont pleuré à ses obsèques 💙🤍💙

Franck JOANDET est plus discret que son père : il n’a pas la même gouaille ! Autant Robert était toujours au front, autant Franck apparaissait comme un enfant surdoué… N’a-t-il pas fait partie de cette génération dorée de joueurs qui ont été Champions de France « Reichel ». Lors de la finale contre Graulhet, Franck fut un buteur infaillible par la concrétisation de trois pénalités et la transformation de l’essai de Philippe CHLEBOWSKY dont il fut à l’origine … Ces deux-là se sont retrouvés en Équipe de France Juniors… Souvent « surclassé », Franck est arrivé naturellement en équipe première des « Damiers » et notamment en tant que buteur. La charge de buteur est souvent ingrate car elle demande concentration et des entrainements solitaires… C’est souvent efficace, mais la main-courante populaire ne retient souvent que les échecs liés au vent, à la fatigue ou au jour sans…

Sa carrière de joueur terminée, Franck a poursuivi son amour de la pala dont il fut un jeune licencié ? avec son voisin de l’impasse Delphin Loche, le surnommé « Pépech »… Il a également repris ses cours à la Fac des Sports … Au cœur de la ville de Bègles, il s’est ensuite mêlé du quotidien des Béglais en devenant élu sur la liste des « Verts » puis adjoint au maire. C’est ainsi qu’il a connu l’inauguration de la nouvelle rue des « Frères Moga », le boulevard de la « Tortue », et la tirade de Gérard DEPARDIEU sur les velours de Noël MAMÈRE… En tant qu’adjoint aux sports, il a passé son temps à défendre le stade « Musard »… Normal, quand t’as grandi dans un jardin où pleuvait des ballons ovales ! 💙🤍💙

  1. Salut l’artiste !

Dans le bas de la rue Albert Thomas, mon frère, Philippe BONNEAU a élu domicile au n°16 et y a installé son premier cabinet dentaire. Quelques années plus tard, il déplaça son cabinet à côté de la pharmacie de maman, à Birambits. seul endroit d’où l’on peut repartir avec une couronne sans avoir eu la fève… Certains ont eu des crises de panique quand ils devaient aller entendre siffler la roulette dans leur bouche : Aaaaaahhh ! D’autres passaient par le soupirail pour éviter la salle d’attente : flipper et apéro garantis !

À l’été 1969, le rugby rimait avec C.A. Béglais… Arrivant du Berry, il était impensable de poursuivre l’expérience du R.A.C.C (Rugby Athlétique Club de Châteauroux) nulle part ailleurs que sous le maillot à damiers bleu et blanc ! Michel LABRIT et Nelson DUMONT le prirent sous leur coupe avec d’autres de sa génération (DULOU, BONNES, CLAUDE, CLERJEAU, JOUBERT, BALADE, DUBERNET, etc.)… Puis, ce fut le tour de duos d’entraineurs de DAVID-PERRIER, JOANDET-PARREAU, jusqu’à EYMERY-MELLIS, en passant par ÉLICHONDO-SALLENAVE… C’est avec ces deux derniers qu’il aurait dû être sacré champion de France « Reichel », perdant en demi-finale contre Mauléon alors qu’ils les avaient battus deux fois en phase de poule… C’est ça le planchot souletin ! L’armada béglaise était pourtant belle avec « Milo » CLÉMENTE et Pierre PÉDEUTOUR, sans oublier Richard BÉDERE, François DELBOS, Gérard FILET, François BOMPY, Bernard GENESTE, Serge DULOU, Guy DULAU ou encore Michel CLAUDE qui ont tous gouté, par la suite, à « l’équipe-fanion ».

Demi de mêlée, Philippe BONNEAU n’était pas réputé pour être un esthète avec ses chaussettes roulées en bas des chevilles et son dos vouté… Sa grande force résidait à ne rien lâcher et à cornaquer son paquet d’avants. En Seniors, il s’exila dans le Périgord Noir, au nom de l’amour… L’expérience tourna court et il revient vite du côté de Musard pour entrainait les « Juniors Crabos », avec son ami Michel BERTRAND. C’est d’ailleurs cette jeune génération qui l’a suivi du côté de Talence, dans le cloaque des séries régionales…

Moi-même, j’ai également suivi mon frère, d’abord à Bègles, puis à Talence. Entretemps, pendant mes années de fac, handicapé que j’étais par des blessures récurrentes au genou (ne dit-on pas « Canard boiteux » ?), je me suis consacré aux jeunes… J’ai d’abord été entraineur des « Cadets II » avec Loulou BIENSAN, puis des « Juniors III » avec Michel PAPIN et « Fonfon » MIRALES…

Pour être complet, on ne peut citer le nom des BONNEAU sans évoquer le père, dirigeant dans l’équipe des trésoriers du C.A. Béglais, avec Claude LABORDE, Jacques DORVAL et « Loulou » LOUBERIE…

Par la suite, Philippe BONNEAU est devenu P. BONO, nom d’artiste protéiforme, que ce soit la peinture, la sculpture ou la poésie… Ainsi, vous pouvez apercevoir deux de ses sculptures qui clôturent la rue Albert Thomas. Les feux tricolores furent remplacés par deux ronds-points au milieu desquels trônent le travail de l’artiste P. BONO : résurgence et résilience ! À défaut, P. BONO ouvre son jardin à Léognan, face aux vignes du chateau Carbonnieux 💙🤍💙

  1. « Barbe rousse »

Pour éviter les feux tricolores au bas de la rue Albert Thomas, je prenais usuellement à gauche la rue des « 3 BRITTMAN » pour rejoindre le quartier de Birambits en face du fleuriste…

Comme souvent à Bègles, la fratrie marche par trois ! À chaque génération, on en retrouve… N’y a-t-il pas eu les trois frères LOCHE (Louis, Delphin et André), puis les trois frères MOGA de la première génération (Alphonse, André et Alban) et la seconde (Michel, Alain et Alban), ou les trois frères GENESTE (Michel, Bernard et Marc), sans parler des trois frères RAPETOU ? Longtemps, je n’ai pas su qui étaient ces trois BRITTMAN ? Une nouvelle première ligne ? Une autre troisième ligne ? La récente plaque de rue précise qu’il s’agit de trois résistants (Bernard, Marthe et Léonce), vraisemblablement communistes, décédés en 1944, à la fin de la guerre… De circuler régulièrement par ce raccourci, c’était certainement un clin du destin, pour moi qui allais être juré dans un grand procès historique.

En tout cas, ladite voirie accueillait le fringant Michel TRAISSAC, champion de France 1969 dans un pack « épais comme une ficelle à rôti »… Arrivé en 1968, il prit la lourde succession de CARON ou des frères DENJEAN ! Louis-Michel de son vrai prénom, tout le monde le surnommait « Mitou ». Idéologue convaincu, son rugby était à l’image de ses idées ! Garçon au rugby très généreux, il aurait pu jouer trois quarts tant il aimait manier le ballon… Mais, il avait aussi le caractère conforme à la pigmentation de sa peau. De son titre de Champion de France, il en gardait toute l’humilité qui sied au rugby. Ainsi, il a également trainé ses crampons avec les équipes « Réserve »…

Il a un temps suivi le rugby des jeunes pousses béglaises, notamment les Juniors, au début de l’ère du CABB, Christian DURIN et Pierrot NOGUES… Puis, il s’est retiré peu à peu du rugby local pour se consacrer à son activité de médecin spécialiste en rééducation, tout comme son épouse Danielle l’était à la médecine du travail. 💙🤍💙

  1. Du grain à moudre  

Nous voilà arrivés dans le quartier Birambits, le fief de Simone ROSSIGNOL, maire de Bègles, qui m’a fait sauter sur ses genoux quand j’étais tout petit, lors de ses visites dans la pharmacie de ma mère… La pharmacie BONNEAU était spécialisée, un temps donné, dans la fourniture, pour le C.A. Béglais, en élatosplast, vaseline, dolpic, algipan et huile camphrée, tous ces accessoires préparatoires, à côté de « l’éponge-magique » ou « éponge-miracle », seul remède connu aux maux du rugby…  

 J’ai le souvenir assez prégnant de cette éponge aux vertus miraculeuses. Elle baignait souvent au fond d’un seau le long du terrain … Bien large, comme une grosse gaufre, certainement pour soigner les conséquences de celles qui nécessitaient son intervention. Un simple coup d’éponge et hop, le grand blessé repartait au combat comme de rien… Et c’est pour ça qu’elle était magique cette éponge : elle soignait tout ! On l’a qualifiée de « miracle », tellement le prodige tenait du phénomène. Telle une prière : « éponge magique, délivrez-nous du mal ! ». Une fois le match terminé, l’éponge repartait banalement, sécher pendant huit jours, dans les boites à pharmacie… Ces boites traînaient au bord du terrain. En bois, de forme cubique, recouvertes d’une poignée en fer et de deux fermoirs en façade, elles étaient souvent utilisées comme strapontin. À l’intérieur deux compartiments superposés contenaient tout un bric-à-brac improbable…

À côté de l’apothicaire de Birambits, vivait la famille BERTRAND, les « grainetiers » pour bétail dont l’établissement trônait au cœur du quartier. Pendant longtemps, on était dans un îlot ouvrier et les odeurs émanant de la fabrique familiale (« BERTRAND, père et frères ») n’étaient guère plus gênantes que les parfums de morue des sécheries béglaises ou les relents de la « CENPA » à Tartifume… Comme pour ces derniers vestiges d’un passé industriel révolu de la commune ouvrière, les enjeux environnementaux se sont effacés face aux desiderata écologiques et au confort des concitoyens. Pointée du doigt, l’entreprise BERTRAND s’est spécialisée dans l’alimentation équine, mais a été obligé de déménager loin de la cité verte.

Michel BERTRAND fut un pur enfant de Bègles. Il partait seul, depuis chez lui, et il « ramassait », un par un, les rugbymen de Birambits (les BROCA, FERRASSE, JEAN-JEAN, CHAINTRIER, HOURCADE, DULAU, etc.)… Comme le CID, il partit seul, mais par un prompt renfort, ils se vit quinze à bon port. Quinze à Musard : ils pouvaient jouer ! Michel fut un « seconde ligne » formé au joug du C.A. Béglais, attelé aux tâches les plus humbles comme les plus ingrates, dues à sa stature. Minime, Cadet, Junior, il connut aussi le statut d’équipier premier…

Par la suite, il fut entraineur des Juniors Crabos avec mon frère et Jean-Claude FORSANS (alias « Midi Olympique » ou « La Petite Gironde ») et éduqua toute une génération d’adolescents en damiers bleu et blanc. Grand par la taille mais aussi grand cœur, il fut un super entraîneur, à la mode « Guy Roux »… Les veilles de match, il faisait ses rondes dans les établissements de Bordeaux pour débusquer les « bringeurs », lesquels avaient leur « Sœur Anne » en la personne de « Mamie », grande prestesse de l’Aquitania, qui les prévenait au micro : « Attention, les Petits, voilà Michel ! »… Drôle d’éducation que fut celle-ci ! Ici, pas de grands philosophes, mais de grands principes qui se limitent à posséder tout un bagage rugbystique et à apprendre à aimer un club…

Aujourd’hui, Michel profite de sa retraite et fréquente les « Musardingues »… Cette histoire, quand même, c’est dingue, non ? 💙🤍💙

  1. L’école buissonnière

Dernier épisode de la saga de l’été 2023… Pour rejoindre Musard, il me faut emprunter la passerelle piétons et vélos qui enjambe la voie ferrée. Pour cela, je passe devant l’école Ferdinand Buisson, rue Ferdinand Buisson. Original, non ? Ferdinand Buisson, qui c’est celui-là ? En fait F. Buisson, c’est un « inconnu célèbre », redevenu sur le devant de la scène suite à l’assassinat de Samuel PATY… En effet, il est cofondateur, en 1898, de la Ligue des droits de l’Homme qu’il préside de 1914 à 1926 et, en 1927, on lui attribue le prix Nobel de la paix : rien que ça ! Mais, il est surtout connu pour être le fondateur d’un enseignement laïque ! Dans l’ombre de Jules Ferry ou Jean Jaurès, il préside, en 1905, la commission parlementaire chargée de mettre en œuvre la loi de séparation des Églises et de l’État. Hussard de la République, il est connu pour son combat en faveur de « l’école sans Dieu » ! Je n’avais pas prévu que mon dernier épisode tomberait au milieu de la polémique des « torchons et des serviettes » religieux… « Alea jacta est ! »

À cette époque, la Directrice de l’école primaire est Madame DULAU et maman de Charles, Guy et Bruno. Le plus petit des trois, Guy, eut un parcours rugbystique plus complet que ses deux frères. Charles l’a un peu pratiqué avant de se consacrer à ses études de « chir’dents ». Quant à Bruno, je l’ai côtoyé jusqu’en Cadets… Après, il s’est exilé loin de la ville et des autos qui fument. Guy ou « Guitou », fut un trois-quatre centre vif ardent, compensant sa petite taille par une agilité et une vivacité à nulles autres pareilles. D’un bon sens « rural » et d’une franchise déconcertante, il était toujours prêt à rendre service. Est-ce pour cela qu’il a adopté la profession de médecin de famille ? Sûrement ! Il resta proche du milieu du rugby, notamment en se rapprochant de la famille GENESTE. Mais épouse et beaux-frères ne l’ont pas jamais écarté de ses amours : chasse, pêche et nature… Normal, quand on sait que l’étymologie de Guy signifie « bois ou forêt »… En fait, c’était ça l’école buissonnière des DULAU du Lot !

En face de l’école, il y avait à l’époque les hangars de l’usine RENAULAC dont le seul charme était qu’elle abritait une collection remarquable de tacots et vieilles voitures de son directeur. J’ai eu ce privilège de la toucher de mes propres yeux !

Et ben c’est formidable les copains,

J’vous ai tout dit, on s’sert la main

J’peux pas mettre quarante ans de ma vie sur table

Comme on étale ses lettres au Scrabble

Dans la vitrine je vois l’reflet de vieux rugbymen derrière moi

S’ils partent vers la passerelle, je les suivrai…

S’ils partent à droite, attendez-moi …

Attendez-moi, attendez-moi, attendez-moiiiiiiiii !

JYB /K’nar 💙🤍💙

Coeur à Damiers : Jean-Pierre RUAUD

Salut les Damiers 💙🤍 !

Ça fait un petit moment que j’ai envie de mettre à l’honneur un membre du groupe « Cœur à Damiers » : Jean-Pierre RUAUD ! Il fut tour à tour Champion de France 1969, entraineur de l’équipe 1ère, manager, et supporter inconditionnel des Damiers… Pour ma part, je l’ai rencontré quand je jouais à l’U.S. Talençaise avec son fils Jean-Luc…

1969, c’était pour lui, le temps des copains ! Les Béglais étaient passés par le Bouclier de Brennus, au nez et à la barbe des Toulousains… Comme le mascaret, il fallait surfer dessus pour s’amuser encore. Des mecs comme TRILLO, CRAMPAGNE, GESTA-LAVIT, MORLAÈS, ou MALTERRE formaient une ligne d’attaque talentueuse et tous sont devenus des internationaux A ou B…

Seul RUAUD détonnait : c’était un ailier plus puncheur que véloce, un attaquant de poids et de percussion, comme on disait à l’époque… Arrivé sur BORDEAUX, il s’intégra dans cette ligne d’attaque alors que l’ombre du regretté Jean-Michel CAPENDÉGUY restait encore prégnante.

Pas de sélection pour lui (sauf en Juniors et en   3ème ligne), mais un palmarès déjà bien fourni. Remis d’une fracture du pied, il devient donc Champion de FRANCE en 1969… Un titre de plus, le cinquième, puisqu’il avait connu cet honneur avec les Juniors du Racing, en 1958 et 1959, et encore l’année suivante avec les « Crabos » du C.A. PÉRIGUEUX. Un dernier titre en « Universitaires » avec le XV de l’École Nationale des Métiers de l’EF/GDF de GURCY, en avril 1965 à TOURS.

En confiance, lors de la saison suivant le titre, il devient le meilleur marqueur du championnat avec 25 essais dont 7 inscrits en un seul match, à CARMAUX, au pays de Jean JAURÈS… Deux records peu communs dont je ne sais s’ils tiennent encore à ce jour…

Peut-être son jumeau de frère l’a-t-il égalé ?

le 06 décembre 2022 – JYB /K’nar 💙🤍

Coeur à Damier : Jacques CRAMPAGNE

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Jacky CRAMPAGNE (1 sélection)

Enfin, le dernier de la classe ! Pour l’ultime poste de ce XV des internationaux béglais, je pouvais vous parler de Marc SALLEFRANQUE (4 sélections), le toréro dacquois, international bien avant son titre de champions de France en 1991 avec le CABBG, ou de Jean-Marc SOUVERBIE, le béarnais qui a marqué un essai lors de son unique sélection…

Mais, je suis certain que Jacky CRAMPAGNE aurait fait l’unanimité dans le cœur des béglais à damiers (1 sélection – carte d’international n° 573).

Jacky CRAMPAGNE savait tout faire ! Ainsi, il a obtenu une solide réputation d’être un « bon arrière ». Bon défenseur, il a toujours rempli sa mission d’ultime rempart. Toujours impeccable et très sûr dessous les ballons montés en « up and under » vicieux ou en « chandelles » des plus sournoises, il captait le ballon comme un don du ciel…. Toujours avec cette élégance naturelle, il apprit à faire le geste juste dans le temps juste, mais aussi à attaquer de la manière la plus généreuse et relancer depuis son en-but… À la fois l’eau et le feu ! Parce qu’un arrière, digne de ce nom, se doit d’avoir un bon jeu au pied, il fut également un buteur et scoreur hors pair. Buteur avec la pointe du pied, il avait une très grande régularité, de près comme à longue portée, qui avait largement contribué aux parcours jusqu’aux deux finales du Championnat de France auxquelles il a participé. Pourtant, il avait failli lors de la finale de 1967 à Bordeaux… Il sut se concentrer, deux ans plus tard, pour ne pas connaître pareille mésaventure et ainsi soulever le Bouclier de Brennus.

Déjà, lors de ses jeunes années, Jacques CRAMPAGNE avait appris à ne pas être le dernier de la classe ! Il était une fois, dans la ville de Foix… En effet, en 1961, il fut le lauréat du concours du jeune joueur, au sein de l’U.S. Fuxéenne. Adulte, il mute au C.A. Béglais, pour ses études au CREPS de Talence : il deviendra prof. d’EPS au lycée agricole de Blanquefort. Est-ce là qu’il a rencontré sa future épouse, elle-même professeur dans le même établissement scolaire ? En tout cas, la belle orthézienne ne resta pas insensible à son élégance.

Il connut également l’honneur de la sélection en Équipe de France, au poste d’ailier, lors d’une tournée en Afrique du Sud, en 1967. Jean TRILLO était également là,  comme novice sous la tunique tricolore. C’était lors du quatrième et dernier test-match (06-06) de la tournée, au Cap. C’était au bout du monde, tout en bas de l’Afrique. C’était aussi la fin d’une époque puisque ce fut le dernier contact au pays des « Springboks », avant leur mise à l’écart de la scène internationale durant de nombreuses années, pour cause d’apartheid. Il fallut toute la diplomatie des Présidents de la fédération sud-africaine et de la F.F.R., respectivement Denis CRAVEN et Albert FERRASSE, pour faire réadmettre ce rugby du bout d’Afrique, dans le monde ovale.

L’arrière traine tout seul au fond du terrain ! Non pas qu’il soit asocial, mais, il faut reconnaître que Jacky CRAMPAGNE aimait s’isoler dans la montagne, à la pêche comme à la chasse : c’était un épicurien de la nature ! Il ne sert à rien à l’homme de gagner la lune s’il vient à perdre la terre (François Mauriac). Amoureux de la nature, je l’image aisément, dans la montagne pyrénéenne, au bord d’un lac ou d’une rivière, du côté de Bagnères ou d’Oloron, à jouir calmement du silence des grands espaces, croiser Milo » CLÉMENTE, et partager avec lui un bon vin et un fromage de brebis au bout de son opinel, en attendant qu’un isard les salue d’un saut agile… Faisans, palombes, perdrix, truites et champignons ont fleuri son tableau de marque, comme il a enquillé drops et pénalités.

Arrivé en 1967, il finit sa carrière en 1976 : vous prenez les mêmes chiffres et vous les inversez… Après sa carrière de joueur, il resta dans le milieu du rugby. Il fut entraineur du C.A. Béglais, avec « Zaza » PÉDEMAY au début des années 1980, pendant trois saisons… Deux amoureux de la nature, au langage différent : l’eau et le feu réunis ! Pédagogue dans l’âme, ses méthodes d’entrainement étaient plus modernes avec des travaux sur les axes de course, et des piquets pour mieux maitriser les courses folles. Il fit également entraineur de l’Équipe de France Universitaire.

Aujourd’hui, il coule des jours heureux dans un coin de la banlieue bordelaise, à l’ombre des perches qu’il a tant de fois transpercées…

JYB /K’nar 💙🤍 (merci à Franck JOANDET et Bernard JUNCA pour leur contribution)

Coeur à Damiers : Jean-Michel CAPENDEGUY

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Jean-Michel CAPENDÉGUY (2 sélections)

Pour le trois-quarts ailier droit, j’avais l’embarras du choix entre trois très rapides ailiers… Le plus notoire fut sans doute Philippe BERNAT-SALLES, l’isard des Pyrénées, avec ses 41 sélections. Le Palois est rentré dans l’histoire pour avoir signé le premier grand chelem… des essais dans le « Tournoi des VI Nations ». Véritable finisseur, il filait comme le vent et fêtait chacun de ses essais avec les doigts écartés en forme du V de la victoire…  Autre ailier rapide, Roger LACAUSSADE (2 sélections en 1948) fut beaucoup moins connu, mais certainement le plus rapide (10’’9 aux 100 m)… C’était le temps où les ailiers n’étaient pas plus gros que les piliers !

Cependant, le destin tragique de Jean-Michel CAPENDÉGUY en a fait une légende à la fois triste et belle (2 sélections – carte d’international n° 342). « Jean-Michel CAPENDÉGUY se tue tout près de Laboueyre » ! Ainsi, titrait le journal « Sud-Ouest », le vendredi 5 janvier 1968, à la veille de l’épiphanie. En ce dernier jour des vacances scolaires, la circulation automobile était dense sur la route nationale 10. Jean-Michel CAPENDÉGUY remontait vers Bègles, pour participer à l’entrainement du jeudi soir. L’autre victime de l’accident, un médecin pessacais, parti au Pays Basque pour un séminaire et roulant en sens inverse, est décédé sur le coup… Pourtant, la route était droite à cet endroit. Le choc aurait été d’une rare violence : les deux voitures se seraient heurtées de plein fouet. Jean-Michel CAPENDÉGUY, grièvement atteint, a été désincarcéré de sa BMW. Il fut orienté vers l’antenne hospitalière de Belin-Beliet. Sans connaissance et les deux jambes fracturées, il fut transféré vers Bordeaux, mais il est décédé dans l’ambulance qui le transportait à l’hôpital Pellegrin. Les gendarmes, découvrant un maillot à damiers et une paire de crampons dans les débris de la voiture accidentée, ainsi qu’une convocation en Équipe de France pour jouer en Écosse, et ne sachant pas si le véhicule avait été dérobé, demandèrent aux entraineurs du C.A. Béglais (Pierrot MARRENS et Jacky JAMEAU) de reconnaitre le corps à la morgue…

Le monde du rugby venait, de nouveau, d’être en deuil. En effet, la veille, on rendait un ultime hommage à Guy BONIFACE dans le petit village de Montfort-en-Chalosse… Le sort semblait s’acharnait sur les attaquants du XV de France. Jean-Michel CAPENDÉGUY, tout comme le montois, esthètes du rugby, sont morts au volant de leur bolide sur les routes des Landes… des James DEAN du rugby ! À l’ombre des géants de la pinède, la série noire continuait dans ces landes si cruelles.

Le début de l’année 1968 venait d’être dramatique pour le rugby français avec la mort de Guy BONIFACE, suivie par celle de l’ailier béglais. « Cela nous a un peu traumatisé, confia Walter SPANGHÉRO, parce qu’on ne perd pas comme ça des joueurs avec qui on pratique le rugby depuis des années et qui sont plus que de simples joueurs, c’étaient des amis, des garçons extrêmement chaleureux ». Ce fut donc en deuil que l’Équipe de France se rendit à Édimbourg, en ouverture du Tournoi 1968. Le 13 janvier 1968, les Tricolores portent un crêpe noir sur le bras gauche, tout près du cœur, en hommage à leurs copains disparus notamment Jean-Michel CAPENDÉGUY qui aurait dû être du voyage à Murrayfield. Le XV de France emportait, sans convaincre, ce qui sera la première levée du Grand Chelem… Cela les a-t-il galvanisés à faire le Grand Chelem ? Nul ne le saura !

Natif de Ciboure, Jean-Michel CAPENDÉGUY fut formé au S.J.J.O, le grand club voisin. Il sentait le jeu. Il appelait toujours le ballon et cherchait sans cesse l’occasion de se lancer à l’assaut. Il avait le rugby dans le sang et, très vite, il devint international junior. Parti faire son service militaire à Toulon, dans la marine, il signa une licence au R.C. Toulon. Les sélectionneurs n’ont pas tardé à repérer cet élégant ailier, souple et rapide, et l’avaient déjà aligné avec « France B » contre l’Allemagne à Hambourg, puis au sein d’une sélection régionale lors de la tournée des Néo-Zélandais, à l’automne 1967. L’essai fut concluant et il connut sa première sélection, lors du test match du 25 novembre, à Colombes. Le XV de France reçu une terrible leçon des « All Blacks » (15-21). Quinze jours plus tard, il connut la dure bataille contre des Roumains, le 10 décembre 1967, qui furent coriaces à vaincre (12-03) dans la boue de Nantes : son superbe plongeon contribua à la victoire française ! Pour ces deux matches, son ami Jean TRILLO était du voyage…

Jean-Michel CAPENDÉGUY débarqua de Toulon où il se morfondait à l’aile des « rouge et noir » qui jouaient plus au rugby à dix qu’à quinze. Profitant d’une mutation de professeur d’éducation physique et sportive au lycée agricole de Blanquefort pour arriver à Bègles dans l’espoir de bénéficier du jeu à la main que proposaient les jeunes béglais… Le sourire revenait chez cet attachant puncheur que ce soit à l’aile ou au centre de la ligne d’attaque béglaise. Le groupe l’avait adopté naturellement et lui s’y était fondu tout aussi facilement. Il venait d’offrir à sa mère ses maillots de l’Équipe de France, en guise de cadeau de Noël et un prochain mariage était envisagé aux beaux jours… … La vie promettait tant !

En route vers l’entrainement dans les projecteurs de Musard, il a suivi le mauvais rebond du rugby… La dame à la faux l’a emporté : il avait à peine 24 ans !

JYB /K’nar 💙🤍 (le 18 septembre 2022)

Coeur à Damiers : Robert GENESTE

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Robert GENESTE (2 sélections)

Pour ce second poste de trois-quarts centre, Pierre DIZABO, le landais de Tyrosse, aurait pu être évoqué (13 sélections), mais quand il arriva à Bègles, en 1960, « Pèpe » avait fini sa carrière internationale qui a connu entre sa onzième et sa douzième sélection, une interruption de dix ans (un record) expliquée par une maladie… Évoquer Robert GENESTE (2 sélections – carte d’international n° 342), c’est évoquer aussi la famille GENESTE, des vrai « cabistes » !  

« Docteur Miracle », un prêtre commença à le surnommer ainsi… Mais, il a vite refusé ce qualificatif, non seulement par humilité, mais aussi par objectivité. Le Dr. GENESTE portait sur le rugby un regard lucide, mais néanmoins amoureux des rebonds de ce ballon pas comme les autres… Le rugby a été le compagnon de toute son existence !

Ce sont ses études de médecine qui l’amenèrent à Bordeaux. Après avoir débuté à Angoulême, il débarque dans la capitale d’Aquitaine pour sa première année de médecine. Comme tout bon étudiant, il s’inscrivit au B.E.C., puis les MOGA et autre CHABAN-DELMAS le ramenèrent au C.A. Béglais… On se souvient de lui comme un trois-quarts centre puncheur, décidé et entreprenant, avec de grosses qualités de défenseur désintégrant. On parle alors de « centre-dynamite ». Sous les couleurs de ces deux derniers clubs, il fut honoré d’une sélection avec le XV de France : la première, en 1945, contre l’ARMY RUGBY UNION (21-9) et la seconde sélection, en 1949, pour une victoire en Argentine (12-03). À chaque fois, il portait le numéro 14 dans le dos, et « Bambi » calait la mêlée avec Robert SORO. 

De son passé de rugbyman, c’est tout naturellement qu’il s’orienta vers la chirurgie traumatologique du sport. Robert GENESTE sortit major du concours d’internat en 1943 et entra dans une carrière chirurgicale[jy1] . Il est ensuite devenu un Professeur émérite et un praticien renommé. D’illustres joueurs internationaux (notamment Pierre ALBALADÉJO, Jean BARTHE, Roger MARTINE, Jacques MONCLA, Jean PRAT ou Marcel PUJET) et d’autres joueurs plus ou moins connus dans d’autres disciplines sportives… Son ancien partenaire, Jacques CHABAN-DELMAS, alors Premier Ministre, lui confia ses deux genoux. De même, il s’est occupé des deux ménisques de mon genou droit, à mes 15 ans ! C’est ainsi que j’ai rencontré le médecin du XV de France, le Dr. Jean PENE, ami de Robert GENESTE. Il m’avait remis un autographe de Jean-Pierre ROMEU pour m’encourager dans ma convalescence…

Avec son épouse Dorcas (infirmière de l’hôpital protestant de Bagatelle), il fonda une famille nombreuse de huit enfants, cinq filles et trois fils, tous influencés par le médical et le rugby : Florence (médecin scolaire), Martine (ophtalmologiste), Michel (kinésithérapeute), Nicole (infirmière), Bernard (dentiste), Maryse (dentiste), Marc (chirurgien) et Catherine (médecin).

Les frères GENESTE (Michel, Bernard, Marc) ont pratiqué le rugby au C.A. Béglais dans les années 1970-1980… Je les ai tous connus ! Les trois frères ont commencé par l’école de rugby et ont gravi les échelons des différentes catégories en étant souvent surclassés pour finir avec « l’équipe-fanion ». On les retrouve sur les photos de l’équipe-fanion, dès 1978… Michel l’aîné, numéro 6, grand et sec, qui a été invité, pour le centenaire du Pays de Galles, par les « Barbarians Britanniques » contre la Nouvelle-Zélande à Bayonne (18-28) avec le short et les chaussettes du C.A. Béglais. Il flirta avec le XV de France en ayant une sélection en « A’ » contre la Russie. Sa carrière s’est terminée sans la reconnaissance du XV de France… une anomalie !  Le deuxième de la trilogie, Bernard, était mi-avant (troisième ligne) ou mi-arrière (trois-quatre centre), comme un trait d’union entre ses deux frères. Champion de France Juniors-Reichel en 1977, sa spécialité tenait dans un placage qui a « dessoudé » plus d’une épaule adverse… Enfin, Marc, fut Champion de France avec le n°15 floqué dans le dos. Il connut quelques sélections en Équipe de France scolaires et universitaires…

Les trois garçons sont en fait une synthèse du père : l’ainé fut invité des « Barbarians » comme Robert fut sélectionné contre l’ARMY RUGBY UNION en 1945 ; Bernard fut un solide trois-quatre centre et redoutable défenseur comme son père ; et Marc, également chirurgien spécialisé dans la traumatologie, fut pareillement sacré Champion de France… Clin d’œil du destin, une de ses filles, Maryse, est sortie du lot et s’est marié avec un médecin-rugbyman de… Bègles !

JYB /K’nar 💙🤍 (le 15 septembre 2022)


Coeur à Damiers : Jean TRILLO

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Jean TRILLO (29 sélections)

À ce poste de trois-quarts centre, le plus célèbre des Béglais fut incontestablement Jean TRILLO (29 sélections – carte d’international n° 571). Certes, Richard DOURTHE a comptabilisé 31 sélections, mais elles avaient été obtenues avant même son arrivée dans l’effectif du CABBG (2002-2003)…

Ce numéro treize, il a bercé toute mon enfance à tel point d’en rêver et de vouloir porter ce chiffre dans le dos… Il est encore dans toutes les mémoires des amoureux du rugby et du « French Flair ». Je revois encore ce n°13 à damiers chiper le ballon sous le nez de Jean-Louis BÉROT lors de la finale de 1969 ! Alors qu’il porte, par superstition, le numéro 13 en club (à Condom comme à Bègles), sous le maillot frappé du Coq, c’est le numéro 12 qui lui est affecté… Par la suite, par amitié pour son copain Jo MASO, il délaissa le n°12 pour récupérer son numéro fétiche et l’incite à le conserver… par superstition !.

Formé à l’école du S.A. CONDOM (dont son père était le Vice-Président), Jean TRILLO monte à Bordeaux pour y faire ses études de professorat d’éducation physique et sportive au CREPS de Talence. Pierrot MARRENS qui œuvre dans le coin, le prend sous son aile et lui tient des conversations rugbystiques « décortiquées », telles que Jeannot les aime… Il signa alors au C.A. Béglais et fit son service à la B.A. 106 de Mérignac, grâce aux frères MOGA. En trois ans, il joue deux finales du Championnat de France et il intègre le XV de France tout de suite après la première, en 1967, avec son compère Jacky CRAMPAGNE, aux confins du monde, en Afrique du Sud (cf. infra.)… Première sélection et premier essai avec la victoire en prime !

Longtemps, il est resté le plus « capé » de nos Béglais ! « Et encore, j’en ai refusé quelque unes, parce qu’il n’y avait pas mon copain (ndlr : Jo MASO) » m’avait confié l’intéressé… 29 sélections au compteur dont une en tant que Capitaine du XV de France, en Afrique du Sud… Parti comme Vice-Capitaine, il honora son unique capitanat par un essai sur le terrain pelé de Bloemfontein. Au final, il totalisera six essais à son actif ! Il fit partie de l’aventure du premier « Grand Chelem » français en 1968, notamment lors des premières rencontres contre l’Écosse, puis l’Irlande…

Gascon de naissance, il devient le « D’ARTAGNAN » de l’attaque française, virtuose de l’offensive, orfèvre de l’attaque, mais aussi redoutable défenseur. Antoine BLONDIN avait ce mot délicieux à ce sujet : « TRILLO plaquait pour trois… Normal, sinon il ne se serait pas appelé trio ! ». Six ans durant, il fut associé à son copain, Jo MASO… Pas toujours, mais souvent ! Le « French Flair » s’installe entre eux deux. Jo MASO et Jean TRILLO ont eu cette envie intime d’avoir un frère, comme les BONIFACE. Jo MASO disait de son association avec Jean TRILLO : « quand Jeannot partait, la passe partait : avec lui, j’avais trouvé un partenaire idéal »… Jo l’esthète avec son frère de cœur, Jeannot, ouvert aux idées nouvelles et sensible au beau jeu. Plus que de fraternité, on parlait d’affinités qui ne se concrétisaient que lors des retrouvailles en Équipe de France, parce que les attaques étaient toujours belles et réussies. Passionné, cérébral, consciencieux et obsédé de détails, il est devenu, petit à petit, un maitre du beau jeu, mêlant esprit et panache… Encore des ambassadeurs du « French Flair » ! Les paires MASO-TRILLO et DOURTHE-LUX ont longtemps été opposée dans les journaux… Jean-Pierre LUX formait une paire redoutable avec Claude DOURTHE au sein de l’U.S. DAX. Comme quelques autres Dacquois, ils avaient bénéficié d’une certaine filière pour intégrer l’école dentaire de BORDEAUX. Jean TRILLO les a souvent affrontés en « Universitaires ». DOURTHE, LUX, MASO et TRILLO ont été réunis sous le maillot tricolore pour une victoire, en juin 1972, aux confins du monde, à Brisbane en AUSTRALIE contre les « Wallabies » (14-15) : l’expérience ne fut plus renouvelée… Parce qu’il fut décrié par les « Gros Pardessus » de la F.F.R. (décrété « trop beau … avec des allures de pédé avec son short étroit et ses cheveux longs » selon Guy BASQUET) Jo MASO fut écarté au profit de Claude DOURTHE, plus réaliste. Aussi, faute d’être associé à son pote de l’attaque, Jean TRILLO disparut des tablettes des sélectionneurs après une défaite en 1973 en ANGLETERRE, dans le « Temple » du rugby. Néanmoins, ce prince de l’attaque eut le plaisir de jouer son dernier match au Parc des… Princes !

Côté club, il accepta d’être joueur-entraineur : ce fut un échec ! L’idée lui traversa l’esprit de rejoindre son ami Jo MASO à NARBONNE… Finalement, il partit simplement faire une escapade mérignacaise, au S.A.M, qui venait d’accéder à l’élite du rugby français. Cette mutation dans l’autre banlieue bordelaise fut source de nombreuses polémiques, voire « médisances ». Inséparables sur le terrain international, Jo et Jeannot sont restés liés étroitement dans la vie. Jo MASO venait à peine de refuser d’être co-entraîneur de l’Équipe de FRANCE que Jeannot accepta. Peut-être en voulant « tordre le cou » au reproche qu’on lui faisait de ne pas s’être imposé comme un leader au sein du XV de France, il revient proposer ses idées du beau jeu, en tant que co-entraineur avec Daniel DUBROCA en 1991, en pleine crise fédérale. A l’époque, on sort de l’ère du « P’tit Caporal », Jacques FOUROUX, et l’Équipe de France n’a plus de titres depuis 5 ans, malgré des talents indéniables… Perfectionniste dans l’âme, à la recherche du mieux rugbystique, il communique sa foi à la jeune génération des CAMBÉRABÉRO, LAFOND, SELLA, MESNEL, LAGISQUET ou BLANCO… Ce souci de réflexion, Jean TRILLO le cultive depuis toujours, une sorte d’inquiétude permanente sur l’évolution du rugby, sur les secrets de l’attaque, sur les hommes et le jeu qu’ils proposent. Il privilégie une harmonie et dose ses mots, choisit des termes a priori énigmatiques, voire impénétrables, sauf pour les « Seigneurs » de l’attaque. Le discours est salutaire et les joueurs s’y sont complus dans un excellent état d’esprit… Le « Grand Chelem » était au bout de l’aventure, à TWICKENHAM, pour le centenaire du « Temple ». On sait le sort qui fut réservé à BLANCO, par les Anglais, pour sa dernière dans le Tournoi. Les Anglais ont tiré les premiers et remporté le « Grand Chelem » ; les Français ont eu l’honneur et le panache en consolation avec un essai de légende : le « Try of the Century ». Le philosophe du rugby avait trouvé ses disciples ! Sous l’ère TRILLO/DUBROCA, les Français finissent meilleurs marqueurs du « Tournoi » avec 11 réalisations pour n’en encaisser que deux, devançant toutes les autres nations y compris les « Chelmar d’Anglais ». Jean TRILLO, en compagnie de Daniel DUBROCA, mena les bleus jusqu’en 1/4 de finale de la coupe du monde 1991, malgré une ambiancé délétère dans la coulisse…

Certainement pour rendre modestement au club ce qu’il lui avait apporté, il s’occupa, à différents niveaux, des équipes du club pour partager notamment sa joie de jouer. C’est ainsi que j’ai eu le plaisir de le voir s’occuper des Minimes de l’école de rugby du C.A.B… Jean TRILLO fut mon premier entraineur à l’école de rugby de C.A. Béglais, avec un autre célèbre international du club, Christian SWIERCZINSKI, plus connu sous le patronyme de « Tarzan ». Une paire d’internationaux pour occuper mes mercredi après-midi… Le rugby devenait désormais pour moi une formidable récréation : je devrais un jour lui rendre, moi aussi et plus modestement, ce qu’il venait de m’offrir. À l’aube de la saison 1984-1985, à l’appel du « Grand » MOGA, il revient au C.A. Béglais (devenu entre-temps C.A.B.B.) auquel il resta profondément attaché.

Perpétuel anxieux, éternel insatisfait, pour lui ce qui est trop simple n’a pas d’attrait ! Ses messages n’ont pas été toujours bien compris… Bref, sa carrière d’entraineur ne lui valut pas que des satisfactions. Néanmoins, il méritait l’honneur de la Nation et on pouvait lui donner la Légion d’Honneur qu’il reçut, un soir de 2014, des mains d’André BONIFACE, celui-là même à qui il voulait tant ressembler… Seul Jo MASO manquait à la fête !

Ses deux fils pratiquèrent également le rugby sans pâtir d’être les « fils de… ». Eux aussi revêtir le maillot à damiers et le petit dernier, François, connu comme son père la joie d’être Champion de France en 1991… Aujourd’hui, il est à la tête d’une association floiracaise, « Sport & Emploi », visant à faciliter l’intégration des provinciaux débarquant dans une mégapole, comme lui le fut en arrivant de CONDOM : peut-être son plus bel essai ! Le S.A. CONDOM lui rendit hommage en dénommant son stade, Jean TRILLO pour le replacer dans la ligne d’attaque.

JYB /K’nar 💙🤍 (le 09 septembre 2022)

Coeur à Damiers : Jacques CHABAN-DELMAS

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Jacques CHABAN-DELMAS (1 sélection)

À ce poste d’ailier gauche, j’aurais pu vous parler de Patrice LAGISQUET, le félin du Bassin, ou de William TECHOUEYRES, la fine lame d’Arguin. Mais le premier eut une belle carrière internationale (46 capes) qu’après deux saisons à Bègles (dont une en Juniors), et le second ne revêtit la tunique tricolore (3 sélections), qu’une fois migré au SBUC, pendant le tournoi 1994 puis durant la Coupe du Monde 1995, en Afrique du Sud, où il joua les coiffeurs… L’histoire de CHABAN (carte d’international n°355) est un peu celle de l’évolution du C.A. Béglais…  

En 1944, il est, à 29 ans, le plus jeune général de l’armée française depuis le Premier Empire. Doté de talents multiples, Jacques CHABAN-DELMAS fut un rugbyman fin et intelligent. Il se vantait de courir les cent mètres en onze secondes. On disait qu’il savait se défaire du ballon avant d’être plaqué. Il affectionnait le coup de pied de recentrage (ndlr : déjà !), très utilisé en ces temps héroïques. À ses débuts, il portait régulièrement le béret, très à la mode… Hélas, il n’y a pas de photo de cette époque !

Le célèbre trois-quarts aile du C.A.S.G, puis du C.A. Béglais, honora sa seule et unique sélection, à Richemond (sur le pré du futur Twickenham) en 1945 contre l’équipe de l’Empire Britannique (06-27). C’était le premier déplacement du XV de France après la Libération. Les Bayonnais André ALVAREZ (le père d’Aline et Peyo) et Jean DAUGER, Jean PRAT (« Mr. Rugby ») et Robert SORO (« le Lion de Swansea ») accompagnaient le « Général » en Angleterre. Bien évidemment, Bambi MOGA et son frère André étaient de la partie… Des célèbres dirigeants étaient également du voyage : Adolphe JAURÉGUY et René CRABOS. Bien évidemment, Bambi MOGA et son frère André étaient de la partie…

On connaît la grande amitié qui le lia à la famille MOGA, ses frères des Capucins, notamment pendant l’Occupation et au sein de la Résistance. On le sait aujourd’hui, il continua à jouer au C.A. Béglais en étant déjà député-maire de Bordeaux. À cette époque, le C.A. Béglais pouvait se targuer d’avoir deux ailiers qui couraient les cent mètres en onze secondes : CHABAN et LACAUSSADE. Les autres compères de rugby étaient les frères MOGA, bien sûr, mais aussi HÉRICE, MARRENS, et autre GENESTE… Même s’il a participé à l’épopée menant au premier titre national de son club en 1949, il s’est délibérément retiré du parcours final qui se déroulait à… Bordeaux. Bouquet final, c’est Chaban qui remet le trophée à son copain, « Pierrot » MARRENS.

Il restera toujours fidèle à cette fraternité de vestiaires, toujours fidèle à ses racines à damiers. Il accompagnera le « Grand » dans sa volonté de faire grandir le club, dans l’évolution de son acronyme (CAB – CABB – CABBG)… Décédé en novembre 2000, CHABAN ne connaitra pas le passage vers l’UBB et les exploits de son équipe dans le stade Lescure qui porte désormais son nom.

On prétend qu’il adorait les coups de pied de recentrage, caractéristique que l’on retrouva tout au long de sa carrière politique… Cela étant, il a délaissé petit à petit le rugby pour se consacrer au tennis, puis au golf : plus « smart » ! Il opta pour un parcours politique tant à Bordeaux qu’à Paris. Toujours fringant, il montait quatre à quatre les marches de Matignon, pour finir au perchoir de l’Assemblée Nationale. La politique politicienne a tué ses ambitions de sa « nouvelle société », jugée trop à … gauche : le comble pour un ailier gauche !

JYB /K’nar 💙🤍 (le 02 septembre 2022)

Coeur à Damiers : Joseph SOURGENS

Salut les Damiers 💙🤍 !

Saga des internationaux du CAB : Joseph SOURGENS (1 sélection)

Au poste de demi d’ouverture du C.A. Béglais, il n’y a pas beaucoup de candidats internationaux… Je vous ai déjà parlé de Pierre PÉDEUTOUR (1 sélection), le camarade d’Oloron de « Milo » CLÉMENTE ; « Coco » DELAGE a connu ses heures de gloire (2 sélections) au sein du XV de France, bien avant son arrivée à Bègles ; « Pierrot » MARRENS ne jouera jamais contre les Gallois, en 1945, faute à une cheville récalcitrante. Aussi, je vous parlerai de Joseph SOURGENS car il a été le premier international du C.A.B (carte d’international n°210)…

Comme beaucoup de gens de sa génération son prénom usuel n’est pas celui de son état civil (Pierre, Dominique). Personnellement, mon grand-père qu’on appelait tous les jours « Roger » était recensé en mairie sous le prénom de « Jean »… Joseph SOURGENS était originaire d’Ychoux dans les Landes… Comme beaucoup d’autres à cette époque, il se fait remarquer grâce à l’athlétisme : champion régional du 400 m., en 1923.

Il joua au C.A. Béglais de 1922 à 1937. Talentueux demi d’ouverture, il possédait un drop et des crochets redoutables… Il fut considéré comme le « Monsieur Drop » du C.A.B. qui devait souvent son salut à sa botte. À tel point que cela crée une petite polémique dans la presse sportive ou locale : « on ne trouve pas un bon demi ? », titre le journal avec une caricature du joueur avec son béret vissé sur la tête. Le journaliste poursuit son article en vers et en alexandrin : « On cherche paraît-il un rare et bel oiseau / Or, puisque de l’avoir, le C.A.B. a cette chance / Qu’on le mette une fois dans l’Équipe de France / Et après, nous verrons s’il n’y a pas de nouveau ! »

C’est ainsi que SOURGENS connût son unique sélection, le 26 décembre 1926… On ne parlait pourtant pas encore de « Boxing Day » ! Ce jour-là, la France joue, à Colombes, le seul test de la tournée des « Maoris de Nouvelle-Zélande », joué dans l’Hexagone. Ceux-ci font une tournée mondiale de sept mois en 1926–27 en Australie, à Ceylan, au Pays de Galles, au Canada et en France, disputant 38 rencontres, au total. Les « Maoris » remportent vingt-neuf matches, en perdent sept et ne concèdent que deux matches nuls. En tout, ils marquent 712 points et n’en encaissent que 215. C’est la dernière rencontre entre les joueurs de Nouvelle-Zélande et la France pour près de trois décennies. La France perd (03-12) !

Joseph SOURGENS, longtemps espéré sous le maillot tricolore, fut entouré notamment d’Adolphe JAURÉGUY, ailier de grand talent du Stade Français et de l’Équipe de France, entre les deux guerres. Comme Joseph SOURGENS, son style délié, son élégance naturelle et ses crochets déroutants en firent certainement un génie du rugby, un improvisateur du « French Flair » avant l’heure. Comme Joseph SOURGENS, JAURÉGUY jouait avec son béret de joueur, en adéquation avec leurs origines gasconnes. Comme Joseph SOURGENS, Adolphe JAURÉGUY n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû mériter…  Peut-être, à cause de son prénom !

À la suite de sa carrière de joueur, Joseph SOURGENS devint arbitre fédéral. Alors que les Béglais s’apprêtaient à gagner leur premier « Coupe de France » (11 juin 1949), Joseph SOURGENS arbitra préalablement (15 mai) la finale du Championnat de France de 1949, entre Castres et Mont-de-Marsan, à Toulouse. Il avait endossé son blazer d’arbitre et saisi son sifflet en bois. À 15 heures tapantes, il est tombé un terrible abat d’eau sur la « Ville Rose », à tel point que le stade se vida de près de la moitié de ses spectateurs. Chacune des deux équipes marquèrent un essai dans les vingt premières minutes, tant que le terrain fut praticable… Très vite, le terrain fut parsemé d’immenses flaques d’eau supprimant au ballon tout rebond. Ensuite, ce ne fut que pluie diluvienne et terrain rizière aboutissant à un mélange de rugby et de water-polo : glissades et autres dribblings dans les flaques d’eau ou à défaut dans une infâme bouillasse… Le score final, après prolongations, resta de 3 à 3. Le match fut rejoué huit jours plus tard, toujours à Toulouse, sous un beau soleil, mais sans Joseph SOURGENS… Castres remporta alors son premier « Bouclier de Brennus » !

Au niveau professionnel, il devient torréfacteur : tout un art ! L’histoire ne dit pas s’il aurait pu, mon vieux Joseph, faire des petits avec Marie et  leur apprendre son métier… ou leur apprendre le rugby.

Clin d’œil du destin, sa descendance Olivier SOURGENS (alors pilier de Bourgoin-Jallieu, après avoir été formé à Bègles de 1993 à 2000) joua, également lors de son unique sélection, lui aussi contre les Néo-Zélandais… C’était le 9 juin 2007, alors que les internationaux du Stade Toulousain, de l’A.S.M., du B.O. et du Stade Français disputaient les demi-finales du « Top 14 » avec leurs clubs respectifs.

Parfois je pense à toi, mon vieux Joseph !

JYB /K’nar 💙🤍 (le 27 août 2022)